Igorrr – Hallelujah (2012 / Ad Noiseam)

Igorrr, ou Gautier Serre, fait dans le « baroquecore » : du baroque mêlé de breakcore, donc. Dans les faits, Venetian Snares qui sodomise Bach sur fond de black ou death metal plus ou moins grotesque, sous la houlette de Fantômas ; mais leurs potes jazz, lounge, flamenco et compagnie se joignent également à la partouze musicale (avec aussi d’inoubliables poules balkaniques, pour la forme)… Igorrr, c’est un projet complètement taré, qui part dans tous les sens, et place sa musique, d’une complexité rare, sous le sceau d’un humour rafraîchissant.

Hallelujah, sorti le jour de l’apocalypse sur le label Ad Noiseam, est ainsi un concentré de dinguerie joyeuse et roborative, que vos voisins vont de toute évidence adorer. Si le « Tout Petit Moineau » qui inaugure l’album reste encore relativement sérieux (et peut laisser, à la première écoute, un brin sceptique ; à la première écoute seulement, on est ensuite indéniablement conquis), l’excellent « Damaged Wig » au clavecin rieur et l’hilarant « Absolute Psalm » changent bien vite la donne, pour notre plus grand plaisir. Emporté par un déluge de méchantes guitares et de breaks improbables, l’auditeur, partagé entre sourire et admiration, se laisse très vite persuader qu’il tient là quelque chose de rare, d’exceptionnel même, pour ne pas dire unique en son genre.

Mais pourquoi pas, après tout ? Qu’est-ce qui pourrait bien ressembler à Igorrr ? Les références citées plus haut sont une tentative un brin pathétique de définir l’indéfinissable. Non, Igorrr ne ressemble à rien. Et c’est pour ça qu’on l’aime.

Mais Hallelujah, en dépit des apparences, ne saurait être réduit à un collage dada de sons imprévisibles, assemblés en dépit du bon sens par un démiurge aux neurones cramés. L’album, dans sa diversité, a une réelle cohérence, et il y a bien une composition derrière tout ça ; complexe, folle, mais indéniable et remarquable.

Dès lors, on pourrait craindre un autre écueil, typique de l’avant-garde : la prétention. Mais non. Parce qu’Igorrr se moque de tout : des usages quels qu’ils soient, de la religion comme du blasphème, du baroque, du breakcore et du metal, de l’auditeur et de lui-même. C’est en ne se prenant pas au sérieux qu’il achève de séduire et de convaincre, paradoxalement, de l’intelligence de sa musique.

Aussi, bien loin de supplier Igorrr d’arrêter ses bêtises comme l’invité de « Toothpaste », on en redemandera, encorrre et encorrre.

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1 Commentaire le Igorrr – Hallelujah (2012 / Ad Noiseam)

  1. Bon, on va écouter ça… mais si Bach ne se fait pas sodomiser, vous me le remboursez ?

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