Le bruit du crâne contre la vitre : entretien avec Kiko C. Esseiva

Le lausannois Kiko C. Esseiva s’est fait reconnaître dès son premier album Musiques pour haut-parleurs (Hinterzimmer Records). A partir de ce corpus, il a créé différentes performances visuelles et sonores. Elles ont permis par ricochet une évolution dans son esthétique musicale. Faussement monumentales ses nouvelles structures sonores demeurent volcaniques, exaltées. Surgissent ça et là des ascensions et des délires coupés de déchirements. Paradoxalement, ils ramènent à des ports d’attache harmoniques afin d’éviter tout naufrage dans le chaos ou la bouillie sonore. Certes Kiko C. Esseiva n’esquive jamais la recherche d’un paroxysme aussi baroque que rêche mais il s’agit d’incarner musicalement et « bruitistement » une poésie déclinée en divers types d’altérité de lignes mélodiques et d’emprunts.

Eric Boros / Kiko C. Esseiva, “Tourua”, Label We have No Zen !, WHNZ:60, Ukraine, 2013
Francisco Meirino, Kiko C. Esseiva , « Focus On Nothing On Focus », Aussenraum Records ‎– AR-LP-001, Suisse, 2013::

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La lumière. Un optimisme étonnant.

Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Toujours en devenir je souhaite.

A quoi avez-vous renoncé ?
A l’absolu.

D’où venez-vous ?
Qui sait ?

Qu’avez-vous reçu en dot ?
Vous n’avez pas une autre phrase de Lacan à ce propos ?

Qu’avez vous dû « plaquer » pour votre travail ?
Du temps libre.

Un petit plaisir – quotidien ou non ?
La silhouette de ma compagne.

Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes et musiciens ?
Eux pourront peut-être vous dire quelque chose.

Quelle fut l’image première qui esthétiquement vous interpela ?
Une peinture rupestre d’un animal reproduite sur une assiette de décoration.

Quel premier son ou bruit retint votre attention ?
Les résonances de mon crâne quand je l’appuyais contre la vitre de la voiture qui roulait. Selon comment on bouge la tête le son change.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
Comment se comporter face aux extraterrestres ? de Philippe Barraud.

Quel film vous fait pleurer ?
Les ordres sont les ordres.

Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
C’est à voir.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A elle.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Les ruines d’anciennes civilisations.

Quels sont les artistes et musiciens dont vous vous sentez le plus proche ?
J’aimerais être plus proche de ceux ou celles qui sont plus libre et joyeux que moi.

Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Une confirmation d’existence.

Que défendez-vous ?
Je devrais me défendre d’avoir des idées politique.

Que vous inspire la phrase de Lacan : « L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas »?
L’optimisme c’est lâche.

Enfin que pensez-vous de celle de W. Allen : « La réponse est oui mais quelle était la question ? »
La question était : « Le monde n’est-il pas un immense restaurant ? ».

Entretien réalisé par Jean-Paul Gavard-Perret, septembre 2013.

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A propos JPGP
Honorable poète, fin critique et mélomane terrible.

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