Rage Against The Machine (Bercy 2008)

Peu croient aux miracles. Et pourtant, ce concert de Rage Against The Machine en tient, du miracle. Le groupe ayant splitté depuis quelques années maintenant, il était impossible de les revoir un jour en vrai, sur scène. Et puis, au début de l’année 2007, l’improbable se produisit : l’annonce est officielle, RATM va rejouer. Nous avons pu assister à la résurrection miraculeuse, à Paris Bercy. Récit.

L’introduction est mensongère. Je n’aime pas faire durer le suspense, alors permettez-moi de raconter la fin : ce n’était pas si miraculeux que ça. En fait, c’est un peu comme si Jésus avait ressuscité parce qu’il avait oublié de fermer le gaz, et avait clamsé de nouveau une heure après, une fois assuré que le boulot était fait.
Première constatation : la faune qui s’est déplacée n’avait rien du troupeau de trentenaires presque quadras nostalgiques de leurs années de jeunesse. Au lieu de ça, des pseudo-rebelles à peine sortis de l’adolescence, aux cheveux sales qui sentent le moisi, et qui semblent affublés d’une excroissance fumante et odorante accrochée à leur bouche, et qui à n’en pas douter, écoutaient du Avril Lavigne il n’y a pas si longtemps. Tellement des trUe r3b3lzz qui niquent la société tu vois, qu’au lieu de, je sais pas, partir en Afrique nourrir les pauvres ou en Amérique sauver la forêt amazonienne, préfèrent juste hurler comme des boeufs, siffler les agents de sécurité et fumer dans les lieux publics. Trop des révolutionnaires, j’vous dis.
Cette petite vengeance personnelle ne permet même pas de soulager la souffrance auditive endurée lors de la première partie, assurée par Saul Williams. L’homme, un rappeur US, est une bête de scène, a un bon flow, une présence monstre, mais il lui a été impossible de convaincre le public avec son Rap expérimental trop brouillon, trop bruyant, trop branlant (on a d’ailleurs constaté une vague impressionnante de cérumens ayant préféré se suicider tous en même temps). Le public était partagé entre les gens bien élevés qui applaudissent par politesse et les enflures qui huent (et qui puent), mais il restait en général agacé par la cacophonie du groupe, qui a su malgré tout rester digne.
Après l’entracte, l’Internationale démarre. L’étoile rouge s’amarre. Le public est chaud et Rage Against The Machine lance les hostilités avec Testify, puis enchaîne avec Bombtrack, puis enchaîne avec… et enchaîne avec… et enchaîne… enchaîne… Une heure vingt (rappel compris) de pure folie. Oui, une heure vingt. Pas plus. Même si le groupe semblait prendre du plaisir, même si De La Rocha a sauté partout et a communiqué (un peu) avec le public, même si on a eu un solo de batterie, aucune fantaisie n’a transpiré. Les chansons étaient stricto senso identiques aux versions studio et se sont enchaînées à la vitesse de la lumière. Pour ainsi dire, on a eu droit au minimum syndical. Comme c’est cocasse.
Ca n’a empêché personne toutefois de s’éclater bien comme il faut : ça a sauté, chanté, hurlé, motherfucké, pogoté (pas trop, la sécurité veillait au grain), headbangué, brandi-le-poing-é. Mais c’était trop court (comme la b… euh…), et les espérances furent un peu déçues. On aurait souhaité plus de titres, plus de colère et moins de nonchalance de la part du groupe (en particulier de Zach de la Rocha, qui, bien que dynamique, n’avait pas vraiment l’air enragé), plus d’enthousiasme, plus de créativité, bref, qu’ils ôtent les bâtons que le public avait au bec mais qu’eux avaient dans le c… euh…
Un concert bien mais vite torché, qui ne demeurera pas dans les annales (rires). Reste à espérer que le deuxième acte à Rock en Seine, en août à Saint-Cloud, sera un spectacle plus intense. Plus en Rage.
Point fort du concert, grâce aux boeufs, j’ai pu, postérieurement, prolonger l’ambiance toute la nuit pour agoniser tranquille d’une crise d’asthme. Gratuitement. Trop bien, la révolution.

La set-list (peut-être pas fiable sur les derniers morceaux, où j’avais arrêté de noter) :
1. Testify
2. Bulls in Parade
3. People of the Sun
4. Bombtrack
5. Know Your Enemy
6. Bullet in The Head
7. Born of Broken Man
8. Renegades of Funk
9. Guerilla Radio
10. Down Rodeo
11. Calm Like a Bomb
12. Sleep Now in the Fire
13. War Within a Breath
Rappel :
13. Freedom (medley Township Rebellion)
14. Killing in the Name

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A propos Daphné
Zone de terreur : Lyon. Spécialiste en rien, amatrice en tout, mais plus particulièrement en Rock Alternatif, et Electro bourrine. Rédactrice en chef. Blonde, aussi.

9 Commentaires le Rage Against The Machine (Bercy 2008)

  1. sebrouxx // 5 juin 2008 á 18:05 //

    Good job. J’ai demandé confirmation pour la setlist ayant quelques doutes (j’ai noté Vietnow).

  2. arf, tu passes sur paris, et tu me fais même pas signe ! vilaine !

    sinon, bin moi je les avais vus à l’époque (1994), et ta chro me rappelle très exactement ce que j’avais vu et entendu alors. chouette groupe, mais pas forcément de plus value scénique.

  3. @ nanja : je n’ai fait que l’aller retour, j’ai pu voir personne. Mais je reviendrai, comme dirait le Terminator.

    @ seb : la set-list est sûre jusqu’à Guerilla Radio. Après, il faisait trop noir, et puis j’étais dans le trip, donc j’ai lâché mon carnet pour mieux sauter !

  4. sebrouxx // 6 juin 2008 á 17:16 //

    Testify,
    Bulls on parade,
    People of the sun,
    Bombtrack,
    Know your enemy,
    Bullet in the head,
    Born of a broken man,
    Renegades of funk,
    Guerilla radio,
    Down rodeo,
    Calm like a bomb,
    Sleep now in the fire,
    War within a breath,
    Freedom (medley Township rebellon),
    Killing in the name

  5. sebrouxx // 6 juin 2008 á 17:17 //

    Pas de Wake Up, Daph’. Il me semblait bien et cela m’a été confirmé par plusieurs sources dont le tour manager…

  6. Merci beaucoup Seb, je mets à jour !

  7. nikoko93 // 7 juin 2008 á 7:45 //

    Sur SoundTribes.com, il y a un concours sur le mois de juin qui permet de gagner un set de live !! pour aller jouer sur la même affiche que RATM 😉

  8. hé ben daphné, j’aurai aimé savoir où tu étais pendant cette heure et quelques minutes, car honnetement je doute que les gens qui étaient autour de moi dans les premiers rangs aient trouvé ca trop court…. même plutot assez éprouvant et plus d’un regardaient leur montre pour savoir combien de temps ils devaient encore tenir dans cette ambiance ultra chaude.

    Oui, ca puait, 15000 couillons qui sautent, ca pue… je salue ta perspicacité.

    Oui, ils ont joué les versions albums. Faut les excuser 7 ans après de vouloir réjouir les fans et de pas nous sortir un live « d’artiste » où la moitié n’aurait rien compris et où l’ambiance aurait été peut etre moins folle.

    Alors oui, c’était peut etre court pour les feignasses du fond, mais qu’est ce que c’était bon! En espérant en effet qu’à rock en seine ils varient un peu.

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