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Clark – Fantasm Planes (2012 / Warp)

Retrouver l’anglais Clark sur le label Warp est logique. Il s’agit là d’un lieu de choix pour une musique électro présentée comme la plus pointue. C’est pourtant méconnaître le champ d’un tel domaine. Warp est un label plus intelligent et commercial que profondément innovant et expérimental. Sur ce label l’électro reste « main-street ». Cela n’enlève rien à sa qualité, mais qu’on ne nous fasse pas prendre des vessies pour des lanternes.

Fidèle à ce qu’on connaît de lui, Clark maîtrise parfaitement une électro ambitieuse et pluriculturelle. Néanmoins, son travail se situe dans la grande lignée des adeptes des musiques  envoûtantes et aériennes, Brian Eno en tête. Comme lui, Clark « sample » des mélodies lunaires, dansantes, très calibrées. Il prouve toujours une maîtrise des sciences sonores plânantes capables de déboucher autant sur du Hip-hop que de la pur « ambient ».

Clark sait partir dans tous les sens à la manière d’un surdoué. Il a parfois trop tendance à faire sentir sa virtuosité voire une presque esbroufe. A ce titre, Fantasm Planes est moins réussi que son précédent, Iradelphic, plus minimaliste et sincère. Néanmoins, le compositeur reste une référence de la musique « ambient ». Moins édulcorés et sombres que dans les catalepsies du déjà cité Eno, les sons osent parfois la salissure. Ils prennent à rebrousse poil un certain lissé électro Mêlant rythme massif et mélodie cristalline, Clark sait détruire les lignes trop continues. Chaque pièce peut basculer là où on ne l’attend pas. Et à ce titre l’album reste intéressant même si parfois certaines plages ils peuvent agacer.

Partant le plus souvent d’un segment simple et épuré l’artiste développe des trames mélodiques qui se déploient progressivement dans le délire de synthés psychés. Parfois cela tourne à la confiture sonore voire à un certain naufrage. Néanmoins, il faut se laisser porter entre la calme et le bruitisme, la mélodie et un certain chaos sonore. Les instruments acoustiques concassés s’y battent parfois les uns contre les autres avant que tout retourne au calme à coup de litanies imprévues quasi religieuses. Mais l’angélisme a ses limites. Clark les abrège. On ne s’en plaint pas. Quelques boucles des digressions intempestives reprennent le pas dans ce qui tient d’un bric-à-brac sonore. Bref il y a là toujours autant à boire qu’à manger. A chacun d’y faire son marché, ses exaspérations et ses choux gras en fonction de ses chakras.



  1. Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?