Sonar – Black Light (2015 – Cuneiform Records)

Sonar crée – dans un rock expérimental à la fois charpenté et ailé – une filiation des songes. Tout un système de répétitions à caractère a priori minimaliste fait basculer le poids souvent inhérent au rock progressif. Il perdure ici les amphigourismes que le genre génère très souvent (même chez les précurseurs comme King Crimson que Stephan Thelen cite comme une de ses références au côté de Steve Reich).

Sophistiqué, riche en structures rythmiques mathématiques mais aussi en sensations, une étendue progresse dans chaque morceau vers un apaisement final (encore plus net dans « Critical Mass » dernier titre de l’album).

La réussite de cet album tient à l’intimité et la complicité entre les membres du quatuor basique rock. A la faveur de recoupements, courbes, arêtes, ravins et promontoires, Black Light ne se limite jamais à des effets de surface. Sur les vagues presque fixes de la basse germent des ramifications proliférantes, des emmêlements et des convergences là où tout peut toujours se détruire pour être repris et recomposé mais selon une gemme différentes.

Les quatre Suisses ne croient pas à la spontanéité du geste. Ils travaillent beaucoup et détruisent ce qui pourrait devenir pour eux la facilité. L’imaginaire musical et la technique instrumentale éludent l’effet. Les structures de chaque morceau témoignent autant d’une sophistication que d’une métrique qui jouent toujours entre la fragilité et la force. Des masses sonores flottent sous ce qui les recouvre et parfois les soulèvent. Entre timing précis et errance, Black Light est gothique, minimaliste et progressif juste ce qu’il faut. Simple et complexe, son énergie ne se gaspille jamais. Il est vrai qu’au dégingandé les Sonar préfèrent – avec raison – la retenue.

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A propos JPGP
Honorable poète, fin critique et mélomane terrible.

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