The Dresden Dolls – No, Virginia… (Roadrunner Records – 2008)

juillet 8, 2008 · Print This Article

Après Yes, Virginia… au titre pour le moins poétique, puisqu’extrait de la réponse à une lettre de la petite Virginia à un journal étatsunien demandant si le Père Noël existait, voilà la suite intitulée No, Virginia…, qui ne rassurerait pas la petite fille, notamment à la vue du nain de jardin Père Noël effondré sur la couverture.

Enfin, une suite, pas vraiment. Il s’agit plutôt de, je cite : “A collection of unheard treasures from the Vault of The Punk Cabaret taken from the Yes, Virginia… Sessions & featuring new songs from the Winter ’08 Sessions.” (Une compilation de trésors inédits sortis de la salle des coffres du Punk Cabaret, extraits de l’enregistrement de Yes, Virginia… ainsi que des nouvelles chansons enregistrées en hiver 2008). Cette compilation transition permet donc de patienter jusqu’au un futur album d’Amanda Palmer en solo, Who Killed Amanda Palmer, prévu pour le 15 septembre prochain tandis que Brian Viglione promène son talent ça et là, et notamment sur l’album Ghost I-IV de Nine Inch Nails.

Du coup, il ressort de la première écoute de No, Virginia… un certain goût d’inachevé. Les poupées de Dresde nous avaient en effet habitué-e-s à plus de cohérence. Cela dit, ces morceaux ne seront pas totalement inconnus de ceux et celles qui ont vu le groupe sur scène et les ingrédients qui ont fait le succès et la patte du duo sont là : une batterie de mule pour Brian Viglione, un clavier torturé avec au moins autant de force et des mots lancés comme si sa vie en dépendait par Amanda Palmer dès les premières notes. C’est d’ailleurs l’impression qui marque le plus sur cet album : une pêche démente, comme si les excès d’énergie avaient été gommés de Yes, Virginia…  de peur d’en amputer la poésie pour se retrouver ici dès le départ. Les premières notes de «Dear Jenny» sont ainsi frappées sur un clavier tellement violenté qu’elles auraient pu à elles seules renverser ce fameux nain de jardin Père Noël de la couverture.

Il faut noter également un travail encore plus important sur les textes. Le punk cabaret a toujours pris grand soin de ses mots, maniant l’ambigüité, la dérision, la dureté et les divers tourments de l’âme à travers des récits du quotidien et des pensées d’Amanda Palmer la ‘songwriter’. Mais ici, les paroles sont encore plus riches, parfois plus éloignées du ressenti pour s’orienter vers des histoires démentes et sulfureuses, comme notamment le titre «Lonesome Organist Rapes Page-Turner» (L’organiste solitaire viole la tourneuse de pages).

La douceur et le lyrisme ne sont certes pas totalement absents de cet album, en témoigne la tristesse qui transparaît de «The Kill». Mais cet album est résolument placé sous le signe du combat et de la course tête baissée, tête butée par un couple musicalement de plus en plus riche, de plus en plus libre. Loin d’être de simples poupées un peu gothiques qui répandent une rébellion facile et fashion au pays des ados fans de Superbus, comme on l’entend malheureusement trop souvent, Amanda Palmer et Brian Viglione s’affirment de plus en plus comme ce laboratoire perpétuel qui se nourrirait aussi bien de Kurt Weil, de David Bowie, de la pop, de Tim Burton, de Dany Elfman, du punk et d’un piano déglingué pour créer une savoureuse recette toute personnelle où les genres se mélangent : noir et blanc, homme et femme, propre et sale, mélancolie et fureur.

Ce n’est sans doute pas le meilleur des Dresden Dolls de par son manque de concept global, mais No, Virginia… est un album puissant, ouvragé, hautement recommandable et qui donne furieusement envie de se jeter sur la suite.

Site officiel : http://www.dresdendolls.com/

Page de la ‘dilogie’ de Virginia : http://www.dresdendolls.com/thevirginiaarchives/

MySpace : http://www.myspace.com/dresdendolls

  • 01.   Dear Jenny
  • 02.   Night Reconnaissance
  • 03.   The Mouse and the Model
  • 04.   Ultima Esperanza
  • 05.   The Gardener
  • 06.   Lonesome Organist Rapes Page-Turner
  • 07.   Sorry Bunch
  • 08.   Pretty in Pink
  • 09.   The Kill
  • 10.   The Sheep Song
  • 11.   Boston

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