La Grande Sophie – La Place du Fantôme (2012/Polydor)

lgs

La séduction de la Grande Sophie semble simple car tellement naturelle et apparemment spontanée. Pourtant elle vient de loin et a demandé à LGS (comme on la surnomme) un long travail. Atteindre une telle capacité de légèreté et de mélancolie, d’acidité et de sucré, de grave et d’aigu, de rock et de ballade tient du savant dosage périlleux et jamais acquis. Ce live en illustre toute la dimension subtile sous la magie de l’acoustique. Enregistré au presbytère de Saint Eustache à Paris La Place du Fantôme revisite le répertoire majeur de l’artiste (en particulier des extraits importants de son Des vagues et des ruisseaux.

LGS sait chanter comme personne l’absence, les rendez-vous manqués, les histoires qui demeurent à l’état de brouillon ainsi que toutes les anecdotes et les quiproquos de l’existence. Il est vrai qu’elle a de la bouteille autant du côté de l’écriture, que du côté du studio comme de la scène. Elle passa d’abord par l’alternative avec des groupes périssables Les Loukoums rebelles ou Le Maximum Couette. Après quelques albums sur des labels indépendants plus ou moins gothiques (dont les Compagnons de la Tête de Mort) la Grande Sophie a mis au point le concept de « kitchen miousic ». L’artiste considère en effet la chanson non comme un des beaux-arts mais une activité quotidienne pour ménagère de moins de 50 ans (voire plus si affinités).

Chaque morceau du live est un petit miracle de sophistication qui avance masquée, d’intelligence goguenarde. Preuve que la « kitchen » est tout sauf un effet gag. LGS garde la simplicité chaleureuse de ses débuts. Elle entretient avec son public une juste mesure. Pas de racolage populiste. Juste le goût du travail bien fait. LGS reste toujours (presque) celle qui à Port de Bouc est monté à 13 ans lors d’une fête de la musique sur scène pour la première fois (si on excepte avec un premier concert dans une classe de son collège avec son frère, un cousin et un voisin). Simplement, en 20 ans, l’artiste n’a eu cesse de cultiver ses qualités, de toucher à bien des arts, d’apprendre, de lire et de traîner. Bref d’affiner sa sensibilité et ses goûts pour devenir qui elle est désormais. A la fois main-street tout autant que marginale. Bref une Zazie en bien mieux, une Zazie qui ne se prendrait pas la tête.



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