Georgi Kornazov’s « Horizons » Quintet – Viara (2008 – BMC)

COOL MEMORIES

Georgi Kornazov's Horizons Quintet

Parallèlement à ses études classiques au Conservatoire Supérieur de Sofia, le joueur de trombone Georgi Kornazov, d’origine bulgare, s’initie au jazz et joue rapidement avec les musiciens de jazz bulgares les plus renommés, ainsi qu’avec le clarinettiste de musique traditionnelle Ivo Papazov. En 1995, il entre dans la classe de jazz du Conservatoire National Supérieur de Musique et Danse de Paris où il travaille avec Jeanneau, JFJ Clark, Sellin et Theberge. Il obtient le prix du meilleur soliste au Tremplin de Jazz d’Avignon puis se produit avec l’orchestre franco-allemand dirigé par Albert Mangelsdorff et avec l’orchestre de Carla Bley. Il joue aussi avec l’orchestre de Maria Schneider et dans de nombreuses formations tels le Big band de Lorient en tant que soliste pour des tournées en Lettonie et au Vietnam. On le retrouve encore dans l’ensemble de Theberge et dans le Big band d’Antoine Hervé. Par ailleurs il enregistre dans l’orchestre d’Eddy Louis l’album Sentimental Feeling . En 1999, il crée son quintet et participe à de nombreux projets et il accompagne Toots Thilemans, Phil Collins et Henry Salvador sous la direction de Quincy Jones. Staro Vrémé, son premier album en tant que leader d’un quintet sort en 2001, et depuis, l’artiste stakhanoviste du trombone ne cesse de créer ou joindre de nombreuses formations jazz, dont le quintet Horizons.

C’est avec ce groupe qu’il sort son nouveau CD intitulé Viara. C’est l’opus le plus personnel du jazzman, son orchestration n’est pas sans rappeler paradoxalement peut-être Coltrane ou Monk dans sa subtilité et sa puissance. Il est tout en justesse de ton, de couleur mais aussi de profondeur. Evitant le trop d’éclats, l’artiste crée à travers ses compositions et leur retranscriptions des figures souples le plus souvent. On pourrait reprocher à l’ensemble un manque de fluidité mais cette inégalité tient aux différents états d’âme qui ont initié les neufs morceaux de cet ensemble séduisant dans son savant mixage de classicisme et de liberté. A travers des ondulations d’une étrange lumière sonore de « Lune » (titre d’un morceau, peut-être le meilleur de Viara) surgissent des effets piquants d’un créateur qui sait fabriquer son jazz et l’ordonner de manière aussi modeste qu’impertinente. Ce CD appartient au genre intimiste, nostalgique et amoureux. Les cuivres ne viennent jamais couper, sinon par quelques pointes et digressions volontairement intempestives et techniquement parfaite du trombone, les effluves aussi américaines, slaves que balkaniques. Tout surgit en touches légères mais jamais négligées, preuve (si besoin était) que Georgi Kornazov est un musicien accompli, précis et minutieux sans être jamais précieux même lorsque ses compositions sont grammaticalement compliquées (comme dans « Véronique » par exemple). Au charme il préfère la magie, et elle agit.

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A propos JPGP
Honorable poète, fin critique et mélomane terrible.

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