Arkan – Salam (2011 / Season of Mist)

salamLes années ont beau passer, les loups conservent une mauvaise réputation. Malgré tout l’amour que peut leur porter Hélène Grimaud -ils en ont de la chance-, rien n’y fait, leur nom reste associé aux pires forfanteries, telles que Le Pacte des Loups. De ce fait, l’expression ‘hurler avec les loups’ revêt encore un aspect négatif, associant la solidarité de la meute avec l’instinct grégaire du mouton. Bref. Tout cela pour dire que tout alternatif qu’ils cherchent à être, les Immortels vont ici être des plus conformistes et hurler avec les loups : l’album d’Arkan, Salam, est une grande claque, et nombre de superlatifs pourraient suivre cette appréciation sommaire.

Avec Hilal, le quintet avait déjà posé une pierre, voire plutôt un menhir, dans le jardin du death metal : les diverses influences tant métalliques qu’orientales se trouvaient unies dans un paysage chaud et acéré. Loin de figer cette structure, la formation a poursuivi son exploration des versants sombres des contes des territoires des milles et une nuits. Au cours du processus, Abder a choisi de suivre une autre voie, et le groupe a accueilli Sarah. Au final, on se retrouve avec un guitariste en moins et une chanteuse en plus. L’espace d’un instant, il est possible de se demander si Arkan n’a pas succombé à la tentation de s’adjoindre les services d’une demoiselle dans le but inavouable de travailler davantage sa dimension plastique que musicale. Sans surprise, heureusement, la nouvelle membre n’éprouve pas le besoin de risquer la pneumonie en plein mois d’avril au gré de choix vestimentaires des plus minimalistes, pas plus qu’elle ne cherche à perturber les chauve-souris au moyen d’ultrasons. Non, son apport est tout sauf gratuit, ses interventions contrastant ou mettant en relief le chant plus grave et saturé de Florent.

Fort de ces nouvelles nuances, le groupe poursuit l’entreprise débutée avec Burning Flesh et prolongée avec le précité Hilal, celle de montrer, si besoin il était, que musique orientale et death metal ne sont pas exclusifs. Saturations et oud, arabe et anglais, sable et métal peuvent se conjuguer pour créer une musique sombre et puissante, certes assez éloignée des riffs enneigés souvent proposés, mais néanmoins hautement percutante. Et plus qu’un mélange, au-delà d’une union, c’est une réelle symbiose qui ressort du travail de composition. De fait, la multiplication des étiquettes, travers dans lequel se complait le genre, se trouve ici pleinement justifiée tant il serait réducteur de remplacer le terme ‘oriental death metal’ par une dénomination plus commune.

Après Hilal, il était difficile d’ignorer le potentiel de la formation, et la présence d’Arkan aux côtés d’Inactive Messiah et de Septicflesh pour quelques dates suffisait pour ouvrir les yeux et les oreilles des plus étourdis. Salam était donc attendu, et l’effet de surprise ne pouvait plus jouer. Ne devait plus jouer. Et pourtant, la fraîcheur est là, le souffle persiste et la première écoute laisse de profonds sillons. La tête headbangue naturellement, le pied frappe le sol et des titres tels que « Jerusalem – Sufferpolis » ne donnent pas l’impression d’avoir été composés, mais d’avoir toujours été. Et c’est bien là que réside la principale force de Salam : celle de gommer toute impression de recherche dans le travail proposé et de créer un univers cohérent et frappé du sceau de l’évidence.

Magnifié par la production de Fredrik Nordström et de Henrik Udd, Salam est un album marquant, qu’il semble difficile d’ignorer. Et tant pis s’il n’est pas hype ou underground de le dire ou de l’écrire. La musique est une affaire d’émotion et de transmission de celle-ci. Aussi si cet avis peut donner l’envie de découvrir le travail d’Arkan, il aura pleinement rempli son office.

  1. Origins
  2. Inner slaves
  3. Deus Vult (feat. Kobi Farhi)
  4. Blind devotion
  5. Jerusalem – Sufferpolis
  6. Beyond sacred rules
  7. Common ground
  8. Sweet opium
  9. Salam
  10. Call from within
  11. Lightened heart
  12. The 8 doors of Jannah
  13. Amaloum Jadid II ( + ‘djinn’ track)

Myspace : http://www.myspace.com/arkanband

Site : http://www.arkan.fr/

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A propos Alkayl
Canard cosmique, rôliste patenté, humoriste parallèle.

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