Jil is Lucky - Jil is Lucky (2009 - Roy Music)

Dans une folk ébauchée mais jamais rejointe les Jil is Lucky ont péché par ambition. Le groupe doit son nom au prénom de son leader, tombé dans le folk à un âge pré-pubère. Adepte des voyages il a ramené de Prague, de New-York et d’Afrique ceux qui devinrent membres de son groupe nommé d’abord The Memphis Deput(i)es. L’objectif de Jil est de se laisser imprégner par les influences les plus diverses. Néanmoins pour ce premier album le choix effectué parmi ses filons - ou plutôt le non choix - n’est pas des plus chanceux. A trop vouloir embrasser influences et parfums divers le fruit de la passion se transforme en confiture écoeurante : trop d’ingrédients empêchent qu’une réelle saveur s’exhale de leur CD éponyme. Parfois même on touche le fond tant le CD est plein de malentendus. Il en devient malentendant et ne reste bientôt de tout ce magma que des pots de confiture vides.

Toutefois l’échec n’est pas insurmontable, loin de là : avec plus de rigueur et en creusant une ligne directrice, on sent que le groupe pourra atteindre des sommets et peut faire autre chose que de friser le ridicule. On pourra donc voyager avec le groupe lorsqu’il aura donné une direction à ses ambitions. Au lieu de brasser mélancolies slaves et ashkénazes à du folk acoustique et de rock à trompette dans un baroque qui ne prend pas, au lieu de cultiver un kitch plus ou moins mondialisant il faut que Jil is Lucky choisisse un cap : l’ouest ou l’est, le nord ou le sud mais pas les quatre. A vouloir parrainer tous les mondes musicaux le groupe manque de cohérence, de conséquence et d’empreinte sonore digne de ce nom.

Bref les freaks ne sont pas forcément Beautiful contrairement à ce que pensaient les Eels du temps de leur grandeur. Le kitch exotique et iconoclaste doit avoir la puissance de ses ambitions. Rien n’empêche cependant d’entendre Jil is Lucky ne serait-ce que pour estimer le potentiel du groupe qu’on ne fait ici qu’entrapercevoir. Certes et en aucun cas ce CD peut devenir un disque de chevet dans le désordre de l’inassouvissement qu’il brasse. A la fin de l’écoute on se demande : de quelle indie s’agit-il ici ? Bien malin qui pourra le dire au sein de toutes ces peaux fuyantes que Jil et ses acolytes se recouvrent pour se travestir et nous séduire. On ne leur en demandait pas tant.

Le MySpace de Jil is Lucky