Le blog des Immortels - Chroniques musique alternative http://www.lesimmortels.com/blog Le blog des musiques alternatives et des alternatives musicales Sat, 03 Nov 2012 20:23:05 +0000 http://wordpress.org/?v=2.8.4 fr hourly 1 immortelshttp://feedburner.google.com Monstre ! vs. Burp Reynolds (2012 / Autoproduction) http://feedproxy.google.com/~r/immortels/~3/b7bifByFsw4/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/5155/2012/11/03/monstre-vs-burp-reynolds-2012-autoproduction/#comments Sat, 03 Nov 2012 06:05:40 +0000 JPGP http://www.lesimmortels.com/blog/?p=5155 Le premier 33 tours de Monstre !Inside living animals était un régal de pop rock aussi délirant que fortement charpenté. Le groupe récidive avec encore plus de folie. Super Mario lui-même ne pourrait être qu’un fan des quatre garnements. En prenant de la bouteille, ils gardent une santé de louveteaux. Un monde d’insouciance rayonne là où comme dans l’univers du héros cité on écrase des tortues afin de gagner des vies. La joie éclate et menace à chaque coup de caisse claire pour battre la vie pendant qu’elle est chaude. Très vite, Burp Reynolds ne peut rien contre les Monstre ! : il est laissé K.O..

Banban Beating, Docteur Couleur, R. Dekoplus et Cello Venturi – avec aux manettes entre autres Pim Pam (sans Poum) – forment un quatuor dégingandé majeur dans le genre iconoclaste. Ses membres ont fait leur classe sous d’autres noms d’emprunt dans plusieurs formations éléctro ou rock progressif. Monstre ! revisite pour s’en moquer à la fois l’univers des héros de mauvaises séries télés et un certain glam rock. Ses bases éclectiques passent de Georges Jouvin lui-même à Dario Moreno, de Lee Hazlewood et Norrie Paramor à Burt Bacharach.

Tout se décale et part en vrille. L’album est le parfait virus pour oublier ce qu’on veut faire prendre pour les deux musts de l’automne : le folk insipide d’une Lou Douillon ou celui en souverains poncifs d’un Dylan. Certes, les lecteurs de Télérama ou des Inrocks doivent s’abstenir d’une telle écoute. Les Monstre ! sont pourtant armés d’une culture non seulement musicale, mais ils se dispensent d’en faire étalage dans leur opus et ne cherchent qu’à mériter leur nom de guerre. Ils demeurent à la musique Pop ce que Nolwenn Leroy est à la musique celtique. C’est dire combien la Pop n’est pas en de bonnes mains ! Et on s’en réjouit. Car à l’inverse de la victime de Nolwenn Leroy, le mal qu’insufflent au rock Banban Beating et ses acolytes nettoie les oreilles et les idées reçues. Mettant le grappin sur toute une imagerie sonore, il distille sa rage canaille. Ne cherchons surtout pas de vaccin.

N.B. (qui a son importance) : Produit comme accroche aux concerts du groupe Monstre ! vs. Burp Reynolds est téléchargeable gratuitement : http://monstre.bandcamp.com/album/monstre-vs-burp-reynolds

Et pour ceux qui aiment les images, le clip : http://www.dailymotion.com/video/xsm6pn_monstre-ain-t-no-burden_music

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Lescop – Lescop (2012 / Pop Noire & Mercury Records) http://feedproxy.google.com/~r/immortels/~3/rnsUaR8y2mQ/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/5161/2012/11/03/lescop-%e2%80%93-lescop-2012-pop-noire-mercury-records/#comments Sat, 03 Nov 2012 06:04:18 +0000 Killer Queen http://www.lesimmortels.com/blog/?p=5161

Il est des albums que l’on aborde avec d’énormes pincettes. La nouvelle sensation de la chanson française, le relève, le nouvel Étienne Daho, autant de choses creuses que les médias vendent suffisamment fréquemment pour qu’on les fuie ardemment. Et puis le destin nous rattrape toujours au détour d’un bois sombre. C’est ainsi que l’on tombe sur Lescop, et son album salin. Oui, de ce sel que l’on frotte avec délice sur ses propres plaies.

Évidemment, la référence à Étienne Daho se comprend et surtout s’entend dans ce filet monocorde susurré par un gars tout maigre, qui ondule dans des clips minimalistes. Mais libérons-nous des portes ouvertes enfoncées par des articles myopes, Lescop est le fruit de la cold wave raffinée aux influences tout à fait honorables, de Joy Division (”Ljubljana”) à The Cure (”Los Angeles”), des premiers Depeche Mode (”Hypnose”) à U2, au temps fort regretté où leur musique était dense et sincère (les nappes synthétiques dans ”La Forêt”).

Bon, nobody’s perfect, Lescop se laisse aller à mi-chemin à un duo synthé-pop calibré pour les auto-radios urbains et donc largement dispensable avec une certaine Dorothée de Koon, une bluette un peu creuse au titre pseudo-sulfureux, ”Le Mal Mon Ange”, sur fond de clavecin électronique.

Mais il sera pardonné, ne serait-ce que grâce au point d’orgue de ce voyage tantôt sylvestre (”La Forêt”), tantôt long courrier (”Tokyo, La Nuit”) où tout le monde retrouvera les traces d’une phase d’insomnie, d’une rencontre nocturne étrange, enrichissante et sans lendemain, d’une cigarette allumée à l’arrache, d’un verre de trop devenu le premier verre, d’un passage nerveux trop honnête du rire aux larmes, d’une nuit au volant pour aller nulle part.

Cet album, belle réussite, est sans fard et sans filet. Gorgé certes d’influences, il devient pourtant aussi unique et reconnaissable que sien. On en redeviendrait presque la midinette qui rêve d’avoir tout vécu au lieu de l’inverse dans ”Le Vent” ou dans un Paris qui s’endort. Allez, passe-moi le sel !

  1. La Forêt
  2. La Nuit Américaine
  3. Ljubljana
  4. Los Angeles
  5. Le Mal Mon Ange (avec Dorothée de Koon)
  6. Tokyo, La Nuit
  7. Hypnose
  8. Un Rêve
  9. Slow Disco
  10. Paris S’endort
  11. Le Vent

Le site du label Pop Noire : http://www.popnoire.com/lescop_fr

Lescop sur Facebook : https://www.facebook.com/lescoplescop

… et sur MySpace : http://www.myspace.com/LescopLescop

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Wintersun- Time 1 (2012/ Nuclear Blast) http://feedproxy.google.com/~r/immortels/~3/KalUfl9uP4w/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/5197/2012/11/03/wintersun-time-1-2012-nuclear-blast/#comments Sat, 03 Nov 2012 06:03:07 +0000 Servius http://www.lesimmortels.com/blog/?p=5197 Voici sans doute l’album le plus attendu de l’année 2006. Et 2007. Et des cinq années suivantes.  8 ans après un album éponyme prometteur,  Wintersun dévoile enfin son deuxième album, ou du moins une partie, Time I, s’attirant l’écoute très précise (et, le cas échéant, critique) d’oreilles excitées par une patience excessivement mise à l’épreuve. Jari Mäenpää et sa bande sont prévenus : on n’a pas attendu 8 ans pour être déçu.

Rarement l’émotion qui accompagne traditionnellement la première rencontre entre un cd et la chaîne qui le laissera s’exprimer n’aura été aussi intense qu’à l’arrivée de ce Time I. Enfin l’arlésienne, enfin Godot est arrivé ! Enfin ses premières notes ! Et quelles notes… Cette introduction restera, pendant les premières écoutes, le fait marquant de la première partie.  Subtile, légère, exotique (à travers des sonorités asiatiques inattendues) puis, peu à peu, enivrante envoûtante… symphonique, magique… épique, grandiose et, finalement, délicate. 4 minutes et déjà une claque. Quand les notes légères débordent sur la piste suivante, on regretterait presque l’arrivée imminente d’une violence toute métallique. Et symphonique. “Sons of Winter and Stars”, le gros morceau de cette première partie, est souvent rapide, parfois plus calme, mais surtout d’une richesse éblouissante. Quelle subtilité dans l’orchestre, dans les voix ! Quelle précision dans les hurlements de Jari qui, vers la huitième minute, après une douce accalmie, scande avec force ces mots qui rebondissent avec une perfection rarement atteinte :  « We are the Sons of Winter and Staaars » et qui seront repris plus tard par les chœurs guerriers à souhait. 13 minutes d’apnée, de suffocation pour l’auditeur, tant le morceau est riche, subtil et violent. C’est à partir de cet instant que l’on s’aperçoit que Time I doit être écouté avec la plus grande précision et qu’il fait partie de ces albums qu’on écoute pour la 200ème fois et qui nous renversent avec un détail qui nous avait échappé. La suite est plus classique, plus proche de l’album précédent, un morceau de 8 minutes lourd, extrêmement travaillé au niveau des voix, qui, quand on a la chance de profiter de l’album dans de bonnes conditions, nous entourent tant elles sont nombreuses et dispersées. Une grande émotion s’empare de l’auditeur après quelques minutes, pourtant dominées par un riff de guitare assez lent, et une sensation d’avoir traversé quelque chose de beau, “The Land of Snow and Sorrow”. Le cinquième et dernier morceau, “Time”, est précédé d’un interlude de 2 minutes distrayant, rythmé mais reposant au sein d’un album éprouvant. Pour la dernière fois, on entend les voix danser, les chœurs, les cris, les hurlements, clairs ou non, s’entremêlent autour d’un air lancinant qui peu à peu s’accélère, devient d’une intensité folle et s’arrête devant les notes d’un piano déchaîné mais seul, qui lui-même se fond dans un brouillard épais, celui de l’introduction, qui laisse planer le doute quant à la suite qui paraîtra quelques mois plus tard.

L’attente aura été longue mais le résultat en valait la peine. La première partie de Time fait preuve d’une qualité trop rare en matière de musique : la subtilité. Il ne s’agit pas d’une vulgaire légèreté qui se voudrait subtile. C’est dans la violence la plus extrême, dans les enchaînements discrets que se cache cette subtilité là, dans l’abondance des voix, dans la simplicité apparente de certains instruments. Si la forme n’est pas la plus accessible qui soit, il faut savoir que la compréhension profonde de cette première partie peut être profondément  extatique.

Tracklist (40:09) :

  1. When Time Fades Away
  2. Sons of Winter and Stars
  3. Land of Snow and Sorrow
  4. Darkness and Frost
  5. Time
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Dakota Suite – An Almost Silent Life (2012 – Glittehouse/Differ-Ant) http://feedproxy.google.com/~r/immortels/~3/mVexVoCqKHw/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/5154/2012/11/03/dakota-suite-an-almost-silent-life-2012-glittehousediffer-ant/#comments Sat, 03 Nov 2012 06:02:53 +0000 JPGP http://www.lesimmortels.com/blog/?p=5154 Dans les effondrements programmés par Chris Hooson pour son dernier album, la musique semble parfois un projectile sans provenance ni destination et proche du silence. L’artiste a enregistré plusieurs versions des titres de An Almost Silent Life pour n’en retenir que les plus proches de l’épure. Fan de Brian Eno et de Four Tet, il refuse toutefois les arrangements électroniques pour ses propres œuvres. Il a laissé néanmoins le soin à David Burton qui a mixé l’album d’intégrer certains sons organiques qui rapprochent cet album des recherches d’un Mark Hollis (ex Talk Talk).

La musique devient contemplative par la destruction de tous effets superfétatoires afin de laisser surgir la sensation d’une solitude irrévocable. Dans chaque titre, la structure des phrases se défait, les harmonies semblent proches de se dissoudre dans le silence. Il semble attaquer de partout et de nulle part comme le suggère la conception même de l’album : il fut enregistré à Leeds, Paris, Southwell, Nashville, Osaka et Stockholm.

L’enchaînement des titres suggère l’idée que chercher une progression dans la vie serait arbitraire. Hooson veut juste donner un sens aux émulsions vocales et instrumentales là où tout se dissipe tant le contenu est proche d’un innommable. Seule la voix demeure, tel un filet tendu sur le néant. Quant à l’album il propose une circulation en cercle, manière de boucler la boucle et de faire se rejoindre la fin et le début : An Almost Silent Life devient donc la coda « parfaite » de la trilogie The End of Trying, The North Green Down et The Side of Her Inexhaustible Heart qui telle un anneau de Moebius suggérait une manière de tourner à vide au cœur de l’isolement.

Pour autant cet album n’est pas simplement intimiste. Dans la création de l’artiste, dans son atelier de l’écoulement des sensations délétères l’auteur devient comme un médecin particulier de la pensée qui se prétend saine et à laquelle il inocule des doses répétées de logique négative pour la rendre consciente de ses maux. C’est dans cette ‘logique négative’ émergée de l’ombre qu’il faut comprendre une œuvre capable de distiller des anti-virus en son aube crépusculaire, au moment même semble s’étouffer les souffles de la vie et où – paradoxalement – la musique réserve un plaisir rare à ceux qui ne sont pas effrayés par une forme de silence et un exercice de la lenteur.

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La Horde – En Passant par le monde (2012 / Fantaizic) http://feedproxy.google.com/~r/immortels/~3/bMWPo-_Zy1s/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/5157/2012/11/03/la-horde-en-passant-par-le-monde-2012-fantaizic/#comments Sat, 03 Nov 2012 06:01:23 +0000 Alkayl http://www.lesimmortels.com/blog/?p=5157 La Horde, cela sonne barbare comme nom. En même temps, dès lors que l’on donne dans le hardcore, il faut pouvoir en imposer. Et faire une meilleure impression que celle que pouvait donner la horde mise en avant par Oldelaf et Monsieur D. Et pour peu qu’il soit question d’adapter un roman, certes poétique, mais également assez porteur de violence, il est nécessaire d’avoir les moyens de ses ambitions.

Certes, lorsque le roman en question est La Horde du Contrevent d’Alain Damasio, la filiation, ne serait-ce qu’au regard du nom, est plus évidente. Mais également plus délicate. L’histoire relatée repose en effet sur une alternance de points de vue, permettant une narration variée, alliant subtilité par instants et passages plus bruts. En l’espèce, le hardcore ne semble pas forcément le meilleur vecteur pour porter les interrogations de Sov le Scribe et sa recherche sur les formes et l’origine du vent. En revanche, le verbe souvent fleuri du Golgoth et l’argot si particulier du combattant Erg paraissent pouvoir se marier sans trop de problème à la rythmique martelée et au chant hurlé.

Le résultat laisse songeur. L’album ne constitue pas une réelle bande originale du roman, cette fonction ayant déjà de toutes manières déjà été remplie par une collection de pistes proposées par Arno Alyvan avec une version de l’oeuvre. En Passant par le monde reprend les thématiques du roman de Damasio et propose différentes lectures des idées développées. Il serait cependant réducteur de  ne s’attacher qu’à cette dimension de l’album. Celui-ci propose des compositions très efficaces, véhiculant une grande énergie et un souffle certain. Établir un parallèle avec le vif évoqué dans les pages de l’écrivain lyonnais est cependant exagéré. La Horde du Contrevent est davantage une inspiration appuyée pour l’album qu’une source. Il convient de conserver une partition entre les deux supports. Mais quoi qu’il en soit, l’écoute donne envie de se (re)plonger dans l’épopée.

  1. La Horde du Contrevent
  2. Nuclear mind
  3. Les Derniers hommes
  4. Condamné à vivre
  5. Monochrome
  6. Spin
  7. Deux pour un seul corps
  8. Eden
  9. Les Damnés
  10. Echec
  11. J’ai vu
  12. Extinction de masse
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Tori Amos – Gold Dust (2012 / Mercury Classics & Deutsche Grammophon) http://feedproxy.google.com/~r/immortels/~3/faEZ7jOHA4w/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/5171/2012/11/03/tori-amos-%e2%80%93-gold-dust-2012-mercury-classics-deutsche-grammophon/#comments Sat, 03 Nov 2012 06:00:56 +0000 Killer Queen http://www.lesimmortels.com/blog/?p=5171

Fille rockeuse rebelle et rousse de Pasteur méthodiste, chanteuse pianiste virtuose à tripes ouvertes à l’époque du grunge et de la dance music, Tori Amos ne fait rien comme tout le monde. Alors qu’elle nous avait déjà fait le coup de la compilation en 2003, par obligation contractuelle envers son ancienne maison de disques, avec la biographie sonore Tales of the Librarian (aux chapitres parfois prêtant à débats…), elle réitère moins de dix ans après, avec Deutsche Grammophon, en compagnie de ses nouveaux compagnons de route du Metropole Orchestra. Mais attention, il ne s’agit pas d’une liste des plus grands succès de sa carrière, ni un récapitulatif de sa carrière façon best-of, mais d’un album à part entière d’auto-reprises transposées dans un univers aux allures classiques, acoustiques, voire symphoniques.

Le choix des morceaux réinterprétés ici semble avoir été arrêté de la même façon qu’une setlist de concert, mêlant chansons phares, faces B plus obscures, et morceaux mineurs glanés ça et là. Toute la carrière de Tori Amos n’est pas couverte, plusieurs albums sont snobés (dont l’expérimental et très réussi To Venus and Back de 1999 ou le précédent opus symphonique Night of Hunters de 2011) tandis que la parenthèse de l’album de Noël (!) Midwinter Graces (2009) est en bonne place. Du coup, il y a dès le départ une certaine perplexité face à ce déséquilibre, comme si cet album avait une stratégie directrice et avait été fait plus pour les fans que pour un public de découverte.

Mais surtout, ce qui laisse un sentiment d’amertume prononcée, c’est cette sensation plutôt dérangeante que Tori Amos se bat contre elle-même en en faisant des tonnes, en appuyant le trait, elle qui nous avait habitué à une palette de nuances considérable. Abus manifestes des contre-voix, deuxièmes voix et surtout des superpositions de voix, arrangements des cordes souvent trop massifs pour être complètement honnêtes, déluges d’instruments qui vont parfois, sacrilège suprême, jusqu’à couvrir le piano, l’épine dorsale d’absolument toutes les compositions. À l’image de ses transformations physiques disons… controversées et certes en sombrant dans une psychologisation un peu hâtive, on ne peut s’empêcher d’avoir l’impression qu’au-delà des paroles, de leur histoire et de leur évolution au fil des ans, c’est de son histoire à elle qu’il est question, et qu’elle se débat à vouloir nous affirmer que le temps n’a pas de prise sur elle ni sur son talent, qu’elle est toujours jeune, belle et extrêmement douée.

S’il manque des incontournables sur ce Gold Dust, ce n’est pas toujours à regret. En effet, des ratages notables sont à déplorer. ”Yes, Anastasia”, morceau emblématique de Under the Pink (1994) se retrouve ici amputé de toute sa première moitié (mais pourquoi ?!) et affublé en son milieu d’un raccord foiré surprenant au pays de Tori Amos la productrice raffinée et exigeante. De même, le cultissime ”Precious Things”, présent originellement sur le premier album Little Earthquakes (1992) et présent à chaque tournée, maintes et maintes fois revu et corrigé, compagnon fidèle de toute une longue et belle carrière, est ici littéralement massacré, sans goût ni grâce. Cela dit, il y a tout de même deux perles très agréables : ”Flying Dutchman”, face B des tous débuts qui se prêtait à des déluges de violons s’envole dans une belle légèreté. Quant à ”Snow Cherries from France”, inédit terne et pataud présent sur la précédente compilation Tales of the Librarian (2003), il est enfin allégé et embelli, soulevé par des fines volutes de harpe.

Tori_Amos - GD fond

En conclusion, si le résultat offert par Gold Dust n’est qu’en demi-teinte, à l’image du livret photo un peu ridicule composé de captures du clip relativement insignifiant du single ”Flavor” et de mauvais cadrages hésitants et saturés de plafonds et de rails, la déception n’est toujours que plus vive lorsque l’on a aimé passionnément. On ne peut que souhaiter que le chemin plus créatif et risqué des tripes au vent et du saut dans le vide reviennent habiter les prochaines notes de prochaines nouvelles chansons.

  1. Flavor
  2. Yes, Anastasia
  3. Jackie’s Strength
  4. Cloud on My Tongue
  5. Precious Things
  6. Gold Dust
  7. Star of Wonder
  8. Winter
  9. Flying Dutchman
  10. Programmable Soda
  11. Snow Cherries from France
  12. Marianne
  13. Silent All These Years
  14. Girl Disappearing
  15. Maybe California (bonus téléchargeable sur iTunes)
  16. Snow Angel (bonus téléchargeable sur Amazon.com)

- Site officiel (en anglais) : http://www.toriamos.com/

- Site de référence (en anglais) : http://undented.com/

- Tori Amos sur Facebook : https://www.facebook.com/toriamos

- … et sur MySpace : http://www.myspace.com/toriamos

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The Orb feat. Lee “Scratch” Perry – The Orbserver in the Star House (2012 / Cooking Vinyl) http://feedproxy.google.com/~r/immortels/~3/EfSL_6OwceE/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/5102/2012/10/19/the-orb-feat-lee-scratch-perry-the-orbserver-in-the-star-house-2012-cooking-vinyl/#comments Fri, 19 Oct 2012 05:05:18 +0000 Servius http://www.lesimmortels.com/blog/?p=5102 Quoi de mieux que l’album d’un artiste de génie ? Rien, me direz-vous. Et bien si : l’album de deux artistes de génies. Enfin, plutôt trois. D’un côté, les deux anglais de The Orb, pionniers de l’électro ambient, référence incontestable en la matière. De l’autre, celui qui est sans doute le personnage le plus important de l’histoire du reggae, Lee ” Scratch” Perry, compositeur de génie pour les plus grands (Bob Marley and the Wailers, Max Romeo, The Congos, Junior Marvin…) interprète mystique et savant fou créateur du dub à grands coups de bricolages et de ruban adhésif. Trois sorciers, trois magiciens, trois explorateurs de sons qui se sont donc penchés sur une mixture commune : The Orbserver in the Star House.

Pendant près d’une heure, on assiste à la rencontre charmante entre deux entités : une grande admiration de la part des deux anglais face à la légende qu’ils accueillent, un plaisir immense du côté de celui qu’on appelle parfois “The Upsetter”, ravi, du haut de ses 74 ans, d’être là où on ne l’attendait pas forcément. Le vieil homme chante et scande ses acrobaties verbales sur les 11 morceaux de l’album, installant un profond dialogue avec ses hôtes, dialogue qui se concrétise au début de “Golden Clouds” quand apparait une voix suave, la seule autre voix de l’album.” So, Mister Perry… ”. The Orb a toujours eu une certaine tendance à tirer vers  le dub et, cette fois plus que jamais, envoi du lourd, une grosse basse à emmerder tous les voisins sur “Man and the Moon”, “Soulman” ou encore “Police and Thieves”, le morceau  mythique de Junior Marvin (composé par Lee Perry), dans une version grasse encore plus destroy que celle des Clash qui avait déplu aux jamaïcains. Le mélange fonctionne, on retrouve le dub oldschool de l’époque Black Ark, sur fond d’électro parfois subtil parfois puissant ;  un trip typiquement ‘ Upsetterien’, un trip qui vous emmène très loin, très haut, en suivant les onomatopées mystiques du vieil homme qui passe à travers le ciel puis à travers une épaisse fumée blanche soufflée par le guide pour arriver aux origines au son des percutions du formidable ” Congo”.

Deux ans après avoir collaboré avec David Gilmour, The Orbserver in the Star House est une nouvelle réussite pour The Orb qui a bien fait de remettre ça avec le sorcier jamaïquain. La fusion des trois esprits géniaux conduit à un résultat homogène (ce qui n’était pas gagné) et offre à Lee ” Scratch” Perry sa meilleure performance depuis quelques temps déjà. La patte de The Orb est toujours là, elle accompagne le vieil homme et rend un vibrant hommage à l’un des personnage majeurs de l’histoire de la musique.

Tracklist (51:22) :

  1. Ball of Fire
  2. H. O. O.
  3. Man in the Moon
  4. Soulman
  5. Golden Clouds
  6. Hold Me Upsetter
  7. Go Down Evil
  8. Thirsty
  9. Police & Thieves
  10. Ashes
  11. Congo
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Neurosis – Honor Found in Decay (2012 – Neurot Recordings/Differ-Ant) http://feedproxy.google.com/~r/immortels/~3/SIBysIFxHz8/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/5128/2012/10/19/neurosis-honor-found-in-decay-2012-neurot-recordingsdiffer-ant/#comments Fri, 19 Oct 2012 05:04:43 +0000 JPGP http://www.lesimmortels.com/blog/?p=5128 Qu’on se rassure : après de 30 ans d’existence et 10 albums, Neurosis avec Honor Found in Decay frappe fort. L’opus pousse sa foudre encore plus loin que dans le précédent Giving To the Rising (2007). Après chaque moment de calme les titres montent en intensité jusqu’au paroxysme afin que le rock metal fasse surgir des sons abyssaux. La voix des deux chanteurs semble surgir des profondeurs des entrailles du corps et le son des guitares de gouffres reculés. Dans des titres tels que “At the well” ou “My Heart for Delivrance” se perçoit combien la passion est toujours présente chez ceux qui partant et parlant de la catastrophe continuent leur marche parfois morbide et forcée afin que l’être s’en tire.

Il y a là une plénitude du son qui ouvre à des lieux ou des états de visions à la limite de l’ombre et de la lumière. Neurosis reste une machine plus que jamais capable d’inventer un théâtre chimique et alchimique. Le son n’est pas séparé de l’action. Le trouble créé casse parfois les mélodies pour atteindre des sensations qui fourmillent dans une sorte de volcan. Le groupe d’Oakland trouve les sons abyssaux capables de suggérer les tumultes intérieurs des êtres si bien que le rock metal réussit à toucher à l’intangible par des harmoniques qui à la fois creusent, arrachent et transcendent les abysses.

Ce post hardcore n’a donc rien perdu des aventures passées d’un groupe qui n’hésite pas à prendre au besoin des diagonales imprévues. Les guitares saturées proposent des dérives, des élargissements comme des étranglements. L’auditeur déambule dans le trouble et se retrouve à l’origine du son metal « pur ». Un crime peut se fomenter derrière chaque imprécation. Et tout bouge jusqu’au bout de couloirs labyrinthiques. Il y à la des spires de circuits, des cortèges de cymbales. Mais sous l’aspect dark progresse un allegro particulier. L’oreille s’y enfonce, le monde y rentre dans un exercice perpétuel. Il offre la possibilité de désapprendre les gammes du metal « classique ». Il fait descendre dans un univers crépusculaire où l’esprit est poussé là où quelque chose se détruit mais où la musique, d’un titre à l’autre, renaît de ses cendres. On l’aura compris : Honor Found in Decay est un grand album.

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Clock Paradox – Egotheism (2012 / Inverse Records) http://feedproxy.google.com/~r/immortels/~3/sN6wMX9anZ0/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/5148/2012/10/19/clock-paradox-egotheism-2012-inverse-records/#comments Fri, 19 Oct 2012 05:03:55 +0000 Alkayl http://www.lesimmortels.com/blog/?p=5148 D’Hannibal Lecter à Dexter Morgan, du redneck Leatherface à la créature étrange de Devil Story, les tueurs en série bénéficient d’une exposition globalement favorable. Bon, certes, ces héros de fiction sont plus glamours qu’un Francis Heaulme ou qu’un Emile Louis, mais quoi qu’il en soit, le phénomène produit une certaine fascination sur le public. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que le groupe Clock Paradox se glisse dans la peau d’un homme en délicatesse avec les règles morales le temps d’un album. Ou bien plus longtemps, cette dernière solution étant légèrement plus inquiétante.

L’exploration distordue des méandres d’esprits torturées est souvent proposée dans le doom métal, un poil moins dans le death. Si les deux genres proposent une lecture forcément différente, celle de disciples de Chuck Schuldiner comporte un tempo légèrement plus élevé. De quoi mettre l’accent sur l’action liée aux troubles plus que sur la spirale malsaine et étouffante de l’esprit perturbé.

Les 8 titres comportent cependant une forte dimension progressive permettant de ne pas limiter l’expérience à une simple fuite éperdue mais d’intégrer une lumière, une vision décalée et par instant légèrement obscurcie, propre à un prisme cognitif différent. La montée en puissance d’une pulsion, le trouble qui lui est associé, le rugissement qu’il suscite se retrouvent traduits au long d’Egotheism.

L’album se refuse à choisir entre violence et contemplation, et cette tension contribue tant à l’équilibre qu’aux effets créés chez celui ou celle qui écoute. Il n’y a ainsi pas de réelle certitude quant à ce qui va suivre, à l’image de ce qu’il est possible de ressentir en présence d’une personne inquiétante. La sensation que tout basculer d’une seconde à l’autre est ainsi bien présente, stimulant les sens. Et confortant dans l’idée que, finalement, il faut être un tantinet perturbé pour revêtir un masque tanné et faire de grands moulinets avec sa tronçonneuse.

  1. Virtual Compassion
  2. In the flesh
  3. Machine mind
  4. Cleansing self
  5. The God complex
  6. Void
  7. Origo
  8. Paradigm

Site : http://www.clockparadoxband.com/

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