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Neurosis – Honor Found in Decay (2012 – Neurot Recordings/Differ-Ant)

Qu’on se rassure : après de 30 ans d’existence et 10 albums, Neurosis avec Honor Found in Decay frappe fort. L’opus pousse sa foudre encore plus loin que dans le précédent Giving To the Rising (2007). Après chaque moment de calme les titres montent en intensité jusqu’au paroxysme afin que le rock metal fasse surgir des sons abyssaux. La voix des deux chanteurs semble surgir des profondeurs des entrailles du corps et le son des guitares de gouffres reculés. Dans des titres tels que “At the well” ou “My Heart for Delivrance” se perçoit combien la passion est toujours présente chez ceux qui partant et parlant de la catastrophe continuent leur marche parfois morbide et forcée afin que l’être s’en tire.

Il y a là une plénitude du son qui ouvre à des lieux ou des états de visions à la limite de l’ombre et de la lumière. Neurosis reste une machine plus que jamais capable d’inventer un théâtre chimique et alchimique. Le son n’est pas séparé de l’action. Le trouble créé casse parfois les mélodies pour atteindre des sensations qui fourmillent dans une sorte de volcan. Le groupe d’Oakland trouve les sons abyssaux capables de suggérer les tumultes intérieurs des êtres si bien que le rock metal réussit à toucher à l’intangible par des harmoniques qui à la fois creusent, arrachent et transcendent les abysses.

Ce post hardcore n’a donc rien perdu des aventures passées d’un groupe qui n’hésite pas à prendre au besoin des diagonales imprévues. Les guitares saturées proposent des dérives, des élargissements comme des étranglements. L’auditeur déambule dans le trouble et se retrouve à l’origine du son metal « pur ». Un crime peut se fomenter derrière chaque imprécation. Et tout bouge jusqu’au bout de couloirs labyrinthiques. Il y à la des spires de circuits, des cortèges de cymbales. Mais sous l’aspect dark progresse un allegro particulier. L’oreille s’y enfonce, le monde y rentre dans un exercice perpétuel. Il offre la possibilité de désapprendre les gammes du metal « classique ». Il fait descendre dans un univers crépusculaire où l’esprit est poussé là où quelque chose se détruit mais où la musique, d’un titre à l’autre, renaît de ses cendres. On l’aura compris : Honor Found in Decay est un grand album.



  1. Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?