Young Blood Brass Band – Pax Volumi (2013 / Tru Thoughts)

Le Young Blood Brass Band fait siens les mots de Boris Vian « Faut que ça saigne ». Les neuf Américains du groupe répondent parfaitement à cette injonction. A priori le groupe ressemble à un parfait brass band. Mais très vite on comprend combien sa musique est hors norme. C’est une mélange de jazz, de hip-hop et d’une recherche d’harmonies nouvelles.

Tout en de telles orchestrations est à l’opposé d’un world music . Utilisant au besoin des instruments improbables, les géométries pourtant parfaites des espaces musicaux s’échancrent. Dans un free-jazz d’un nouveau genre la musique sort d’un jardin bien taillé pour grimper sur les claires-voies d’un songe dissonant. Peu à peu surgit un langage musical très particulier. Les variations harmoniques créent des effets de transfert. Les genres abordés ne sont pas de simples citations, hiatus ou parenthèses. Ils transfusent dans un univers sonore qui n’a rien d’un havre de paix. En de multiples réverbérations où les cuivres gardent une importance majeure surgissent des ouvertures inattendues et secrète. L’univers de Pax Volumi en dépit de son nom n’a donc rien de paisible.

Pour autant il n’est en rien une musique au service des pieds, une musique de dance floor. Elle a raison de toutes les logiques en proposant une traversée sans la moindre nostalgie. Les membres du Young Blood Brass Band ne sont pas de ceux qui regardent vers le passé même s’ils ont beaucoup oeuvré dans l’éducation en faisant le tour des universités américaines afin d’initier les étudiants à l’histoire de la musique de New Orleans, au jazz, à la culture hip-hop comme à la musique expérimentale. C’est pourquoi Pax Volumi reste éloigné d’une illusion musicale fidèle à un seul genre considéré selon ses tenants à un signifié transcendant garant de son ordre exceptionnel par rapport à celui des autres styles. L’album impose son énergie ébouriffée. Elle n’a rien d’une topographie de musiques connues ou reconnues. Elle propose une utopie. C’est assez rare pour faire de l’album un opus à écouter et surtout à réécouter.

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A propos JPGP
Honorable poète, fin critique et mélomane terrible.

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