Sue Rynski – End of the Night [Portfolio – texte d’Iggy Pop], Chez Higgins, Montreuil

Il ne fait aucun doute que Sue Rinsky est non seulement une ethnographe mais la géographe particulière du corps de la pop-star. Celle-ci englobe de gré ou de force des phénomènes physiques, biologiques et humains qui surviennent lorsque la gloire s’en empare selon des topographies qui égarent. S’instruisent pour le spectateur des concerts des « viols » particuliers, des intrigues étranges. Des parties se jouent à travers le corps des chanteuses mais elles demeurent énigmatiques, non révélées. Ici la photographie (qui semble de reportage) montre un contenant caché selon des courbes de niveau très douces ou violente, à peine perceptibles par endroits mais par endroits très visibles et  où surgit l’improbable.

La star est renvoyée à ce qui dépasse son destin biologique, mais elle n’est pas exempte d’immunité bien au contraire. Sa vie surgit avec ses mouvements contraires, son dynamisme, ses échecs et ses bonheurs, ses poses et ses affaissements. Pas étonnant donc qu’Iggy Pop se soit « reconnu » à travers les traques photographiques de l’Américaine. Elle n’offre plus le miroir de la star triomphante sans tomber toutefois dans le sordide (mais tout en le frôlant). Se touche ainsi les lieux impénétrables de l’être. Face au mensonge et à  l’inanité de la fausse évidence du « show », l’humanisation charnelle est conservée non par la monstration officielle mais son « off » en atteignant des effets sensoriels plus profond que le réalisme faussement flagrant et purement photo-reprographique pourrait donner.

Les chairs entrevues s’opposent à ce que Deleuze nomme « image affection ». Non que Sue Rynski cherche la désaffectation de l’affection mais la photo de la pop-star  n’est plus le lieu des fantasmes.  On peut parler paradoxalement d’une image plus expressionniste qu’impressionniste. Le renversement de l’image statufiée  crée des obscurités paradoxales mais ouvre autant la possibilité de trouver une brillance capable d’accorder un relief paradoxal aux mouvements et aux poses des corps « habités » par la bête de scène.

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A propos JPGP
Honorable poète, fin critique et mélomane terrible.

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