ERDH – Resilient (2013 – Season of Mist/Altered End)

L’underground est souvent encombré d’imposteurs à l’esprit troublé par l’ivresse des profondeurs. Ils s’empêtrent dans des méandres sans fins et finissent par perdre la tête. Mais c’est plein de clairvoyance que le duo Erdh livre son premier album. Nicolas et Emmanuel œuvrent respectivement dans divers projets, de haut niveau pour la plupart. C’est presque naturellement que Resilient tutoie le firmament. Pourtant, il semble que la voûte céleste soit masquée ce soir. Une brume tenace plane sur la ville, c’est à peine si on distingue la moindre trace de vie. On se laisse guider, plein d’angoisse, dans un labyrinthe expérimental aux structures alambiquées. Un sentiment d’oppression persiste – le son est lourd et nous écrase, comme si tout le poids du ciel se matérialisait sur nos épaules. Resilient, c’est avant tout une histoire d’atmosphère et d’ambiance. Les enceintes distillent des sonorités métalliques agressives avec des accents electros tout en rondeur. Proche de Tool par moment, jamais très loin de Type O Negative, les références se côtoient dans cet univers parallèle en mutation permanente. Le mur de son initié par « Science affliction » se poursuit sur « Pink circuit ». Le spectre sonore est large et laisse entrevoir beaucoup de choses, sans trop vouloir en dévoiler. Le chant d’Emmanuel qui œuvre ici dans un registre caverneux, hypnotise et captive. En fait, on pourrait presque être asphyxié par autant d’oppression. La longueur des morceaux n’y est probablement pas étrangère. Seules certaines touches surprenantes dans les samples feraient presque oublier qu’il n’y a pas d’air dans l’espace. Un passage de Hip Hop par ci, des violons par là, c’est suffisant pour reprendre ses esprits quelques minutes. La chanson « Resilient » fait office de clef de voûte, on commence à voir des étoiles naître dans ce ciel de plomb. « Sinking » confirme cette impression ; on distingue une lueur d’espoir, le chant se fait plus pop. L’expérience est plus directe, avec une rythmique assez catchy, le temps de la rédemption.

À force d’écouter l’abîme, c’est l’abîme qui nous écoute – perdu dans cette apocalypse sonore, on se sent petit, désarmé par les ténèbres. Cet album déborde de sincérité, un armageddon intime, qui s’apprécie sur la longueur. Les sept morceaux forment un ensemble parfait, véritable spirale de Fibonacci auditive. L’ensemble est servi par une production parfaitement maîtrisée qui permet de découvrir de nouvelles choses à chaque écoute. Un spleen définitivement cosmique.

  1. Science Afflication
  2. Pink Circuit
  3. 3. Oxidized
  4. [O.D.]dity in Neverland
  5. Resilient
  6. Codex Atrox
  7. Sinking

Site web : http://erdh.net/

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