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Murmuüre – Murmuüre (2010 / Paradigms Recordings)

La beauté est structurée de néant. Ce n’est que du chaos que l’on met en ordre. C’est un détail, embusqué dans un autre et ainsi de suite. Murmuüre c’est précisément ça. Du néant. Du Bruit. Qui se construit, s’assemble dans une parfaite alchimie. Une transformation de plomb en or. Sauf qu’en l’espèce, la matière brute c’est une guitare. Une heure d’improvisation, travaillée pendant 3 ans par l’acharné qui est derrière ce projet. Un Français en plus. Souffrez, je vous guide.

L’album commence à peine qu’un détail frappe derrière la nuque. Violemment. Pris de folie derrière mes enceintes, je hurle alors : « Salò ! ». Non, non pas de faute d’orthographe. Sur “Primo Vere” on entend bien un extrait de Carmina Burana. Exactement celui présent dans Salò ou les 120 Journées de Sodome. Le ton est donné. Et, comme on s’en doutait, il est très acide. Les guitares grésillent, accompagnées de sons électroniques hétéroclites, le processus de construction se fait petit à petit. “Reincarnate” en est un bel exemple avec ses boucles folles, c’est la grande ruée mélodique, tournoyante, foutrement enivrante. Les touches de synthés donnent un aspect particulièrement grisant à l’ensemble. L’album nous promène sur un drôle d’air. Une ballade presque. Dans laquelle se mêlent toutes espèces de choses, ça se tamponne un peu, puis ça se met en ordre, toujours. “L’Adieu Au Soleil” est pour moi le point d’orgue, la clef de voûte de tout cet ensemble. Les kicks de batteries, les hurlements déchirés, noyés dans la matière en fusion. On est emporté dans la joyeuse danse macabre, mais déjà les cloches sonnent la fin du morceau ; hum, qui a parlé des cloches de l’enfer ?

Ce qui suinte de l’album c’est l’expérimentation. Genre Unité 731 aux grandes heures. Les mouches volent, le cadavre gesticule et se démène, ça sent fort tout le long. On prend un plaisir vraiment lugubre à se balader dans cette atmosphère un rien poisseuse. Une totale glauquerie accompagnée de sons électroniques tout ronds qui coulent lentement. Un paysage de laboratoire crasseux se dessine alors dans la tête. Quoi de plus normal au fonds pour un projet aussi atypique ? En cherchant bien on trouve d’autres groupes qui donnent dans un style similaire, Necro Deathmort par exemple. Mais il n’y a pas cette organicité, cette touche caractéristique qui confère à Murmuüre la capacité de faire naître les étoiles dans un ciel de plomb. De la même façon que Coil, dont on ressent l’influence sur la façon de traiter les ambiances.

Pour moi qui aime les sons larges où il y a beaucoup à écouter, beaucoup à découvrir, je suis conquis. À chaque nouvelle écoute un détail saute au visage, pas de son cheesy bien lisse, bref du champagne pour les oreilles. Et comme le bon champagne, l’album se fait rare. Sold out pour ce qui est des versions physiques, il faut se rabattre sur la version numérique. Il ne faut pas non plus espérer un second opus, la recette de ces 30 minutes de voyage reste donc bien jalousement conservée par son propriétaire.

  1. Primo Vere
  2. Reincarnate
  3. Torch Bearer
  4. Amethyst
  5. L’Adieu au Soleil
  6. Disincarnate

Site web : http://murmuure.org/index2.html

Bandcamp : http://murmuure.bandcamp.com/



  1. Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?