Chris Carter et Cosey Fanni Tutti sont issus d’un des collectifs radicaux de la pop électronique : Throbbing Gristle. Son leader en était Genesis P-Orridge au demeurant époux bientôt fort marri car “trompé” par Cosey avec un autre membre du groupe et génie de l’électronique avec lequel elle file encore le parfait amour.

Près de 30 ans après la dissolution du groupe puis de Coum Transmission, le couple recomposé tient. Il a même entamé sous le nom de Carter Tutti Void un nouveau virage. Dès le milieu des années 80, installé dans un village du Norfolk, le duo issu de la scène industrielle développa une électronica sèche et insidieuse. Longtemps réservés aux fans gothiques et indus, les six premiers albums de Chris et Cosey ont été réédités. On y réécoute une new wave subtile, ambiguë et qui ne se contente pas d’un parfait nihilisme.

Quant à Transverse il est magnifié par la voix étrange de Cosey capable de transformer les données habituelles d’Eros et de Thanatos. Pionnier méconnu de l’électronique anglaise Carter souligne la voix de sa comparse de nappes répétitives noueuses. Elles balancent entre désespoir, violence et excitation.

Comme le couple, l’œuvre résiste à tout et en particulier au temps. Sans doute parce qu’entre la vie du duo et sa création électro, il n’existe pas de frontière. Habités par la musique qui oscille entre la drone, la techno et la noisy, les deux créateurs refusent toujours de filer à l’anglaise et osent une fois de plus l’expérimentation.