Wintersun- Time 1 (2012/ Nuclear Blast)

Voici sans doute l’album le plus attendu de l’année 2006. Et 2007. Et des cinq années suivantes.  8 ans après un album éponyme prometteur,  Wintersun dévoile enfin son deuxième album, ou du moins une partie, Time I, s’attirant l’écoute très précise (et, le cas échéant, critique) d’oreilles excitées par une patience excessivement mise à l’épreuve. Jari Mäenpää et sa bande sont prévenus : on n’a pas attendu 8 ans pour être déçu.

Rarement l’émotion qui accompagne traditionnellement la première rencontre entre un cd et la chaîne qui le laissera s’exprimer n’aura été aussi intense qu’à l’arrivée de ce Time I. Enfin l’arlésienne, enfin Godot est arrivé ! Enfin ses premières notes ! Et quelles notes… Cette introduction restera, pendant les premières écoutes, le fait marquant de la première partie.  Subtile, légère, exotique (à travers des sonorités asiatiques inattendues) puis, peu à peu, enivrante envoûtante… symphonique, magique… épique, grandiose et, finalement, délicate. 4 minutes et déjà une claque. Quand les notes légères débordent sur la piste suivante, on regretterait presque l’arrivée imminente d’une violence toute métallique. Et symphonique. « Sons of Winter and Stars », le gros morceau de cette première partie, est souvent rapide, parfois plus calme, mais surtout d’une richesse éblouissante. Quelle subtilité dans l’orchestre, dans les voix ! Quelle précision dans les hurlements de Jari qui, vers la huitième minute, après une douce accalmie, scande avec force ces mots qui rebondissent avec une perfection rarement atteinte :  « We are the Sons of Winter and Staaars » et qui seront repris plus tard par les chœurs guerriers à souhait. 13 minutes d’apnée, de suffocation pour l’auditeur, tant le morceau est riche, subtil et violent. C’est à partir de cet instant que l’on s’aperçoit que Time I doit être écouté avec la plus grande précision et qu’il fait partie de ces albums qu’on écoute pour la 200ème fois et qui nous renversent avec un détail qui nous avait échappé. La suite est plus classique, plus proche de l’album précédent, un morceau de 8 minutes lourd, extrêmement travaillé au niveau des voix, qui, quand on a la chance de profiter de l’album dans de bonnes conditions, nous entourent tant elles sont nombreuses et dispersées. Une grande émotion s’empare de l’auditeur après quelques minutes, pourtant dominées par un riff de guitare assez lent, et une sensation d’avoir traversé quelque chose de beau, « The Land of Snow and Sorrow ». Le cinquième et dernier morceau, « Time », est précédé d’un interlude de 2 minutes distrayant, rythmé mais reposant au sein d’un album éprouvant. Pour la dernière fois, on entend les voix danser, les chœurs, les cris, les hurlements, clairs ou non, s’entremêlent autour d’un air lancinant qui peu à peu s’accélère, devient d’une intensité folle et s’arrête devant les notes d’un piano déchaîné mais seul, qui lui-même se fond dans un brouillard épais, celui de l’introduction, qui laisse planer le doute quant à la suite qui paraîtra quelques mois plus tard.

L’attente aura été longue mais le résultat en valait la peine. La première partie de Time fait preuve d’une qualité trop rare en matière de musique : la subtilité. Il ne s’agit pas d’une vulgaire légèreté qui se voudrait subtile. C’est dans la violence la plus extrême, dans les enchaînements discrets que se cache cette subtilité là, dans l’abondance des voix, dans la simplicité apparente de certains instruments. Si la forme n’est pas la plus accessible qui soit, il faut savoir que la compréhension profonde de cette première partie peut être profondément  extatique.

Tracklist (40:09) :

  1. When Time Fades Away
  2. Sons of Winter and Stars
  3. Land of Snow and Sorrow
  4. Darkness and Frost
  5. Time
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