Damon Albarn présente Honest Jons Revue - Nuits de Fourvière (Lyon - 10/07/2008)

juillet 15, 2008 · Print This Article

Allô Killer Queen ? Dis-moi, tu es toujours sur Lyon ? Et tu savais qu’après-demain, Damon Albarn présentait son label indépendant en France, pour une date unique aux Nuits de Fourvière ? … Et bien, figure-toi que j’ai deux belles places gratuites pour toi !

Damon Albarn, c’est bien sûr Monsieur Blur, Monsieur Gorillaz et plus récemment Monsieur The Good, the Bad & the Queen. Mais c’est aussi un dingue de musique, un vrai, un fou furieux, qui avait réalisé en 2002 un très bel album hommage à la musique africaine, Mali Music, avec des musicien-ne-s malien-ne-s dont la plupart seront présents ce soir.

Honest Jons, au départ, c’est un disquaire londonien à l’ancienne, pas un magasin, plutôt un bordel inimaginable tenu par des malades de musique, de toutes les musiques d’ici ou d’ailleurs. Damon Albarn en était un client très assidu, achetant de tout en grande quantité, rayon par rayon, se passionnant toujours plus pour les rythmes “noirs”, amenant des trouvailles personnelles pour agrémenter les rayons. C’est donc tout naturellement qu’il a participé, avec Mark Ainley et Alan Scholefield, à la création du label du même nom en 2001 pour y produire… Mali Music. Mais ce n’était que le début de l’aventure pour ce label indépendant à la volonté d’ouverture sur ces joyaux que la machine commerciale broie au profit de musiques pop(ulaires) et formatées à la chaîne.

Afin de promouvoir ces artistes méconnu-e-s jusqu’ici car trop “underground” ou trop d’ailleurs, Damon Albarn et ses compères ont imaginé une revue au sens traditionnel du terme, un concert collectif de présentation. Et c’est cette revue qui a débarqué au festival des Nuits de Fourvière, un festival réputé pour sa ligne artistique de qualité, pour une soirée unique, puisque seules trois dates seront données dans le monde : Londres, New York et Lyon.

Tout le monde est entré sur scène dès le début, Damon Albarn se fondant au milieu de cette foule disparate pour laisser la part belle aux autres. Des Africain-e-s en costume traditionnels (voir photo), des jeunes vêtus de noir tous en lignes, des Ricaines pâlichonnes agrippées à leur guitare, des musiciens so British et bien d’autres, un assemblage improbable disposé en arc de cercle qui a poliment attendu la fin des applaudissements d’accueil pour commencer.

Kakanko Sata Doumbia, musicienne maniant une harpe traditionnelle très compliquée réservée normalement aux chasseurs, a commencé en entonnant un chant puissant absolument extraordinaire qui a soufflé tout le public et n’a fait que confirmer sa réputation de Nina Simone malienne. Le ton était donné, oubliez où vous êtes, qui vous êtes, nous sommes le monde entier, nous sommes ensemble. Après ce point de départ presque guerrier, les gens présents sur scène ont pris le micro tout à tour pour nous emmener vers des univers musicaux très différents mais toujours joués avec l’âme, avec les tripes par des musicien-ne-s très pointu-e-s et d’une générosité sans limite. Et les tours se sont enchaînés dans une ambiance de plus en plus chaude, de la fièvre extrêmement groovy des cuivres jazz de l’Hypnotic Brass Ensemble (voir photo) de Chicago au chant timide et acidulé de l’étasunienne Simone White et sa guitare folk, de la voix soul hallucinante de la légende Candi “God bless you, I love you all” Staton au batteur Tony Allen, grand prêtre Nigérian de l’afro-beat dont on dit, à raison, qu’il joue “comme cinq batteurs à la fois”, des ballades country alternatives de l’hallucinante et hallucinée hippie californienne Victoria Williams au bassiste ensorcelant Brehima Kouyaté dont le jeu possédé rappelait autant Jimi Hendrix que les cérémonies vaudoues. Toutes et tous se répondant au-delà des genres et des frontières par des petites notes, des rythmes improvisés pour accompagner l’interprète à l’honneur.

Nous avons vécu une authentique transe musicale, alimentée par des pas de danse africaine impromptus et les chorégraphies subtiles de l’Hypnotic Brass Ensemble qui soulevait ses cuivres pour marquer le tempo. Les moments doux et mélancoliques étaient disséminés ça et là au milieu de cette cérémonie à la gloire du rythme, comme des repères lumineux et précieux pour souffler dans la poésie pure, avant de repartir pour un tour, bouger nos corps et taper des mains.

Jusqu’ici volontairement discret et se mêlant à la grand-messe, l’anglais Damon Albarn a fini par saisir sa guitare le dernier pour une chanson. Et c’est ce moment-là que les photographes de presse ont trouvé opportun pour se jeter au bas de la scène et prendre des photos, comme si ce somptueux voyage musical sur trois continents n’était pas assez bien pour ceux et celles qui réclament encore une tête d’affiche pour retrouver leur chemin… Mais bon, bref.

Cette ultime chanson s’est ensuite naturellement transformée en final collectif effréné arrosé par un début d’averse, par les serviettes des musiciens et par les petits coussins distribués aux spectateurs-trices à l’entrée. Ces derniers ont valsé sans pitié du public à la scène et de la scène au public. Une fin hallucinante à la hauteur du spectacle magique donné ce soir.

Il n’y pas eu de rappel pour la simple et bonne raison que la moitié des musicien-ne-s présent-e sur scène ont préféré se rendre directement au bar des Nuits de Fourvière pour continuer la fête en jouant parmi la foule.

En fait, si je devais résumer cette soirée en une seule phrase, je dirais simplement que j’ai pris un pied monumental.

Le site du label Honest Jons : http://www.honestjons.com/shop.php
Le site du festival Les Nuits de Fourvière de Lyon : http://www.nuitsdefourviere.fr/
Présentation du spectacle par
Les Nuits de Fourvière :
http://www.blognuitsdefourviere.fr/nuits-de-fourviere-08/damon-albarn-presente-honest-jons-revue/

The Honest Jons Revue :

Direction artistique : Damon Albarn, Mark Ainley, Alan Scholefield.
Damon Albarn – voix, harmonium, guitare
Tony Allen
– batterie
http://www.tony-allen.com/

http://www.myspace.com/tonyallenafrobeat
Afel Bocoum
– voix, guitare
http://contrejour.com/artists/afelbocoum/

http://www.myspace.com/afelbocoum
Sekou Diarra
– percussions
Kokanko Sata Doumbia
– voix, n’goni
http://www.bbc.co.uk/music/release/9wqv/

Hypnotic Brass Ensemble
:
http://hypnoticbrass.blogspot.com/

http://www.myspace.com/hypnoticbusiness
Byron Anderson – batterie
Tycho Cochran
– tuba
Jafar Graves – trompette
Seba Graves – trombone
Tarik Graves – trompette
Gabriel Hubert – trompette
Uttama Hubert
– baryton
Brehima Kouyaté
– basse
Rory McFarlane
– basse
Alpha ‘Pedro’ Sankare
– basse, calebasse
Adam Sissoko
– percussions
Mike Smith
– direction musicale, claviers
Lamine Soumano
– balafon
http://malikan.com/default.aspx

Candi Staton (voir photo) – voix
http://www.candi-staton.com/

http://www.myspace.com/candistaton
Simon Tong
– guitare
Lobi Traoré
– voix, guitare
Simone White
– voix, guitare
http://www.simonewhite.com/simonewhite/ http://www.myspace.com/simonewhite
Victoria Williams
(voir photo) – voix, guitare
http://www.myspace.com/victoriawilliams

Et les musiciens Bryn Ormord, Hannah Claxton, Erica Zielinski, Nadja Coyne, Alison Cooper, Ballo Daouda.

Photos : merci à Berry et à Camille / Et merci à Michaël pour les places…

Comments

2 Responses to “Damon Albarn présente Honest Jons Revue - Nuits de Fourvière (Lyon - 10/07/2008)”

  1. SdC on octobre 14th, 2008 13:45

    Le concert en lui-même m’a un peu laissé sur ma faim malgré tout ; ensuite les 45mn du Hypnotic étaient parfaites

  2. Killer Queen on octobre 16th, 2008 20:52

    SdC > Oui, le concert semblait un peu court, puisque chacun-e exposait sa musique puis laissait sa place à d’autres. C’est un peu ça, une revue, et c’est vrai que ça frustre. Mais en même temps, la qualité était là, et c’est pas le plus important ? :-)

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