Scott Matthew – Unlearned (2013 – Glitterhouse/Differ-Ant)

Dans les échos plaintifs de la voix de Scott Matthew perdure un zeste de Joe Cocker. Comme lui, il aime d’ailleurs à reprendre des titres standards (« No surprise » de Radiohead, « To love somebody » des Bee Gees entre autres) selon une version aussi prégnante que douloureuse toujours éloignée de l’original. On a parfois du mal à le reconnaître mais on ne s’en plaindra pas, au contraire !  » Help Me Make It Through The Night » en duo est dans le genre une perfection.

De telles réinterprétations surgit l’ouverture de l’espace sonore. Au tissage cérébral des mots de standards tels que « Total Control » ou « I don’t Want to Talk About It » se superpose le réveil d’un labyrinthe sonore en une suite de maillages d’échos. L’émotion joue à plein parce que les reprises ne sont jamais retranchantes ou de simples miroirs. Ou, dans ce cas, celui de l’eau. Les mots et les sons noyés dedans s’y tordent.

Avec un minimum d’enrobage (un piano, une guitare, parfois des cordes, un ukulélé et quelques éléments rythmiques) surgit une incantation étrange venue de presque nulle part. Mark Hollis en ses berceuses grinçantes n’est pas loin Si bien qu’Unlearned en dépit de sa gravité n’est jamais larmoyant ou gratuitement lyrique. La tonalité augmente juste quand cela est justifié (comme dans « Love Will Tear Us Apart »). Mais le plus souvent le rythme retrouve une sorte de douceur toujours éloignée de la niaiserie musicale. L’artiste en surgit apaisé tel un christ roi. La pochette de l’album n’est pas sans le suggérer.

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A propos JPGP
Honorable poète, fin critique et mélomane terrible.

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