La Nuit Rouge – Dock des Suds, Marseille – 12/02/2010

Tout amateur de Drum’n’Bass peut le comprendre : une affiche qui réunit Pendulum, Bassline Smith et Spor pour un événement situé à deux heures de route dans une salle fort honorable vaut sans doute le déplacement. Cette affiche, c’était celle de vendredi 12 février au soir, l’événement s’appelait La Nuit Rouge et la salle était le Dock des Suds à Marseille.

Ce fameux lieu – en fait un entrepôt réhabilité – qui accueille régulièrement les festivals de la ville de Marseille de par sa configuration particulière (deux salles intérieures, un grand hall et des bars) est une excellente salle qui se prête parfaitement à la Nuit Rouge. Une chose est cependant à savoir : toutes les portes restent ouvertes, il y fait donc grand froid, surtout quand la température extérieure passe en dessous de zéro… Et que les artistes en scène peinent à réchauffer l’ambiance. Ce qui fut, malheureusement, partiellement le cas.

En raison d’un éloignement géographique non dédaignable, ainsi que le temps perdu à trouver une place de parking (finalement garés à près d’un kilomètre du lieu…) l’arrivée à la Nuit Rouge n’a pu se faire qu’à minuit. Sur la grande scène, The Hacker proposait un set techno assez minimal, au son puissant et impeccable, mais un peu répétitif, voire ennuyeux lorsqu’on recherche de la bonne bourrinade. De fait, un petit tour sur la scène Jungle s’imposait.

Dj Fly, le champion du monde français de turntablism (technique de disc-jockey) opérait. Le turntablism a beau être une pratique fort respectable, les sets ressemblent beaucoup trop à des démonstrations purement techniques pour emballer le public non réceptif au genre et plus enclin à danser qu’à observer la justesse de placement d’un cut ou d’un scratch. Toutefois, la masse de personnes présentes dans cette petite salle mal fichue ne trompait pas : il y avait nombre d’amateurs, et tous avaient l’air ravis. En supposant donc que c’était génial (sans regretter pour autant de ne pas approfondir la question), retour à la scène Noise pour voir The Hacker terminer son set.

The Hacker @ La Nuit Rouge, Marseille

Ce dernier a pris un tournant plus intéressant alors que le DJ grenoblois renouait avec son « électro-clash » habituelle, aux morceaux donc plus efficaces sur Dancefloor. Certainement pas inoubliable, mais exécuté avec grand professionnalisme (pour les non-initiés au langage politiquement correct, termes journalistiques qui signifient « c’était pas mal mais je me suis fait chier »). Suivit Extrawelt, petit blond pas dénué de talent mais donc la techno encore plus minimale nous donna le coup de grâce ; et puis de toute manière Simon Bassline Smith commençait à côté.

Accompagné du MC Youngman, le londonien a su faire décoller l’ambiance très rapidement, malgré un pain en début de set. Tout à fait pardonnable, surtout par rapport à ce qui suivit… Mixant ses titres à lui, ses titres avec Drumsound (la remix de « Harder Better Faster Stronger », « Can You Feel it », « Live Another Day », « Are you Ready ») et les titres des autres, sans trop de breaks ni fautes de goût, on peut dire qu’il avait mâché le travail de Pendulum, qui prit la suite. Et qui, en fait, flanqua tout par terre.

Pendulum excelle en formation live ; en revanche ils n’ont pas bonne réputation en DJ set. Ce soir, c’était Gareth McGrillen, le bassiste du groupe, qui tâchait. Et tachait, aussi. Rob Swire, lui, faisait la même chose à Dubai. Premier backspin (ou gros pain ?) au bout de deux minutes, on a passé. Au suivant, ça a grincé. Et après une demi-douzaine, on ne comptait plus. Pour tout dire, ils arrivaient presque comme des soulagements tant le mix était inaudible ; si les titres étaient à peu près calés, ils étaient en revanche très mal masterisés : un titre était plus fort que l’autre ; mal mixés : parfois deux, trois titres se chevauchaient – en rythme certes, mais dans un brouhaha intolérable. Et mal choisis : pourquoi passer « The Final Countdown » ou Pitbull en plein milieu de set ? Et puis, on adore Dizzee Rascal, mais c’est le cas de tout le monde, aussi quand il lança « Bonkers » ou la remix de « Dirtee Cash », un certain goût de déjà-vu planait car  ces morceaux avaient déjà été entendus lors des sets des autres artistes, à peine quelques heures plus tôt.

Pour ne rien arranger, pendant les deux tiers du set le micro du MC était mal réglé et le pauvre bonhomme était inaudible. Quoi que, même en l’étant, il était parfaitement dispensable et peinait à suivre le DJ, qui coupait les morceaux au bout d’une minute seulement parfois. Une catastrophe donc ; la salle se vidait petit à petit. Ceux qui restaient était sans doute trop stone pour remarquer quoi que ce soit, ou bien très optimistes sur la suite, ou encore pas difficiles. Voire tout ça à la fois.

Pendulum @ La Nuit Rouge, Marseille

On pensait que le niveau se relèverait avec Spor : en effet, le jeune homme est bien meilleur DJ et enchaîne plus proprement les titres. Toutefois, son set plus dubstep que Drum’n’Bass à 4h30 du matin endormait plus qu’il ne réveillait. La virée vers la scène Noise où jouaient Olivier Giacomotto et Tonio, proposant une techno/electro assez basique et sans grande ambition, ne suffit pas à étouffer le cri du lit qui nous appelait.

Impossibilité de se garer, froid polaire, scène Noise exigüe, public très jeune, très saoul et très enfumé et pourtant peu nombreux ; non, la Nuit Rouge ne méritait pas le déplacement, pas à 27 euros. Pour moins cher, Marsatac offre une bien meilleure prestation, avec plus d’artistes, plus de scènes et plus de variété. Cette soirée sera donc à conseiller à la population locale plus qu’aux festivaliers. Enfin, si Pendulum passe près de chez vous, vérifiez : en live ? Foncez. En DJ set ? Fuyez.

Photos par Cédric Battude : www.cedricbattude.com

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A propos Daphné
Zone de terreur : Lyon. Spécialiste en rien, amatrice en tout, mais plus particulièrement en Rock Alternatif, et Electro bourrine. Rédactrice en chef. Blonde, aussi.

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