Laurent de Wilde & Otisto 23 – Fly! (2010 / Dfragment Music)

ldewildeLe jazz de Laurent de Wilde est complexe et inquiet. L’artiste est de ceux qui comprennent combien sur le plan musical notre époque peut être paradoxalement stimulante. Il s’élève contre les praticiens frileux qui, arc-boutés sur le passé, cherchent dans la musique de quoi (se) réassurer en se nourrissant des phrasés qu’ils connaissent. Cela pourrait sembler incongru pour un musicien qui opte pour un genre codé par excellence afin de trouver d’autres relations à la musique que celle d’une infantilisation à travers les formules du passé.

Pour autant le jazzman ne renie pas son back-ground. Celui qui découvrit et découvre encore dans Miles, Mingus ou Coltrane de quoi nettoyer les oreilles de la graisse d’une musique de consommation courante sait que celle-ci est au bout du rouleau. Ayant joué avec des instrumentistes tels que Barney Wilen, Jack Dejohnette et Eddie Henderson, il a appris à leur contact comment le jazz se fabrique et avance dans ce qui tient d’un bricolage fait de rouerie – parfois même de trucs – mais aussi et surtout d’inspiration.

Le jazz peut donc permettre de redresser ainsi bien des erreurs et se sortir des répétitions revival. De Wilde n’ hésite d’ailleurs pas à se laisser prendre par l’électronique pour voir comment l’ordinateur déplace sa musique et comment lui-même peut à la fois en jouer et s’en jouer. Pas facile dès lors de classer Fly. L’album vaque au fil de notre temps de désillusion de manière aussi saisissante que surprenante. Il n’est pas forcément séduisant au sens classique du terme. Il tente même sa traversée au risque de déplaire. Mais de plaire tout autant. Car la musique avance de manière ouverte (parfois en “déjouant”) comme un symptôme du temps mais un temps soudain revu à la hausse. Un espoir y rode subrepticement.



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