Le webzine des Immortels - Chroniques musique alternative » A la une http://www.lesimmortels.com/blog Le webzine des musiques alternatives et des alternatives musicales Wed, 23 Jul 2014 11:33:18 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.9.1 Morten Harket – Brother (2014-Starwatch) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/6877/2014/04/28/morten-harket-brother-starwatch-2014/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/6877/2014/04/28/morten-harket-brother-starwatch-2014/#comments Mon, 28 Apr 2014 05:06:08 +0000 http://www.lesimmortels.com/blog/?p=6877 Dans les années 80, les fleurons de la pop comptaient dans leur rang les Norvégiens d’A-ha. Remarqués avec leur tube « Take On Me » et un clip audacieux pour l’époque, ils avaient eu une belle carrière, notamment grâce à la voix / les yeux / la gueule d’ange de Morten Harket.

Le groupe séparé (en bons termes, c’est assez rare pour le dire…), le chanteur, également auteur-compositeur-interprète, n’a jamais vraiment arrêté, chantant en norvégien comme en anglais et menant sa barque dans le grand nord.

À la sortie de ce nouvel album, force est de constater que toutes les anciennes icônes des adolescentes en pâmoison ne sont pas vouées à l’échec ou au grotesque en prenant de l’âge. Morten Harket, qui a toujours rejeté vigoureusement la limite médiatique le confinant à son séduisant minois, prouve ici qu’en effet, il est et a toujours été un musicien avant tout.

Brother est un concentré de chansons calmes et raffinées. Quasi-intégralement composées en mid-tempo, ces mélodies simples et justes, entêtantes, tantôt planantes (l’ouverture éponyme ou la perle centrale « Heaven Cast »), tantôt entraînantes (« Whispering Heart », « End Of The Line ») forment un ensemble que l’on glisse avec délice dans l’autoradio pour de belles aventures à travers des paysages émouvants. Cette coloration folk est renforcée à tous les étages par une omniprésence assumée de guitares.

S’il faut vraiment faire des passerelles, on pense parfois à Depeche Mode, ou plus précisément aux premières incartades en solo de Dave Gahan (« First Man To The Grave ») ou aux parenthèses harmoniques de Martin L. Gore (« There Is A Place »), et bien sûr à A-ha, bon sang ne saurait mentir, sans jamais toutefois sombrer dans un album passéiste au goût amer de come-back mort-né.

Et bien sûr, il y a la voix. Cette voix qui n’a pas changé, qui reste cristalline, posée et qui sait habiller deux notes et trois accords pour faire de cet album une bal(l)ade aussi mélancolique que profondément réjouissante.

Morten Harket sera en concert le 14 mai 2014 à Paris (Olympia).

  1. BrotherMortenHarket - 2014
  2. Do You Remember Me?
  3. Safe With Me
  4. Whispering Heart
  5. Heaven Cast
  6. There Is A Place
  7. Oh What A Night
  8. End Of The Line
  9. Can’t Answer This
  10. First Man To The Grave
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Tribute to Daniel Darc & Taxi Girl (2013 – financement participatif) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/6285/2013/10/14/tribute-to-daniel-darc-taxi-girl-2013-financement-participatif/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/6285/2013/10/14/tribute-to-daniel-darc-taxi-girl-2013-financement-participatif/#comments Mon, 14 Oct 2013 05:06:28 +0000 http://www.lesimmortels.com/blog/?p=6285 Cher Daniel Darc,

Commençons par le début : le 28 février dernier, tu a pris la tangente pour de bon, nous laissant dans une détresse choquée, le souffle court et l’œil mouillé.

Au-delà de la douleur et de l’abandon, se pose toujours dans ces moments-là la question de l’héritage. Et il y a de quoi faire : écorché vif, jusqu’au boutiste, tu as mené ta vie et ta musique au bord de tous les précipices. Figure de proue du groupe Taxi Girl, pionniers français d’un savant mélange punk électro rock, à cheval entre la mèche enjôleuse de dandy en plateau télé et les veines tranchées dans un acte désespéré sur scène, on pourrait dire que tu as su rebondir ensuite. Sauf que les bonds, ce n’était pas ton truc. De saut, tu ne connaissais que le grand. Et tu l’as fait mille fois. Dans les errances de la came, de toutes les cames, dans l’encre poinçonné sous ta peau et sur le papier, dans la nuit crade et les petits jours filandreux, dans l’art.

C’est précisément cela, ta poésie et ta musique, que l’on retrouve là. Pedro Peñas y Robles, Monsieur HIV+ entre mille autre vies, a fait naître cet album dont il est question aujourd’hui. Parce que bon, dans ce Tribute, on parle de toi, par toi, pour toi, alors autant que ce soit avec toi, aussi, un peu. Et Pedro, il a mis les deux mains dedans pour regrouper des réinterprétations multiples des temps forts de ta carrière. Ainsi, on va retrouver toute une équipe musicale qui, si elle n’est pas totalement inconnue (je pense au morceau « Les armées de la nuit », honoré par un ancien d’Indochine et un membre de Madinka), n’aura jamais les honneurs des radios qui osent encore s’appeler libres. Et après tout, on s’en fout. N’empêche, entre Jvne qui donne, au bord des larmes, une relecture anglophone flirtant avec Gainbourg de « La pluie qui tombe », Torso et sa reprise chaotique et tendue de « Nijinski », Electrosexual (tiens, Emmanuelle5, toi ici, comme le monde est petit…) qui s’empare de « Aussi belle qu’une balle », l’un des deux succès de Taxi Girl pour faire de la musique à danser sans tomber dans le grotesque, l’autre classique, l’inévitable « Cherchez le garçon » étant refroidi à l’azote jusqu’à l’effrayant par Adàn & Ilse derrière lesquels ne se cache pas tant que ça Pedro, et la new wave spectrale de People Theatre, on navigue en eaux mouvantes et émouvantes, mais jamais on ne se perd. Comme quoi, tu étais peut-être plus compris et entendu que tu ne l’auras jamais cru. C’est cela, la famille. Même ta mise en musique du Psaume 23 sera ici rendue, ironique et lugubre, par le groupe dont le nom même, Occulte, fera sourire jaune mégot le mystique en toi, petit enfant juif devenu athée farouche avant de se tourner avec une ferveur totale vers le protestantisme.

Bref, cet album, il est beau, vraiment. Et si tu pouvais, de là où tu es, dire à ceux et celles qui t’ont aimé d’aider à son financement, de faire partie de cette aventure, afin que cet hommage devienne tangible, éternel, vif, ce serait bien. Afin qu’il te ressemble. Afin qu’il te survive. Afin qu’il existe.

Salut Daniel. Repose en paix, comme on dit… J’aurais quand même aimé pouvoir t’embrasser.

    1. Filip C. – La pluie qui tombe
    2. Rhizome – Pitchipoi Hotel
    3. Adàn & Ilse – Cherchez le garçon
    4. Dams & Herren – P.A.R.I.S.
    5. Noël Matteï & Dominik Nicolas – Les armées de la nuit
    6. Electrosexuel feat. Emmanuelle5 & Magritte Jaco – Aussi belle qu’une balle
    7. People Theatre feat. Eva Peel – Je suis déjà parti
    8. Dead Sexy – Paris (en vidéo du moment)
    9. Flowers Industry feat. HIV+ – Serai-je perdu
    10. Torso – Nijinski
    11. Jvne feat. Violatina – The rain which falls
    12. Complot – Je souviens
    13. HIV+ & Les Modules Étranges – Monna
    14. Follow Me Not – Nijinski
    15. Garçon – Mannequin
    16. Occulte – Psaume 23
    17. Les Chiens Maudits – Le seul garçon sur Terre

D’abord… Écoutez l’album !

Puis… Participez à l’aventure !

Enfin… Suivez l’avancée du projet !

Graphisme : L’atelier Belle Lurette

http://www.danieldarc.fr/

TributeToDanielDarc2

]]> http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/6285/2013/10/14/tribute-to-daniel-darc-taxi-girl-2013-financement-participatif/feed/ 3 Aña – Ces roses flotteront sur l’océan (2012/En Attendant) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/4726/2012/06/19/ana-%e2%80%93-ces-roses-flotteront-sur-leau-2012en-attendant/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/4726/2012/06/19/ana-%e2%80%93-ces-roses-flotteront-sur-leau-2012en-attendant/#comments Tue, 19 Jun 2012 10:57:46 +0000 http://www.lesimmortels.com/blog/?p=4726 Aña – Ces roses flotteront sur l'eauEntre aquatique et aérien, Aña propose un nouvel EP de qualité.]]> anaL’expression ‘l’album de la maturité’ prête souvent à rire tant elle est convenue, semée à tout vent, et finalement fondamentalement privée de son sens. Et pourtant… Leur précédent maxi, très réussi (évoqué par là ) laissait présager une suite toute en nuances et demi-tons ciselés, intimiste et toujours réalisée de bout en bout par le duo multi-talent et multi-fonction que forment les Normands Amandine et David.

Quatre ans après, voici que les roses flottent sur l’océan. Rarement titre, pourtant emprunté à l’un des morceaux phares de l’album, comme le veut l’usage, n’a aussi bien cerné l’essence même d’un album : des roses, comme autant de morceaux électro-pop sombre (« I see »), trip-hop lumineux (« Reflections »), pop-rock entêtant (« The shadow of the doubt ») ou aux portes de la new/cold wave moderne (« La dernière lumière rouge ») flottant sur un univers aux contours paisibles et maîtrisés. Si l’on peut regretter que la douce voix cristalline d’Amandine ne soit pas parfois un tout petit peu plus articulée et intelligible, elle porte seule et avec beaucoup de beauté et de fausse indolence, de fausse indifférence des textes intimes, en français ou en traduction anglaise, sur la maternité (« Mother ») ou la fuite du temps (« A lonely man »).

Le point d’orgue de cet album restant le somptueux et lancinant final éponyme « Ces roses flotteront sur l’eau », mêlant toutes ces influences pour un morceau dont on ne sait plus très bien si c’est de tristesse ou de joie nouvelle qu’il vous transperce.

Cet album, très équilibre entre sombre et juste ce qu’il faut de lumière, est une belle réussite, le sillon d’Aña se creuse dans un paysage d’instinct organique et de légèreté mélancolique. 

  1. Reflections
  2. La Dernière lumière rouge
  3. West
  4. The Shadow of the doubt
  5. Mother
  6. I see
  7. A Lonely man
  8. Une Étoile scintille
  9. Ces Roses flotteront sur l’océan

 

Myspace du groupe : http://www.myspace.com/anawave

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Akphaezya – Anthology IV (The Tragedy of Nerak) (2012-Code666/Aural Music) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/4607/2012/03/31/akphaezya-%e2%80%93-anthology-iv-the-tragedy-of-nerak-2012-code666aural-music/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/4607/2012/03/31/akphaezya-%e2%80%93-anthology-iv-the-tragedy-of-nerak-2012-code666aural-music/#comments Sat, 31 Mar 2012 10:19:18 +0000 http://www.lesimmortels.com/blog/?p=4607 Akphaezya - Anthology IV (The Tragedy of Nerak)Akphaezya propose un nouvel album d'anthologie.]]> nerak_bandFemme souvent varie. Derrière ce proverbe un tantinet sexiste – à peine, n’est-il pas ?- se dissimule à grand peine une condamnation de la versatilité prétendument féminine. Et cela n’a pas lieu d’être en l’espèce. Certes, après des mois sans mise à la « Une » d’artistes, en voici deux successives dans un intervalle réduit. Mais Le Blog des Immortels est une grande fille et a fait ce choix en son âme et conscience. La décision de mettre en lumière le travail d’Ending Satellites découlait de l’intégrité de la démarche, de l’intérêt du projet et bien entendu de la qualité du résultat proposé. Il en va de même pour le dernier album d’Akphaezya.

Celui-ci tutoie sans peine la perfection et constitue une claque monumentale en cette première moitié de l’année. A se procurer les yeux fermés.

C’est un peu court, n’est-ce pas ?

Il convient effectivement de développer, et pas seulement pour s’écouter écrire. Affirmer de manière laconique la qualité de l’album reviendrait à passer sous silence les différentes composantes de cette réussite.

Anthology IV (The Tragedy of Nerak) évolue comme son prédécesseur, Anthology II, dans un registre de métal progressif s’affranchissant à sa convenance des barrières pour évoluer et développer ses compositions. Guitares, basse, batterie et claviers tricotent leur ligne ou creusent leur sillon à l’instar du chant de Nehl Aëlin. Cette dernière peut alterner sans peine entre un chant clair empli de puissance et de brillance et les grognements de phacochère cacochyme et navigue à loisir dans le bras de mer de l’entre-deux. Cette faculté, combinée au sens de la nuance de l’ensemble des autres instruments, permet d’explorer les dimensions tant métal que progressive sans sombrer dans une caricature ou une outrance de mauvais aloi.

En l’espèce, une histoire baignant dans l’Antiquité et mettant en scène des relations contrariées et forcément tragiques est mise en musique par le groupe. L’artwork et les textes permettent de se plonger plus avant dans cette aventure. Et au fil des écoutes successives, l’évidence se fait : cet album est une réussite majeure. Certes, ce propos n’est nullement objectif, mais l’objectivité, je la prends…

Ahem… Trop d’enthousiasme tue l’enthousiasme.

Il serait faux de nier qu’il est difficile de ne pas avoir un a priori des plus positifs envers cette troupe de Stephan H. après écoute du précédent album, de Ghost of a child de Nehl toute seule ou des projets autres tels que Za Piratz ou 4humors (dites, il y aura-t-il d’autres morceaux ?). Mais une telle bienveillance peut être à double tranchant, et se transformer rapidement en amertume. Il n’en est rien en l’occurrence, bien au contraire. Cet album suscite un profond sentiment d’injustice : ce groupe et ses satellites mériterait amplement l’exposition que des mastodontes se fourvoyant dans des projets des plus hasardeux ou servant la même formule une énième fois peuvent avoir sans effort. Il est également de ces disques qui donnent envie de fermer les yeux, le sourire aux lèvres et des larmes de bonheur perlant au coin des yeux tant la musique proposée s’impose comme une évidence.

Il est certain que des défauts pourront être trouvés à The Tragedy of Nerak, et sans doute pas en raison d’une simple posture relativiste. L’essentiel reste cependant qu’il est difficile de prendre en défaut cet album sur ce qu’il est. La construction, les efforts, les réflexions ayant présidé à sa naissance semblent tellement dépassés qu’ils ne sont pas ressentis et l’absence d’aspérité à ce niveau ne fait que renforcer l’impact qu’il peut avoir.

Au final, les écoutes se suivent, bercées de la certitude que cet album fera date. Il ne saurait en être autrement. L’aventure ne peut que se poursuivre, il reste encore trois pièces à venir et à joindre à ce qui a été initialement présenté comme une pentalogie. C’est du moins ce que l’on espère, en ces pages. Et également ailleurs.

  1. Prologos
  2. A slow vertigo
  3. Sophrosyne
  4. Utopia
  5. Hubris
  6. Transe H.L. 2
  7. Genesis
  8. Dystopia
  9. Nemesis
  10. The Harsh verdict
  11. Epilogos

Site : http://www.akphaezya.com

Vidéo de « Nemesis » : http://youtu.be/xDKaSJd3rMs

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http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/4607/2012/03/31/akphaezya-%e2%80%93-anthology-iv-the-tragedy-of-nerak-2012-code666aural-music/feed/ 0
Ending Satellites – 7 billion passengers only one flight (2012/autoproduit) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/4569/2012/03/17/ending-satellites-7-billion-passengers-only-one-flight-2012autoproduit/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/4569/2012/03/17/ending-satellites-7-billion-passengers-only-one-flight-2012autoproduit/#comments Sat, 17 Mar 2012 15:35:53 +0000 http://www.lesimmortels.com/blog/?p=4569 Ending Satellites - 7 billion passengers only one flightEnvol du premier album d'Ending Satellites après les décollages successifs de ses EP.]]> es2Par essence, un satellite tourne. Seul, sur son orbite, il avance pour finir par repasser inlassablement par les mêmes points. Mais rien n’est inéluctable. Le décrochage est toujours possible. Et, ne serait-ce que par son nom, Ending Satellites, ne saurait ignorer la notion de finitude.

es37 billion passengers only one flight constitue également un terme, celui de la démarche ayant conduit à sa réalisation. Cette entreprise, ponctuée d’EP, a déjà été largement évoquée en ces pages, que ce soit ici, ou encore par . Le duo à la racine du projet, Séverine Godissart et Damien Dufour, propose des morceaux qui se regardent et des photographies qui s’écoutent et, surtout, qui s’entremêlent. L’atmosphère proposée est essentiellement mélancolique, mais cela n’exclut pas le mouvement, comme sur « The Next exit ». Pourquoi faudrait-il se laisser mourir en attendant la fin ?

es4Les compositions proposées créent sans peine leur bulle d’univers au travers des différents vecteurs explorés, mais sans pour autant figer l’ensemble. Si la forme est nécessairement arrêtée sur un support, l’émotion et les sensations produites restent mouvantes, et pas seulement en raison de la avlse des interprètes et contributeurs auquel les créateurs font appel. Chaque embarquement à bord du vol procure à la fois cette impression de renouveau et cette certitude quant à l’inéluctable, pensée non désespérée mais délicate, sensible.

es5Il n’y a qu’un vol, mais les places ne sont pas pour autant chères, l’accès aux morceaux étant en libre accès sur le site d’Ending Satellites. La ligne est ainsi sans doute appelée à devenir régulière, permettant au plus grand nombre d’adopter un point de vue plus surplombant.

es6Ici, chez les Immortels, nous ne pouvons qu’être sensibles aux questions de cycles et de fin. Avec les années, le blog se fait moins réactif, les actualisations sont un poil moins fréquentes que par le passé en ce moment. Pour autant, nous n’oublions pas notre envie de faire découvrir et de mettre en lumière les artistes qui le méritent. Si nous nous sommes penchés à plusieurs reprises sur Ending Satellites, ce n’est pas sans raison. S’il y a bien un seul vol commun à l’ensemble des habitants de la planète bleue, c’est celui de l’existence. A défaut, ou alors en sus, de vous plonger dans des abîmes de questions existentielles, profitez des instants offerts par Ending Satellites.

  1. The Long and quiet flight of the pelican
  2. The Next exit
  3. Halifax
  4. Il y a un corps qui tremble
  5. Untitled #01
  6. I’m a white horse
  7. Interlude 4
  8. The Last dance
  9. Nulle part le temps
  10. Draw the end until you have crashed
  11. Drive through this ghost on the side of the road
  12. Soetur drauma astin min
  13. Palos de la frontera
  14. Parcelles d’incertitude

Site : http://www.endingsatellites.com

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Berceuses des fées et petites sorcières (14 sortilèges pour s’endormir en bonne compagnie) (2011/Prikosnovénie) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/4415/2011/12/22/berceuses-des-fees-et-petites-sorcieres-14-sortileges-pour-sendormir-en-bonne-compagnie-2011prikosnovenie/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/4415/2011/12/22/berceuses-des-fees-et-petites-sorcieres-14-sortileges-pour-sendormir-en-bonne-compagnie-2011prikosnovenie/#comments Thu, 22 Dec 2011 09:58:58 +0000 http://www.lesimmortels.com/blog/?p=4415 Berceuses des fées et petites sorcières (14 sortilèges pour s'endormir en bonne compagnie)Nouveaux murmures au coin du feu en compagnie du label Prikosnovénie berceuses_chro

Premiers flocons. Vent froid. Solstice. Autant d’indices qui font dire que la magie de Noël approche. C’est bien le moment, avant de s’endormir, d’écouter des berceuses de fées et petites sorcières.

Cette excursion est une nouvelle fois proposée par Prikosnovénie, le label de référence en terres de Faërie. Ce cinquième volume de la collection La Nuit des Fées accueille en son sein de bien coquines sorcières, et se déroule aux côtés d’un recueil de quatorze contes illustrés cette fois encore par Sabine Adélaïde, qui décidément sait tendre l’oreille et peindre ce que disent les fées, et mis en plume par Régis Aubert. Des mots sensibles et des aquarelles légères, quatorze étapes qui accompagnent ici une nouvelle expérience sonore pouvant à loisir accompagner les contes ou être écoutées et savourées isolément.

Sur le plan musical, Prikosnovénie puise dans son riche catalogue pour offrir une œuvre collective dense, ciselée, marquée par l’heavenly et le folk éthérés, chevaux de bataille du label qui défend depuis toujours ces genres musicaux magnifiques et leurs scènes florissantes. À noter qu’Arnö Pellerin et Frédéric Chaplain, figures de proue du label, se mettent également à table sous le doux nom de code Arfang, offrant ainsi une démonstration des plus percutantes de ce que peut inspirer l’envol d’une chouette des neiges.

Comme à son habitude, l’expérience de La Nuit des Fées est maîtrisée et envoûtante. On y retrouve des valeurs sûres, fidèles d’entre les fidèles, comme Daemonia Nymphe, Pinknruby et Mediavolo. Ces groupes contribuent à l’atmosphère délicate de l’ensemble, entre suspensions, brumes de battements d’ailes diaphanes et quelques ricanements sardoniques. L’aspect fantastiques est restituée avec soin. La dualité contes / musique peut être déployée à destination de jeunes oreilles plus ou moins sages, afin de les guider vers Morphée. Mais les deux éléments ont tout autant adaptés à des auditeurs et auditrices plus âgé-e-s, pour peu qu’ils et elles soient toujours sensibles au merveilleux.

Évidemment, au lendemain du solstice d’hiver, il est plus que jamais d’actualité de célébrer toutes ces fées, ces sorcières, ces créatures mutines ou malicieuses. Qu’elles soient françaises, étasuniennes, italiennes, autrichiennes, finnoises, slovènes, anglaises, grecques, espagnoles, suisses, toutes se retrouvent en terre commune pour célébrer le sommeil de l’enfant (pas si) sage.

Car une fois encore, les fées existent. Les lutins aussi. Les sorcières aussi. Et, pour la beauté des yeux et des oreilles, tout ce petit monde n’a pas fini de tourner autour ce ceux et celles qui savent les entendre.

  1. MEDIAVOLO Hypatia
  2. ALMAVEDA Milaf
  3. BOANN Tamlin
  4. LES MARIE-MORGANE A ched an noz
  5. LILY STORM O bee dty host, lhiannoo
  6. SARAH SHAYNA Lullabies
  7. HEXPEROS Elettra’s lullaby
  8. ARFANG Arfang de la lune
  9. E.D.O. (ASHRAM) Sleep against the world
  10. ONDE Le songe de Kylann
  11. H.PETERSTORFER & RIJA Cradle Song
  12. PINKNRUBY Luka
  13. DAEMONIA NYMPHE Oneiro
  14. EYBEC Aire

Le label Prikosnovénie : http://www.prikosnovenie.com

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En toute subjectivité parfaitement assumée, c’est toujours une bonne chose que d’avoir des nouvelles de Tori Amos. Et comme bien souvent, c’est là où on aurait eu du mal à l’attendre que l’on retrouve la Dame. Comme les yeux les plus aiguisés l’auront remarqué, ce nouvel album est signé chez Deutsche Grammophon, la référence ultime de la musique classique de qualité. Le label allemand, dans le cadre de ses collaborations soignées avec des artistes hors de son milieu parfois un peu hermétique du classique, s’est tourné vers la pianiste rousse qui passe ainsi après Philip Glass et la légende de l’Avant-Garde Luigi Nono. Excusez du peu.

Et ce n’est pas peu dire que d’annoncer d’emblée que cette collaboration est une réussite absolue. En effet, depuis l’album Scarlet’s Walk (2002), sa ballade initiatique à travers les États-Unis, Tori Amos s’était davantage tournée vers des choses plus plastiques, plus graphiques, à l’image des transformations de son propre corps : perruques variées, régime draconien, chirurgie (non parce que l’on peut être une vraie fan et garder ses yeux et son esprit critique, faut pas déconner…), photos léchées à l’excès et retravaillées à l’envi. Les albums parus ont toujours été de très haut niveau, de très grande richesse, mais la femme à nu, flamboyante, arc-boutée sur des arpèges rageuses ou lovée contre des harmonies intimes, semblait bien loin, rangée dans un âge de raison insufflé par la maternité.

Mais voilà, même chez les légendes, les enfants grandissent… Et la petite Natashya a onze ans aujourd’hui. Sa mère peut ainsi se relancer tête baissée dans l’exploration des profondeurs de l’âme avec la vivacité qui était sa marque de fabrique.

Ce nouvel album est donc une alchimie de toutes ces composantes : le fameux label, l’esthétisme glacé, le creuset de la musique classique, la fougue et la sensualité, Natashya, pour revenir aux racines de la musique de Tori Amos, à savoir l’acoustique, le mélange piano-voix, l’authenticité brute, le tout mis ici au service de compositeurs qui ont inscrit leurs noms dans la légende, de Satie à Chopin en passant par Debussy ou bien sûr Bach. Chaque morceau est ainsi une relecture contemporaine de morceaux classiques incontournables interprétée en collaboration avec l’Apollon Musagète Quartet et des virtuoses du Philharmonique de Berlin. Et comme souvent dans les grandes œuvres classiques, les partitions de l’album sont mises au service de l’âme, des sensations. Dès les premières notes du premier morceau  »Shattering Sea », voilà que nous sommes embarqué-e-s dans des mouvements, dans des vagues enivrantes, à l’image du titre. En fermant les yeux, on peut très rapidement deviner la baguette du chef d’orchestre qui virevolte et qui tangue. Ce voyage se poursuit tout le long de l’album, croisant les éléments et la Nature, de la neige à le lune, de l’eau au feu. On y croise Annabelle à la voix profonde, interprétée avec un bel aplomb et un brio épatant par… Natashya Hawley et une muse portée remarquablement par Kelsey Dobyns, la nièce de l’auteure-compositrice-interprète-productrice, qui s’étaient déjà illustrées sur l’incontournable album de Noël Midwinter Graces (2009) et donnent une couleur particulièrement délicieuse et fraîche à l’ensemble.

Il est toujours difficile d’isoler un ou deux titres censément représentatifs, car Tori Amos livre ici, comme à l’accoutumée, un concept homogène où rien n’est laissé au hasard et qui emporte de bout en bout sans jamais se perdre en apartés. S’il fallait vraiment extraire quelque étendard portant l’album, ce serait  »Edge of the Moon » au lyrisme tout en nuances et aux multiples références à une certaine Lucy dans le ciel, qui change soudainement de direction en son milieu. Mais il est toujours dommage d’amputer une histoire de ses composantes et de ses personnages tant ce concept-album est fait pour ne pas se disloquer sans en perdre un peu le fil.

Tori Amos a donc retrouvé sa baguette magique et livre ici un bijou tel qu’on l’attendait depuis un moment, et qui à beaucoup d’égards offre des réminiscences d’Under the Pink (1994) dans ses côtés orageux, ombrageux, intimistes. Elle signe ici l’une de ses plus belles réussites, en relisant des monuments de la musique classiques sans la déguiser, la gâcher ou la moderniser à la hâte, sans tomber dans l’écueil de la moche «reprise», en laissant éclater ce talent qu’elle met au service de ses trois mains, les deux qui parcourent le piano et celle qui chante (d’après ses propres dires) depuis vingt ans déjà.

Foi d’Ear With Feet*, c’est simplement beau.

En concert au Grand Rex le 05 Octobre 2011, seule date française dans le cadre d’une tournée internationale.

*Les Ears With Feet (= oreilles sur pattes) sont les fans de Tori Amos, ainsi baptisés par elle au début de sa carrière.

  1. Shattering Sea
  2. Snowblind
  3. Battle of Trees
  4. Fearlessness
  5. Cactus Practice
  6. Star Whisperer
  7. Job’s Coffin
  8. Nautical Twilight
  9. Your Ghost
  10. Edge of the Moon
  11. The Chase
  12. Night of Hunters
  13. Seven Sisters
  14. Carry

Disponible en édition simple ou en édition coffret bonus avec un DVD incluant un documentaire ainsi que les vidéos de  »Carry » et de  »Nautical Twilight ».

Site officiel : http://www.toriamos.com/

Site non-officiel (mais chaudement recommandé) : http://undented.com/

Site de Deutsche Grammophon : http://www.deutschegrammophon.com/

noh2

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http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/4191/2011/09/25/tori-amos-%e2%80%93-night-of-hunters-2011-deutsche-grammophon/feed/ 1
Nero – Welcome Reality (2011/MTA) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/4015/2011/09/19/nero-welcome-reality-2011mta/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/4015/2011/09/19/nero-welcome-reality-2011mta/#comments Mon, 19 Sep 2011 10:09:38 +0000 http://www.lesimmortels.com/blog/?p=4015 Nero 585

Pendant que David Guetta met le feu à l'électro française (dans le mauvais sens du terme) Nero incendient l'Angleterre (dans le bon sens du terme).]]>
Nero - Welcome RealityLa France et ses contradictions : bien que pouvant se vanter d’être le bastion de l’excellence électronique, notre beau pays n’en est pas moins relégué au rang des grands perdants du nouveau siècle. Les patriotes chauvins qui me lisent me demanderont comment une telle chose est possible; notre douce France ayant donné naissance aux plus grands artistes de la discipline. Faut-il rappeler Daft Punk, Cassius, Etienne de Crecy ou bien Mr Oizo ? Non. Mais depuis ? A part le soubresaut Justice, et encore les premières fuites du nouvel album laisse présager le pire, il faut se tourner vers les frontières (l’infini ?) et au-delà pour voir du neuf.

Noisia ? Pays-bas ! Pendulum ? Australiens de souche installé en Angleterre. Deadmau5 ? Canada ! Eric Prydz ? Suède. C’est bon vous avez compris ? Ah non j’ai oublié Skrillex, très énervé et influent en ce moment et qui nous vient tout droit de Los Angeles. Non seulement ceux qui font les bons sons ne sont pas / plus dans le pays, mais des genres entiers ne traversent pas nos frontières. Parmi ces genres, la drum and bass et le dubstep, dont nos amis d’outre-Manche sont si friands.

La production, je dirais même la profusion de titres dans ces genres est telle, que sortir du lot là bas est un vrai tour de force. Et pourtant. Nero a sorti son premier album, Welcome Reality, sur le label MTA (le label de Chase and Status, tout de même) cet été. Bilan ? Premier single « Promises », classé 1er le jour de la sortie, et même chose pour l’album. Autant dire que Nero porte bien son nom : ils ont regardé Londres du haut de leur studio, et ils ont tout brulé.

La tuerie est-elle justifiée ? Avant toute chose, nous parlons ici de la version Deluxe de l’album, qui contient des pistes supplémentaires indispensables à la bonne appréciation de l’œuvre. Nero a touché à tout : dubstep, drum and bass, electro, nu disco, break et même une version symphonique de leurs thèmes principaux. La version normale vous privera par exemple de « New Life » et « Choices », les deux seuls (malheureusement) titres drum and bass. Mais aussi de « Angst », la remix dubstep de « Stress » (Justice). Faites notamment attention à Spotify qui ne propose que la version régulière.

Il faut donc voir cet album comme un long voyage, aux pays des influences du duo londonien. Dans tous les cas, c’est techniquement très propre. Les basses sont massives et bien exécutées, les vocals en parfaite harmonie avec l’ambiance. Les titres s’enchainent et on ne voit pas le temps passer. Même « Crush on You », façonné à la manière des années 80 arrive à être accrocheur, avant de prendre son virage dubstep. On retrouvera bien sûr « Me and You » et « Innocence », qui avaient occupé les premières places sur Beatport dans cette même catégorie, mais aussi « Promises », véritable hymne tubesque mélangeant électro et dubstep. Avec une mention pour le clip, pas original mais plutôt bien fait pour un « petit » groupe anglais. Certains titres sont certes un peu en-dessous : « My Eyes » ou « Scorpions ». Mais on les excuse, ils servent de liaison à d’autres titres bien plus péchus : « Guilt » et « Crush on you ».

Que trouver de négatif à ce premier album ? Pas grand chose lorsqu’on aime l’électro bien faite en général. Par contre, si vous attendiez une révolution, vous serez déçus. Vous avez un pot pourri de morceaux illustrant la culture musicale des auteurs Daniel Stephens et Joe Ray ; mais en aucun cas des sons ou mélodies jamais entendues à ce jour. Ne sort pas une bombe musicale à la « Da Funk » ou « La Mouche » qui le veut. Est-ce suffisant pour bouder Nero ? Certainement pas. Alors à tous ceux qui hésitaient à gouter à l’électro anglaise, c’est le moment de vous lancer !

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Sonisphere France 2011 : un accouchement difficile http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/3844/2011/07/18/sonisphere-france-2011-un-accouchement-difficile/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/3844/2011/07/18/sonisphere-france-2011-un-accouchement-difficile/#comments Mon, 18 Jul 2011 10:00:24 +0000 http://www.lesimmortels.com/blog/?p=3844 SONISPHERE 2011 585

Au Sonisphère, les quatre pères du Thrash s'unissent pour donner un beau bébé... Pas tout à fait entier. Carnet d'une grossesse qui aura duré deux jours.]]>
A l’heure où j’écris ces lignes, je suis dans le bus qui me ramène chez moi. Metallica a fini son set il y a moins de deux heures, mettant un terme avec lui à la première édition du Sonisphère France.
Bon, arrêtons le spoiler ici, et reprenons du début.
Pour ce périple à l’autre bout de la France je choisis de prendre le bus : économique, convivial et surtout pratique car il vous pose et revient vous chercher sur le lieu même du festival. Et puis aussi une soudaine envie de me la jouer Tour bus façon Rock Star (en un peu plus à l’étroit sans doute et plus nombreux, sauf si je suis un membre des Polyphonic Spree).

Douze heures plus tard, je découvre enfin la merveilleuse cité d’Amnéville, théâtre des futurs événements. Mais d’abord, planter la tente. Certainement surpris par la forte affluence des métalleux des quatre coins d’Europe (eh les mecs, on parle du Sonisphère quand même…), l’organisation a mis à disposition un troisième camping gratuit se situant à quelques kilomètres du festival et, tels des David Vincent en puissance, peu d’entre nous l’ont trouvé. Résultat : les riverains ont vu leurs parcs et autres terrains de foot squattés par des champignons de type Quechua.
Ça commence plutôt bien… mais il est temps de mettre les pieds dans le plat.

Vendredi 08/07/11 :

SONISPHERE 2011 Scène Appolo by Tiz

Même s’il n’est pas très bien indiqué, le site du festival est facilement reconnaissable de loin car en hauteur. Je décide donc de suivre mes congénères pour repérer l’entrée qui, comme je l’apprendrai quelques heures avant de repartir, n’est pas du tout l’entrée officielle du festival (cette route-là non plus je ne l’ai jamais trouvée).
J’arrive enfin sur les lieux, et là je trouve ce qui s’apparente plus à un camp de réfugiés qu’à un gros festival européen : une entrée (de service) flanquée d’un campement sur béton, un accès déjà crade alors que rien n’a encore commencé, un écran géant qui passe des extraits de concerts des groupes que nous allons voir, histoire de nous rassurer d’avoir fait le bon choix une dernière fois, à la Soleil Vert.
La topographie du terrain laisse un peu perplexe : trois niveaux différents (dénivelé de 60 mètres environ). Dès la première montée lors du premier concert les gens autour de moi se plaignent de l’effort à fournir en prévision des deux jours, et pour les plus enclins à l’alcool d’entre eux, ils prévoient d’en profiter pour décuver en moins de deux, ou bien de se laisser rouler jusqu’en bas. On trouve donc en premier un espace dit détente, puis un espace restauration et enfin dernier étage, les scènes : tout le monde descend.
Au nombre de deux, Appolo et Saturn de leur petit nom, elles se font étrangement presque face. Situées à distance raisonnable l’une de l’autre (mais pas si éloignées que ça non plus…) les groupes vont s’enchainer à tour de rôle. Une véritable partie de ping-pong va démarrer.

Rise to Remain :

Ouverture du Sonisphère. C’est Rise to Remain qui a la lourde tâche de chauffer le festival sur la petite scène Saturn. Il est 15h30, et même au nord de la France le soleil cogne dur. Mais c’est encore tout émoustillé des concerts de Iron Maiden dont ils assurent les premières parties depuis quelques mois, que le groupe se jette à fond dans sa mission.
Pogos et autres slams sont de mise en quelques morceaux. L’ambiance est là, à son comble, mais on la doit surtout plus à une audience surexcitée par l’événement Sonisphère en lui-même que par les quatre gars sur scène qui essaient de soutenir comme ils peuvent (et surtout en gesticulant) un lead qui, ne trouvant pas suffisant de chanter faux, n’articule pas un mot (et c’était déjà le cas lors des concerts de Maiden). On se dit qu’après tout, en live, le plus important c’est de s’éclater et pas de faire un traité philosophique sur les paroles.

SONISPHERE 2011 slam by Tiz

Bukowski :

C’est au tour des petits gars de Bukowski de faire leur entrée, et on ne parle pas de n’importe quoi : les p’tits frenchies ont droit à la plus grande scène ! Les premières parties ça les connait, mais de cette ampleur-là, faut voir. En tous cas ils sont remontés à bloc et prêts à tout balancer, mais, justement, un petit défaut sonore fait son apparition. Un batteur qu’on entend à peine (et c’est bien dommage vu le mal qu’il se donne) Mat, le chanteur guitariste, qui a aussi l’air de s’égosiller pour faire sortir un son potable à la hauteur de sa voix grave, rien n’y fait, tout est sourd. Heureusement le public est perfusé sous adrénaline et fait partager ses décharges, et c’est bien mérité vu l’énergie que le groupe déploie.

Symfonia :

Véritable melting pot européen, les membres se sont retrouvés autour d’un métal mélodique mené par un ex-Angra, un ex-Stratovarius et un ex-Helloween ! Bien que ce ne soit pas ma partie, il faut avouer que les intros sont très originales et plutôt intrigantes. Puis, très vite, le niveau retombe dans le genre pur du mélodique pour ne se perdre qu’à travers vocalises aigües et tremolos soutenus par la double pédale. Là encore des soucis de sono avec des baisses et des montées de tension dans les micros.
Et puis ce qui était à prévoir est arrivé. Les balances de Bring Me The Horizon (groupe à suivre) se faisant en même temps que le set de Symfonia, ceux qui, comme moi, se retrouvent au milieu des deux scènes à ce moment précis ont juste droit à une soupe immonde de décibels inaudibles, et je ne vous raconte même pas lorsque Symfonia marque un temps d’arrêt pour mieux nous faire voyager dans les hautes sphères, soulevés par les orgues et manteaux de velours enluminés au vent : une guitare électrique pas tout à fait accordée fait écho, et tous les yeux se tournent ! Mauvais choix tactique ou fait exprès de la part des english metalcoreux ?
Leçon n°1 : il faut donc faire un choix ferme sur ce qu’on va voir et écouter mais pas d’entre-deux.

Bring Me The Horizon :

SONISPHERE 2011 Bring Me The Horizon by TizIls ont décidé que ça allait être eux qui ouvriraient réellement le festival en mettant juste le public, que dis-je, l’arène en total bouillonnement. Oui, il s’agit bien d’un combat façon mosh dans les premiers rangs, et certainement le même affrontement se joue entre les cordes vocales du chanteur. C’est visiblement tout ce que demandaient les plus impatients d’entre nous.
La sono, elle aussi, doit apprécier le spectacle car elle est finalement calée au quart de poil, et pour accompagner tout ça en beauté les lumières commencent à faire leur apparition. Cerise sur le gâteau, et fait assez rare, certains photographes de presse, normalement parqués au pied de la scène, le nez en l’air, s’invitent au milieu du public sur un de leur carton qu’est « Chelsea Smile ». Il faut dire que ces jeunots savent plutôt bien s’entourer, et ont même été mixés par des membres de Slipknot !
Il ne manquait qu’une chose pour couronner définitivement le show du succès tant mérité : un circle pit. Aussitôt demandé….. Ah si, j’oubliais : « Give me a high five ! Get up here ! Closer! » Et c’est bas dans l’enfer de la fosse avec le chanteur et haut dans les airs avec son guitariste, perché sur le toit d’Appolo, que Bring Me The Horizon termine son set.
Je déclare le Sonisphère France 2011 officiellement ouvert !

Evergrey :

Rien d’exceptionnel à dire, si ce n’est que le public est resté fidèle à la scène Appolo (la plus grande) pour être sûr de ne pas rater une miette du poids lourd qu’est Mastodon.
C’est donc d’une oreille lointaine que je surveille la prestation des suédois, derniers ajoutés à la liste Sonisphère, et dont le récent album Glorious Collision a remporté un franc succès lors de sa sortie en début d’année. Habitués depuis de nombreuses années à la scène, ils assurent leur set sans encombre.

Quelques minutes pour checker mon planning et je décide que je ferai le reste des concerts d’une traite après avoir fait un petit tour espionite et pris des forces.
Dans la séquence ‘’j’ai testé pour vous’’ : le Snowhall ! Et oui, le Sonisphère est implanté directement au pied d’une piste de ski indoor. En cette période de festival il n’est pas très étonnant de ne trouver pratiquement personne sur la poudreuse : quel gus viendrait s’encombrer d’une doudoune et d’une paire de ski alors qu’il prévoit de pogoter sur Slayer ?

SONISPHERE 2011 Snowhall by Tiz

Je continue mon tour, en flânant volontairement autour des points merch, des tables judicieusement placées en plein cagnard et des stands de binouzes, pour me faire une idée de la faune présente : des metalheads lambda. De la bière à flot, des T-shirts à l’effigie de groupes présents au festival ou pas, une allure faussement négligée, des tatouages de tête de mort, de Metallica, de Rammstein (tiens ?…), de flammes de l’enfer consumant des bouquets de roses. Le metalhead aime discuter avec son voisin dans une langue pas tout à fait compréhensible et aime beaucoup bousculer les gens un peu trop statiques sur son passage. Il aime aussi se prendre en photo en tirant la langue et faisant les cornes de la bête. Bref, un gars sympa, quoi.

SONISPHERE 2011 ambiance by Tiz

Dans la séquence ‘’nous avons tous testé pour vous, et vous nous êtes redevables parce qu’on a tous perdu dix ans d’espérance de vie’’ : la bouffe ! Là aussi une sauce spéciale festivals du monde entier, avec son lot de burgers mous, de saucisses fumées en plastique et de frites pas encore tout à fait décongelées ; tout ça pour la modique somme de 1,25€ le ticket ! (sachant qu’il faut 3 tickets pour un plat et que les boissons sont payées en cash uniquement, dans combien d’heures la baignoire sera-t-elle remplie ?)

Côté pas du tout pratique, si on veut trouver un truc à manger vite fait entre deux sets (c’est-à-dire dans un temps restreint à dix minutes) il faut redescendre d’un niveau, traverser une marée humaine à contre-courant, se frayer une petite voie d’accès au plus près possible des stands pour passer commande. Il faut ensuite songer à faire le chemin inverse, sachant que vous aurez largement perdu votre place au troisième rang à l’ombre. Y’a pas un petit problème de logique dans tout ça ? Par contre, si vous voulez sombrer dans un coma éthylique c’est à tous les étages.

SONISPHERE 2011 montée by Tiz

Bon côté des choses : grâce au principe des gobelets réutilisables, désormais classique des festivals et autres salles de concert, le site reste assez propre. Bref, il est temps pour moi de revenir à mes moutons.

Mastodon :

Il n’est un mystère pour personne que Troy Sanders, chant et basse, en a plutôt sous le pied question coffre, et il faut donc s’attendre à se faire allègrement piétiner par sa puissance. Après les avoir plébiscités pendant dix minutes, le public en a eu pour son compte dès les premières notes. Toutes barbiches et cheveux au vent, les quatre pachydermes nous en mettent plein la tronche et se lancent dans des parties instrumentales à rallonge. Mais avec eux c’est le deal : peu de mots, de la grosse glotte et des guitares lourdes, rapides et techniques. Et on en redemande, et on scande « Mastodon Mastodon ! », les biens-nommés. Ça y est, Sonisphère est déjà dégoulinant de sueur.

SONISPHERE 2011 Mastodon by Tiz

Gojira :

En voilà un défi à relever…. Forts de leur expérience des scènes internationales (avec notamment une première partie de Metallica !) les gars de Gojira vont-ils faire carton plein au Sonisphère ?
Et ça crie, et ça siffle, et ça appelle et applaudit. Ils se laisseraient pas légèrement désirer les petits qui montent ? Finalement, un son rauque qui sort du fin fond des poumons s’élève de la foule à l’unisson : il doit se passer quelque chose devant. Trois coups de cymbales et c’est open bar pour les basses….un peu trop peut-être. Dès que le batteur donne un coup de grosse caisse ça résonne jusqu’à l’autre bout de la ville, le cœur qui vous monte à la gorge en prime. Gojira légèrement adepte de double pédale, je me dispense de détailler le mal être qui plombe l’audience pourtant survoltée. Rajoutez une pincée de larsen et comprenez que le set démarre, après tout, comme ce qu’il doit être : du Death Metal. Et finalement, les cornes du diable se lèvent un peu partout.
Même avec le soleil en pleine face, ils ne lésinent pas sur les riffs lourds et les breaks à la vitesse de l’éclair, et les français demandent même à ce que l’orage et la foudre se déchaînent au centre d’un circle pit. Comment ça on « s’économise pour la tête d’affiche ? » Bon avouons-le, il fait chaud et on a déjà pas mal donné. Et puis parfois on aime juste être au spectacle, se contenter de se dire combien le batteur est juste énorme (et doit certainement se balader avec sa perf d’adré dans le bras), et reprendre sa respiration parce que le meilleur reste à venir. Promis, on vous sera tout dédié la prochaine fois.

SONISPHERE 2011 Gojira by Tiz

Dream Theater :

Dream Theater a une actualité drumistique plus que bouillante avec le départ de Mike Portnoy. Suite à une audition internationale, c’est donc Mike Mangini qui a senti dix mille tonnes se rajouter sur ses épaules, et se place derrière la batterie aux mensurations imposantes.
Malgré encore quelques problèmes de son, les gros effets de lumière et d’animation allégoriques et ésotériques sur les écrans géants nous indiquent clairement qu’on rentre dans la cour des grands en terme de pognon mis dans le show (même le clavier se paye des vérins hydrauliques), mais pas forcément en terme de qualité scénique. Le public ne semble pas s’enflammer à chaque morceau ; et s’il fait ce qu’on lui demande (« clap in your hands ! ») ce n’est peut-être que pour lutter un peu contre le froid qui tombe sur Amnéville. Seul un petit noyau central en face de James LaBrie semble s’intéresser à ce qui se passe. Les autres sont peut-être là pour grappiller du terrain et espérer être au premier rang pour Slipknot (comme moi, quoi).
Mais peut-être n’est-il juste question que d’un public de métalleux sages et respectueux, parce que franchement ils se la donnent quand même sur scène ! Mangini, quant à lui, devra attendre encore un peu avant de trouver complètement sa place dans le cœur des fans de Portnoy, sa façon de jouer étant un peu crispée comparée à l’ex-batteur du groupe qui adoptait un style plus fluide et envolé. Encore un peu de pression ?…

Airbourne :

Les trois coups de bâton d’Airbourne sont tout simplement majestueux. Au même titre que Metallica et sa désormais incontournable intro avec Le bon, la brute et le truand, ils reprennent un monument du cinéma : Terminator II. Et ils ont décidé d’être à la hauteur, dans tous les sens du terme.
C’est avec des étoiles bleues et blanches parsemées dans le ciel de la scène que le chanteur, Joel O’Keeffe, nous prouve ses talents d’acrobate en se hissant, avec sa guitare sur le dos, sur les poutres métalliques de Saturn qui, même si elle est plus petite, fait bien ses vingt mètres de haut. Un classique, mais ça fait toujours son petit effet.
Même si les guitares sont pointues, le style capillaire un peu rétro 80’s, le spectacle est grandiose, l’énergie y est et tout le monde est captivé ; jusqu’au dernier rang ; jusqu’à la scène Appolo. Alors que le décor hallucinant de Slipknot se monte doucement mais sûrement, tous les yeux et toutes les oreilles (et même les doigts de pieds) sont tournés vers les riffs d’Airbourne ; et les têtes headbanguent. Ils sont au point pour tout exploser sur leur passage, et d’ailleurs ils embarquent actuellement leur dernier album No Guts, No Glory sur les routes. *note pour plus tard : aller voir Airbourne en concert*
La voix, la présence scénique y sont, et, une fois encore, si on doit trouver un défaut majeur à ce festival, c’est la mauvaise gestion de la sono : des cris assourdis, des basses trop fortes, des sons qui sautent et, nouveauté du moment, des saturations (ça serait vraiment bien si les ingés se décidaient à faire un truc pour ça…).
C’est donc un grand concert qui est à regret éclipsé par certains festivaliers trop pressés de voir le blockbuster qui arrive.

Slipknot :

Le point culminant de cette première journée est enfin arrivé. Je n’arrêtais pas de dire depuis quelques temps que je me couperais bien le bras gauche pour voir Slipknot (je garde quand même le droit pour …). Et maintenant j’y suis. Alors mon moignon et moi on se regarde et on se dit qu’on mérite bien un bain de foule. C’est comme ça que je profite du spectacle pas plus loin qu’au troisième rang.

SONISPHERE 2011 Slipknot by Tiz

*Je me permets ici de faire un aparté « bon plan » : si vous aussi, comme moi, vous voulez accédez à la fosse, là-bas, tout devant la scène, pour recevoir la transpiration de votre artiste préféré sur le visage, il faut avoir un pass spécial fosse (tiens ?…). Ayant récupéré ce Graal complètement par hasard, c’est dans toute ma naïveté que j’ai appris que le nombre de places était limité à trois mille par jour, renouvelables. N’hésitez donc pas à vous lever tôt, car y’en n’aura pas pour tout le monde.*
Slipknot, donc. N’en doutez pas, ceux-là travaillent leur esthétique et leur mystère : leurs masques ramenés à de purs chefs-d’œuvre, leurs costards orange de taulards américains, des percus qui montent et descendent, faisant de la concurrence à une batterie montée sur vérin hydraulique où n°1 – Joey Jordison, harnaché dans son siège baquet, finira la tête en bas mais continuera à abuser de sa double pédale (ce gars doit avoir un troisième pied caché).

SONISPHERE 2011 Slipknot by Tiz

Je passe sur le superbe décor industrialo-design, tout d’acier forgé ; je passe sur les high five et slams de n°3 ; je passe sur les projections d’étincelles et de boules de feu qui étaient superflues pour enflammer un public aussi déjanté que les neuf fous furieux présents sur scène. Oui, vous avez bien lu ; neuf. Avant même que le premier d’entre eux n’apparaisse on stage, le costume orange de Paul Gray, alias n°2, le bassiste tristement disparu il y a à peine un an, était installé au centre pour ne plus en être déplacé. Le groupe, mené magistralement par n°8 – Corey Taylor, lui rendra de multiples hommages, de la simple dédicace à la projection d’un 2 géant en fond de scène, en passant par un « S » enflammé au milieu de huit autres tout le long du concert. Pour finir (et après qu’ils nous aient gratifiés d’un rappel ; le seul de la journée), tous, à tour de rôle, viendront rendre un dernier hommage à l’uniforme orange qui restera seul bien après les dernières notes. Une communion partagée par un festival entier qui, doucement, s’endormira avec le souvenir de tous ceux qui nous ont quittés, comme Ronnie Dio, Jimmy The Rev et un certain Patrick.… (pour ne citer qu’eux).

SONISPHERE 2011 Slipknot /Paul Gray by Tiz

Samedi 09/07/11 :

Mass Hysteria :

Groupe à assurer l’ouverture en ce deuxième et dernier jour du Sonisphere Festival, c’est après un long retard que les portes ne se décident toujours pas à ouvrir pour laisser passer le déjà très nombreux public venu supporter le groupe français qui n’en finit plus de grimper dans le genre : Mass Hysteria. Du coup, en plein milieu des balances dont nous profitons comme des préliminaires au show, Mouss, le chanteur, nous adresse la parole à l’aveugle mais pas en sourdine : « y’a du monde qui attend ou quoi ?!! » Au son de la réponse des impatients, le concert risque bien d’accomplir sa mission de chauffeur de salle. Il est 14h30, et le staff en est encore à faire les soundchecks. Ça sent la gueule de bois chez les ingés son…

SONISPHERE 2011 Mass Hysteria by TizCe n’est que plus d’une demi-heure plus tard que les micros se mettent à trembler au son de « êtes-vous prêts à provoquer ?! » Et c’est encore depuis les backstages que le chanteur nous annonce qu’on n’a que trente minutes pour la guérilla. Mais c’est ok, tout le monde est là ; et mon bras ayant repoussé dans la nuit, je suis moi aussi prête à m’agiter sur nos très chers Mass Hysteria nationaux.
Premier test sono grandeur nature de la journée : les basses sont de meilleure qualité que la veille. Prise dans la lassitude de l’attente j’en ai oublié de mettre mes bouchons, et dix minutes après le début du concert je m’en suis toujours pas aperçue ; et c’est très bien comme ça.
Des paroles toujours très engagées qui pourraient gêner parce qu’en français, mais emportées par de telles basses ça glisse comme dans du beurre. Mais la balance ne tient pas et sur cette scène Saturn un son des plus désagréables tourne, au point que Mouss en fait la remarque. Réponse : saturation dans les enceintes.
Pas grave, on enchaîne. Maxi combo : circle pit, braveheart, bains de foule avec tous les zicos, offrande d’une bouteille au public, une petite reprise de Metallica en guise de clin d’œil, lors d’une fameuse première partie aux arènes de Nîmes, et la désormais traditionnelle photo de groupe devant le public, menée par le non moins célèbre photographe Eric Canto !
Pas de doute que ça a été la meilleure première partie que j’ai vu depuis un moment. Mass Hysteria : leader d’un jour du Big 4 made in France avec Bukowski, Gojira et Loudblast.

Diamond Head :

Voici un groupe de légende qui n’y est jamais rentré… dans la légende. Qui plus est après ce qu’on vient de se manger, Nick, le chanteur du groupe, a un certain défi à relever avec sa voix qui tire plutôt vers les aigües. Du coup, elle parait fluette, sans rage, presque fausse, et pas aidée par une batterie plutôt monotone en comparaison. Alors il faut être un peu initié ou au premier rang pour s’enflammer. Si ce n’est les riffs lourds, qui fonctionnent toujours dans toutes les situations pour faire dodeliner du haut du corps, une bonne partie du public a préféré rester fidèle à la petite scène et se prépare déjà à supporter le groupe suivant.
« Am I evil », leur tube interplanétaire qui n’est pas loin de fêter ses 25 printemps, se catapulte dans la séquence nostalgie mais le problème c’est qu’il dure des plombes ; et quand le morceau finit, le set avec lui. Dire qu’ils en ont influencés plus d’un…

Loudblast :

Voilà, l’heure est enfin venue de sortir les tifs les plus longs que vous ayez en stock et de les agiter frénétiquement devant la scène, signe que vous rentrez en communication et en totale harmonie avec le groupe : Loudblast a pris place. Les cinquante minutes se passent bien, sans dommages mais sans grande révélation non plus. Malgré une longévité (rare) du groupe, c’est quand même pas banal de se retrouver devant un parterre qui s’étend (presque) à perte de vue, non ? Ok, les quatre français donnent ce qu’ils ont, mais on en attendait peut-être davantage à cette heure-ci. Dans le public, on sent bien aussi que derrière se prépare Anthrax qui lancera le Big 4, et ça, ça pardonne pas. Avant même la fin, une partie de la foule part en direction opposée vers la scène Appolo. Pourtant, les musiciens jouent leur rôle de gros durs death métalleux sans conteste, et le lead n’hésite pas à s’adresser à ses fans en anglais en gardant sa grosse voix qui fait peur…. Un peu trop dans leur rôle finalement….

SONISPHERE 2011 Loudblast by Tiz

Anthrax :

Tous les metalheads du Sonisphère sont au rendez-vous et la population semble avoir doublé comparée à la même heure la veille. Les lumières sont désormais activement de la partie, Joey Belladonna, ayant laissé de côté ses projets solos pour faire la fête avec ses anciens potes, et les micros semblent être au mieux de leur forme et même le temps, légèrement voilé, mais pas du tout pluvieux comme prévu (merci Lord of Metal), permet de se donner à fond sans risquer le malaise : le Big 4 est officiellement lancé.
Évidemment les grands standards sont préférés, on est dans un festival après tout, on ne vient pas que pour Anthrax uniquement (quoique…), mais ils se permettent au passage d’envoyer quelques nouveautés de leur dernier album qui sortira chez nous en septembre. Et puis… ce que nous attendions tous sans nous l’avouer est arrivé : « Antisocial » ! (prononcez : n’tisochol). Et oui, leur si fameuse reprise (in english, please) de nos très chers Trust… rien de tel pour mettre tout le monde dans sa poche en France (comme s’il leur fallait encore ça).

SONISPHERE 2011 Anthrax by Tiz

Volbeat :

Spécialistes du mélange presque inédit de vocalises presleyiennes et de riffs et basses bien métalleux, menés par un lead au look rétro blindé de tatouages. L’influence majeure se voit comme une banane au-dessus de la tête : Johnny Cash, dont ils n’hésitent pas à reprendre un morceau. Mix entre pogos et twists endiablés dans l’assistance, dégustation de binouzes fraîches, l’atmosphère est détendue, à tel point qu’en plein milieu du set Michael Poulsen, le chanteur, se permet une blagounette à propos d’un certain Big 5 dont ils seraient le n° 5 (n’oublions pas qu’ils ont plusieurs fois assuré la première partie de Metallica) ; et le public crie d’un avis favorable. S’ensuivent des déclarations d’amour à chaque fin de morceau. Et dans les rangs ça slame en beuglant du « I only want to be with you » de Dusty Springfield à la sauce Volbeat. Et c’est avec des riffs puissants sur un rythme presque reggae que le chanteur charismatique s’offre un petit circle pit suivi d’une petite rasade de Jack Daniel’s aux cris de « Vol-beat ! » d’un public en effervescence. Apparemment, le style passe plutôt très bien auprès des metalheads. Il faut dire qu’il y a un peu de James Hetfield dans cette voix…
La fin du show approche (déjà) et comme d’habitude le batteur, premier arrivé sur scène, est le dernier à partir, le temps de balancer ses baguettes et même une peau préalablement dédicacée par le groupe. Pour ma part, je ressortirai de là avec la sensation d’une belle découverte live.

Slayer :

Dès la fin du premier morceau, trois minutes sans que plus rien ne se passe sur scène. C’est normal, tout va bien, Tom Araya n’a pas fait de malaise, non, c’est juste les trois quarts du Sonisphère réuni aujourd’hui qui fait une ovation au groupe en tapant dans les mains et scandant leur nom. Ne reste plus qu’à se poser, apprécier et sourire : c’est ce que fait Tom. Et quel sourire… Je me suis toujours demandé comment un homme avec un tel visage d’ange pouvait faire du Trash Metal… Et en plus il sourit toutes les cinq minutes le bougre, chose assez rare dans ce milieu pour être signalée.
Une déferlante extrême nous submerge et on est tous là, bras ouverts, pour se faire piétiner par les plus gros morceaux du band, du style « Raining Blood » ou « Angel of Death ». Oui, tout ici a été créé par l’ange de la mort : les riffs, le rythme, les cornes fluorescentes dans le public, les manches de guitares, la chaleur en pleine face. Le diable vient de débarquer, c’est sûr, et c’est pour notre bien.

SONISPHERE 2011 Slayer/chaleur by Tiz

Mais c’est à travers les lignes qu’il faut lire, et en fait ça fait trente ans que ces gars-là essaient de délivrer un message d’amour : « do you feel free ? I dedicate this song to the world. » Et quand un mec se balade avec une bite gonflable géante dans le public : « This guy is pretty free! Would you give your life for freedom ? » Et comme nous sommes dans une journée de grâce, tout le monde dit oui.
A partir du quatrième morceau il est devenu impossible de se tenir à proximité de la scène sans être atrocement écrasé par des hordes de métalleux remontés à bloc qui ont décidé de leur propre chef d’entamer une suite circle pit / pogo. Les petits chevelus fraichement shampooinés au premier rang s’accrochent dur aux crashs barrières, ou se mettent à distance raisonnable pour continuer à headbanguer doucereusement au rythme de la double pédale. Les 172 premiers rangs sont chauds, et dans l’assistance ça ne rigole plus : les blousons cloutés et les vestes patchs sont sortis, le noir est de rigueur, les maquillages sont copyrightés Marilyn Manson et la lecture sur les T-shirts s’est enrichie en Metallica. Ca sent bon la tension qui monte.
Le seul bémol dans tout ce joyeux foutoir, c’est que depuis le début, on a véritablement l’impression que les groupes, et même les plus gros d’entre eux, s’en vont un peu comme des voleurs, sans même une dernière pour la route. Slayer ne fera pas exception. Dommage.

Papa Roach :

Retour sur la petite scène Saturn. Vu la tête que fait le drum tech derrière la grosse caisse depuis plus de dix minutes, il y a apparemment un petit souci de balance (tiens donc…). Soudain, un gros boum sortant des enceintes nous éclate en pleine figure, suivi d’un bruit saturé à 80.000 Watts. Un truc s’est peut-être débouché dans les tuyaux, mais en attendant, nous, on n’a plus besoin de bouchons pour l’heure qui vient puisqu’on est sourd. Une question me vient subitement à l’esprit : mais qu’ont fait les technicos pendant le set de Slayer ? C’était pas à ce moment-là de faire les balances ? Et au son des « Ouuuuh !! » de mes voisins, je comprends que je ne suis pas la seule à m’interroger.
Voilà Papa Roach sur scène : look EMO qui ne veut pas vraiment s’avouer, gesticulements ininterrompus s’approchant de près à ceux des rappeurs. Au bout de la troisième chanson la voix commence à se faire moins précise et manque un peu d’air, mais l’énergie est là et tout le groupe chante à l’unisson avec son public (avec, étrangement, une moyenne élevée de jeunes filles). Un petit coup de mou certainement dû au soleil qui cogne directement sur scène (ou au léger rhume de Jacoby qui crache et se mouche beaucoup ; comme à son habitude me direz-vous).
Il faut admettre que leurs morceaux sont faits pour « jumper » sans retenue, avec des pauses qui ne rendent que meilleures les reprises de couplets et des passages plutôt teintés de hip-hop. Pour un de leurs morceaux le leader du groupe se paye même un bain de foule perché sur les crashs barrières. Désormais, si la majorité du public squatte devant la scène Appolo pour le grand final (qui n’est que dans quatre concerts, mais soyons prévoyants), ceux qui sont présents semblent profiter pleinement de la prestation et n’ont décroché à aucun moment.

Megadeth :

Un des groupes les plus attendus de la journée fait son entrée en scène ; et ce qui frappe en premier c’est le style 80’s toujours aussi présent chez eux. Au premier abord, les mecs ont pas forcément l’air jouasse d’être là : inexpressifs sur leur visage comme dans leur façon de jouer. Mais dans le métal il ne faut pas s’arrêter à ça, et le public n’en est pas pour autant déçu de voir ces légendes vivantes. Deux tours de chauffe plus tard la sauce commence à prendre, mais il faut avouer que ces gars-là ne sont pas des plus communicatifs. Leur générosité sur scène passe par leurs instruments ; et il n’en faut pas plus pour satisfaire et rendre heureux une foule de métalleux en demande (même si un petit tour chez le coiffeur et un rabotage de guitare ne ferait pas de mal). D’autant qu’un gig de Megadeth c’est juste un album best of en live. Que dire d’autre ? Tout a déjà certainement été écrit sur eux : la musique est bonne, ils donnent ce qu’ils doivent sur scène, le public est réceptif et aux anges. Bonne prestation, et le souvenir restera mémorable par le simple fait qu’on ne les voit pas si souvent de par chez nous.
Léger point noir, et malgré une voix des plus envoutantes et reconnaissable qui a marqué une époque, Dave Mustaine a du mal à passer les aigus. Petite marque du temps ?… Et c’est tout naturellement vers la fin que l’incontournable Vic Rattlehead, leur mascotte, flanqué d’un costard noir, vient faire son petit tour sur scène.

Tarja :

SONISPHERE 2011 nuit by Tiz

22H. Une question me vient subrepticement : mais qui va aller voir Tarja sur la scène Saturn une heure avant Metallica ? Oui, mais qui ?
Etait-ce une volonté stratégique de l’organisation, sachant parfaitement que seul un petit nombre de personnes se déplacerait volontairement pour elle, sans avoir peur d’être mal placé, même pour les écrans géants de Metallica, ou simple hasard de planning ? (mouais…)
Suivant bêêêtement mes congénères pour tenter de choper la place qui tue pour Metallica (peine perdue… arrêtez les gars), ce ne sera que de loin, un œil sur l’écran géant qui me parait minuscule, que je suivrai la performance des violoncelles et des grandes envolées lyriques de ce métal symphonique mené par l’ex-chanteuse de Nightwish. Elle prend la chose très au sérieux, Tarja, y met tout son cœur et c’est avec beaucoup de joie et parfois de maladresse (surtout quand elle essaie de se la jouer rock star) qu’elle partage ce moment avec les quelques fans qui ont exposé leur dévotion sur leur T-shirt. Quelques mesures de finesse dans un festival de brutes.

Metallica :

Plus attendu que ça, tu meurs. C’est simple, le public qui assiste au concert s’étend du premier rang devant la scène Appolo (munis de leur pass magique) jusqu’au fin fond de la scène Saturn. Dois-je encore préciser que tout le Sonisphère est là ?
Un quart d’heure qu’on attend, et la petite musique d’ambiance pour nous faire patienter (AC/DC) ne rend la tension qu’encore plus palpable. Et là, lentement, les lumières se tamisent pour complètement disparaître, et une clameur digne des plus grands péplums s’élève. Ce n’est pas la scène qui se rallume, non, ce sont les deux écrans géants qui l’encadrent. Le bon, la brute et le truand. La séquence du film mythique de Sergio Leone se déroule là, sous nos yeux ; et c’est beau. La foule chante littéralement la musique, certains éclatent en sanglots, d’autres sont paralysés par tant d’émotion. Irais-je jusqu’à dire que cet instant est la véritable apothéose de ces deux jours ? Ok, j’exagère un peu, mais les frissons, eux, sont réels.
Et puis c’est au tour des artistes d’entrer en scène. Pas de déception : à fond dès la première seconde comme le public depuis la première heure.
Comme à leur habitude, les quatre trentenaires du métal (âge anniversaire du groupe en décembre) ont opté pour un décor épuré mais efficace, en affublant le fond de scène d’un énormissime écran géant où passeront, en temps réel, des vidéos des membres du groupe en mode multicam.
Qui a dit qu’il fallait plus que quatre loupiotes bien placées et de bons zicos pour tout déchirer ? Certainement pas Metallica ; et Robert Trujillo pourrait rajouter que les instruments ont même pas besoin d’être accordés, comme il le prouve lors de son solo où, tout doucement, il désaccorde volontairement sa basse, pour en sortir un son envoutant.
Peut-on vraiment dire que l’on est une légende vivante lorsqu’on sait qu’on n’a même plus la peine d’annoncer les titres ? En tous cas, James, lui, en est persuadé : « you know this shit, right ? », « you know what to do »… Évidemment qu’on sait. Et dès que les premières notes de « Master of puppets » résonnent tous les bras se lèvent, la propagande est en marche et fait son œuvre : Metallica vaincra, c’est écrit.
Une sensation de « comme à la maison » envahit Amnéville : James tire sur sa gratte à genoux, Robert fait le crapaud, Kirk fait tourniquer sa guitare en même temps qu’il fait un riff de malade et Lars prend même le temps de se balader sur scène en jouant de ses cymbales debout ; ils enflamment littéralement la scène avec de grands feux, version Rammstein : tout y est. Que dire de la musique… là où certains nous ont servi un best of de leur carrière, la set-list de Metallica s’apparente à un menu maxi best of double portion potatoes.
Il nous parle, James, il aime ça et n’hésite pas à nous demander d’exaucer ses plus profonds fantasmes : « scream for me Sonisphere ! » … mais, James, si on fait ça… oh mon dieu… non… fallait le prévoir, c’est un orgasme collectif. Quoi de mieux que des feux d’artifices pour rendre la chose plus visuelle… et clôturer le show.

SONISPHERE 2011 Big4 by Tiz

Et presque sans transition, nous changeons de centre d’intérêt et attendons d’assister à un « bœuf » entre potes façon Big 4.
Le Big 4 qu’est-ce que c’est ? : maxi combo musical avec Anthrax, Megadeth, Slayer et Metallica. Première fois en France ; première fois sur scène en France ; première fois tous les quatre sur scène en France. C’est sûr, pour tout bon métalleux qui veut se faire respecter c’était l’événement de l’été à ne pas manquer….. Enfin, ça, c’est ce qu’on nous avait dit.
Parce qu’il y en a eu une de transition quand même ; et c’est Hetfield qui s’y est collé. Megadeth et Slayer, déjà partis depuis longtemps pour assurer d’autres concerts ailleurs, seront remplacés par Diamond Head. Comprenez : rupture de stock de Big 4 pour aujourd’hui.
Alors ok, Diamond Head est connu pour être une des références de Metallica, et c’est génial de voir un élève et son mentor se taper un délire (orchestré) ensemble mais, comme on dit, pas de bras, pas de chocolat, et c’est avec une petite déception que certains festivaliers quitteront le site avant l’heure, un goût fade de trahison de la part de l’organisation dans la gorge. James s’en excusera à plusieurs reprises et tentera malgré tout de maintenir l’électricité dans l’air en menant de main de maître le Big 2,5.
Quelques petits événements sont venus ponctuer cette fin de festival avec notamment l’anniversaire du bassiste d’Anthrax Frank Bello, une partie de chaise musicale entre batteurs et le désormais mythique lâcher de ballons noirs alors que tout ce petit monde s’embrasse fiévreusement sur scène (comme s’ils ne s’étaient pas vus cinq minutes avant…).
Est-ce la sensation d’une fin tiédasse renvoyée par le public ou était-ce prévu ainsi, quoi qu’il en soit, Metallica prend seul possession de la scène une nouvelle fois pendant encore deux morceaux qui marqueront, définitivement, la fin du Sonisphère France 2011.
C’est vraiment triste et brutal une fin de festival….

Moment de répit. Me revoilà donc dans mon bus. J’essaie de trouver le sommeil mais je repense aux évènements. Le camping à l’arrache, la bouffe ionisée, la sono capricieuse ; mais aussi les groupes mythiques, les sensations partagées ou égoïstes.
On a clairement vu que le festival n’en était qu’à ses balbutiements (en France, précisons bien !). Soyons indulgents, laissons-lui le temps de grandir, mûrir, de prendre des poils un peu partout, et quand il sera devenu une Rock Star, 70.000 personnes pourront dire comme moi : « J’y étais. C’était un peu chaotique, voire carrément mal chié, mais c’était la première fois dans toute l’histoire du festival qu’on jouait à domicile ; une naissance, et j’y étais. »

Texte et photos : Tiziana ANNESI

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