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D’incise – Akènes (2012 – Drone sweet drone/Bruit Clair Records)

Akènes, composé entre 2009 et 2010 voit D’incise (aka Peter Laurent) glisser vers la direction d’une déconstruction de plus en plus organique et une abstraction des bases musicales rythmiques et mélodiques qui l’amène vers une forme très libre d’electronica. Le compositeur a compris une chose essentielle mais qui peut rebuter beaucoup d’auditeurs. C’est dit-il « lorsque la musique glisse vers l’ennui que cela devient intéressant ». Le but de l’artiste revient à explorer des moments limites au moment où l’ennui subit une mutation en quelque chose d’autre. Et ce non par des procédés psychédéliques mais par la création des drones d’un parfait minimalisme .

Comme Sun Ra, pionnier de ce type d’expériences, Peter Laurent écoute les éléments premiers : il plonge l’air, l’eau et le feu dans le « rien changeant des résonances » dont parlait Michaux. Il les met en regard selon différents degrés d’intensité minimale afin de générer des émotions particulières que la musique « normale » ignore. A ce titre, Akènes fait suite à Prairie : la musique est électro-acoustique minimaliste et expérimentale et reprenant divers types d’harmonies, de vibrations volontairement appauvries.

L’artiste explore les moments de creux et les « sons des choses que nous enterrons » (dit-il). Une amplification paradoxale car imperceptible emplit l’espace sonore de courants comme trouvés en cours de route, captés par surprise qui se rajoutent subtilement au flux premier. Ces moments ineffables s’étendent et rendent les sons eux mêmes presque immobiles dans – dit l’artiste – « une allégorie de moi même ». Cela est, dans l’esprit, très romantique. Dans l’œuvre proposée l’histoire est différente. Sauf à parler alors du romantisme allemand. Peter Laurent comme jadis Novalis y explore des gouffres où il n’existe pas de silence aussi profond qu’il ne puisse être entendu là où toute cohésion rigide disparaît au profit d’une cohérence défaite pour un paradoxal scintillement auditif fait de fibrillations plus que de textures.



  1. Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?