Lydia Lunch & Big Sexy Noise @ La Tannerie (Bourg en Bresse) – 3 mars 2011

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En Lydia Lunch reste toujours la rage. Féministe endiablée mais en rien fashionista à la Beth Dito (qui ne cesse de s’autocaricaturer), la New-yorkaise accompagnée de son orchestre bruitiste emporte tout sur son passage une fois qu’une partie du public entre enfin dans un jeu qu’il n’attendait pas forcément. Imposant son rock noisy et destructeur, l’artiste n’hésite pas à transformer tout ce qui scintille faussement en plomb. Egérie parfaite de l’underground new-yorkais, elle scande ses titres sans fioriture et jusqu’à aller dans un absolu abandon. Ce qui ne l’empêche pas – au contraire -  de lancer ses imprécations.  Elles coupent parfois ses crépitements d’extase mais à nouveau la rythmique assaille. Son corps massif va jusqu’à une sorte d’épuisement. Il semble pourtant se détacher des plis du temps.

La musique est taraudée d’une fureur si bien que le public y entre à mesure que les affres prolifères. Vivant ses créations de tout son corps et parfaitement soutenue par son « Big Sexy Band » l’artiste semble atteindre un lieu  où l’esprit et le corps se joignent. Le concert tient par le souffle qui laisse sans réponse et nous fait palper par les sons un monde qui n’a rien appris du tout.  L’artiste tente de le transcender de ses invocations :   l’envoûtement tiré de forces étouffées crée une faculté de vie vers laquelle l’artiste entraîne du haut de sa folie du corps et de l’esprit.

Il y a là une intensité du plaisir de la souffrance. L’artiste reste donc parfaitement dégagée du carcan où on l’a trop longtemps enfermée et dans lequel on pouvait croire qu’elle allait retomber, consécration aidant. Il n’en est rien. Tout fonctionne à plein dans le concert de Bourg en Bresse. Il reste bien plus réussi que celui qu’elle donna en janvier à Paris. Sans doute parce que, là, elle était tombée un peu comme une chienne dans un jeu de quilles. Ce récent concert n’était fait que pour elle et afin que jusque dans son corps  la musique puisse exister vraiment. Tête, tronc, bras, jambes, volonté, désir tout fut axé afin que le show fonctionne à merveille selon des critères qui ne sont pas forcément dans les règles admises d’un concert type. C’est la preuve que Lydia Lunch ne cède en rien  avant les cessions d’équinoxes ni après. Elle fait pénétrer dans une musique aussi corrosive, grinçante que jouissive.  L’Américaine reste un gouffre d’énergie et de synergie. Elle semble dans l’Ain invincible tant un souffle l’habite. Il donne à sa musique son entière puissance et sa réalité.



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