Chilly Gonzales – Chambers (feat. Kaiser Quartett) (2015 – Gentle Threats)

Chilly Gonzales - Chambers (feat. Kaiser Quartett) (2015 - Gentle Threats) Chilly Gonzales - Chambers (feat. Kaiser Quartett) (2015 - Gentle Threats)

Chilly Gonzales (alias Gonzo) ne cesse d’étonner. On pouvait le prendre il y a quelques années (et non sans raison) pour une pop-star avide d’éclectisme et de performance : il battit le record du monde des concerts en 2009 en offrant un live on stage de 27 heures. Et on le trouva quelques années plus tôt dans le film Gainsbourg, vie héroïque de Joann Sfar pour certaines prises de vue. Celui qui fit (aussi) partie du groupe Puppet Mastaz, dès 2004 s’intéresse au piano solo. Tiré de son Solo Piano, le titre « Gogol » deviendra un quasi tube. A ce bel album succéda en 2011 Solo Piano 2 où la barre musicale était placée encore plus haut.

Chambers monte encore d’un cran. L’interprète propose – en un album fou pour piano et quatuor à cordes (Kaiser Quartett de Hambourg) – une vision décalée de bien des genres. Musique de chambre « classique », musique pop, easy-listening, musique expérimentale, « southern » hip-hop et rap, valse tout y passe. Ce qui paraît disséminé et autant rassemblé dans l’ivresse. Elle déboîte les assises musicales et font plonger l’auditeur au sein de lignes harmoniques connues-inconnues. Une syntaxe intempestive, parfois primitive, tient tout autant d’une ascèse que d’un exercice spirituel : pour preuve un titre (« Feud ») est dédié à Bach et Daft Punk… Existe là un combat schizophrénique où l’artiste est coupé en deux : au composteur fait face l’homme de scène. Mais le premier garde le pas sur le second. L’album n’est pas une plaisanterie anecdotique : la musique est travaillée, vivante, traversée de frottements, d’effacements et de coups de force.

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A propos JPGP
Honorable poète, fin critique et mélomane terrible.

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