Le blog des Immortels - Chroniques musique alternative » Concerts Rock http://www.lesimmortels.com/blog Le blog des musiques alternatives et des alternatives musicales Fri, 31 Aug 2012 16:30:08 +0000 http://wordpress.org/?v=2.8.4 fr hourly 1 Live Report : Hellfest 2012 http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/4762/2012/07/16/live-report-hellfest-2012/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/4762/2012/07/16/live-report-hellfest-2012/#comments Mon, 16 Jul 2012 10:00:34 +0000 Mausbel http://www.lesimmortels.com/blog/?p=4762 HELLFIST : A NEW BATTLEFIELD!

Nous revoici enfin en route vers la Loire-Atlantique, le cœur plein d’allant, en direction de Clisson, son château, ses vignes, ses habitants charmants (on ne le dira jamais assez !), et son festival de métal à l’affiche la plus éclectique au monde. Ce sont cette année pas moins de 157 (!) groupes qui prendront d’assaut des six (!) scène que nous proposent Ben Barbaud et ses partenaires de crime. Le tout est proposé au headbanger sur un tout nouveau site, deux fois plus grand que l’ancien complexe sportif du Val-de-Moine, et situé à peine à deux cents mètres d’icelui, sur une bonne partie des terrains dédiés aux campings lors des précédentes éditions.
C’est donc plein d’attentes et de curiosité, les pieds chaussés de godillots encore propres, et équipés contre la pluie qui menace, que nous nous dirigeons vers l’entrée du site. Cette dernière se situe au même endroit que les années précédentes, une bonne initiative pour ne pas trop perdre les foules de métalleux à l’esprit déjà embrumé par une première nuit arrosée en diable : une dégustation de Muscadet chez l’habitant, c’est bon mais c’est traître !

Passés les contrôles de sécurité de rigueur (chapeau aux agents de la sécu, qui sont tous les ans aussi sympathiques et souriants), nous investissons les lieux pour prendre nos repères. Première réaction : c’est vraiment beaucoup plus grand, bien que la disposition générale des scènes n’ait que peu changé. Il en résulte une  impression tout à fait étrange d’être à la fois sur le même site, et dans un lieu totalement différent. Les deux scène principales, les Mainstages, sont à leur place, devant une fosse assez gigantesque, la tente The Valley, dédiée aux groupes de stoner et doom, se situe près de l’entrée principale. The Warzone accueillera une programmation burnée à base de punk et hardcore. Un chapiteau titanesque abrite deux scènes se faisant face : The Altar pour les groupes de death et grind, et The Temple pour le black et pagan… Il va y avoir du trottinage de scène en scène et des choix difficiles, comme on s’y attendait, mais c’est surtout enfin l’écrin qui permettra certainement au Hellfest de devenir encore plus gros, plus beau, plus éclectique, bref, cela promet de bons moments !
Les décorations du site sont encore plus nombreuses et variées, et les stands pour s’abreuver et se repaître sont légion, un poil moins chers que les années précédentes (il semble) et séparés en plusieurs points, tout comme les banques pour les jetons : une riche idée qui économisera bien des minutes passées les années précédentes à faire la queue pour un kebab rikiki au goût d’eau de vaisselle. Un grand bar à vin a même fait son apparition au fond d’un petit coin de bois bucolique (enfin le premier jour, ensuite ce sera surtout “colique” tout court, mais nous y reviendrons), fort utile pour se reposer dans un calme relatif.
Voilà pour les points positifs… Maintenant, il faudra bien parler des ratés, car comme on dit, qui aime bien châtie bien, et à nouvel agencement, nouveaux problèmes.
Le principal problème viendra de l’emplacement des toilettes : car le métalleux s’agite, a soif, donc il boit, majoritairement une boisson au houblon, qui fait tôt ou tard aller à la miction. En soi ce n’est pas un souci quand le nombre de personnes est limité et calculé, mais à près de quarante-mille chevelus par jour, avec des pipi-rooms tous rassemblés aux mêmes endroits (que je n’ai trouvés que le deuxième jour), cela conduit invariablement à venir se soulager à peu près aux mêmes endroits, plus proches et plus immédiatement accessibles : une ou deux haies du bois joli, et les barrières derrière la Warzone. Il en résultera ce qu’un voisin anglais désignera comme la bien-nommée “pee river”, ce qui se passe de commentaires au niveau olfactif.
Un second point noir, en tout cas pour ma part, viendra de la double scène Altar / Temple. Si, sur le papier, regrouper black et death sous le même toit semblait une idée lumineuse, les concerts s’enchaînant d’une scène à l’autre mènent l’auditeur à subir les balances du groupe suivant, ce qui est particulièrement désagréable lorsqu’on est en train d’écouter une plage d’ambiance pendant la prestation de Darkspace, pour ne citer qu’eux. Ensuite, le fait que cette grande tente regroupe les attendus fleurons de deux genres phares fera que la foule sera souvent presque impossible à fendre pour aller voir son groupe favori, et ce même en arrivant avec presque quinze minutes d’avance.
Bon, vous comprendrez que les quelques problèmes de rodage du nouveau site seront vite réglés par les organisateurs, et que ce New Battlefield représente bien plus d’avantages que d’inconvénients pour le festivalier : on se sent respirer, là où l’année dernière on avait du mal à avancer, tant la foule était dense, plus d’animations et de choses à voir et à entendre, des coins de calme, moins de file d’attente… bref (presque) que du bon !

VENDREDI


  • Black Bomb A

Alors que nous arrivons sur les lieux, nous avons le temps d’entendre les derniers accords pagan des français de Belenos, et nous nous dirigeons vers la Mainstage 2 pour y retrouver d’autres frenchies. Le constat est rapide pour moi : le frenchcore, ce ne sera jamais mon truc. En tout cas, pour rester objectif, l’énergie et l’attitude sont là et le groupe fait un concert très propre et couillu, malgré quelques cafouillages entre les deux chanteurs. Je m’éloigne pour prendre connaissance avec l’Altar, où la programmation m’est bien plus adaptée.

Black Bomb A
Black Bomb A
  • Benediction

Arrivé là, et prenant possession des lieux (damned, que c’est vaste…) le death old-school du quintet britannique me fait enfin prendre conscience de ce que je fais là. C’est carré, c’est brutal, et cela fait du bien ! Je ne connais que mal ce groupe, je ne pourrai donc vous citer la liste des titres interprétés, mais au niveau de l’ambiance, je peux vous affirmer que les spectateurs ont eu leur compte de rythmiques lourdes et de growls furieux ! Un très bon échauffement des cervicales, et un groupe que je note sur ma liste pour écouter une fois de retour à la maison.

  • Molly Hatchet

Après avoir fait connaissance avec les nouveaux bars du festival, nous nous dirigeons vers la Mainstage 1, pour le premier événement de cette journée, la venue des Floridiens de Molly Hatchet. Encore une découverte pour moi, ne connaissant le groupe que de réputation, et un très bon avant-goût avant la venue plus tard des légendes du Southern rock : Lynyrd Skynyrd.
Chapeau de cow-boy vissé sur la tête, long manteau de gunslinger, Phil McCormack assure tant au chant qu’à l’harmonica, et remarque d’emblée les quelques drapeaux sudistes disséminés dans le public. Le groove et les riffs bien gras de Bobby Ingram, le sourire aux lèvre sous sa permanente d’anthologie, ont tôt fait de faire bouger le public, qui semble apprécier cet intermède rock ‘n’roll au milieu du déluge de distorsion de ce festival infernal.
Un excellent concert, qui en augure de meilleurs encore à venir.

  • The Bronx

Vous ne le savez peut-être pas, mais je ne suis vraiment pas trop amateur de punk ni de hardcore… C’est donc de loin que je vais suivre le concert des Californiens de The Bronx. J’aurais dû suivre les conseils d’un ami qui s’est précipité dans la fosse : le concert sera furieux, festif, au point que le chanteur Matt Caughthran décidera sur la fin de descendre lui-même dans le pit pour finir d’aplanir le terrain, slammer d’avant en arrière, le tout en chantant toujours. Un gros moment “cool” de cette première journée.

  • Darkspace

Après une ou deux mousses, afin de se rafraîchir les idées, à mon tour de me ruer devant la scène du Temple pour ne rien louper du set des Suisses de Darkspace, un de mes moments privilégiés de ce vendredi. Le style très particulier du groupe, plus adapté aux petites salles, et la réputation de ce black metal “spatial” d’une puissance peu commune a rameuté beaucoup de curieux ainsi que de fans. Après un faux départ (le set de Gorod s’étant terminé plus tôt, à cause d’un problème électrique, semble-t-il), les membres du groupe tournent le dos au public pendant une longue plage d’intro ambiant, et se retournant enfin, entament leur premier titre “Dark 1.2″ : le ton est donné d’entrée, ce sera implacable, les blasts de la batterie électronique et les riffs compacts et complètement saturés donnent l’impression de se prendre un mur dans la tronche à pleine vitesse. Les hurlements inhumains de Wroth, Zhaaral et Zorgh, aux tessitures particulières et contrastées, font trembler les piliers de la tente, et devant ce déluge, les premiers curieux qui n’accrochent pas ont tôt fait de déguerpir. Il est vrai que le style de Darkspace n’est pas facile d’accès, surtout sur scène, mais pour les fans qui adhèrent au concept, c’est du pain bénit que de les voir se produire devant autant de monde, dans un grand festival. Après une nouvelle plage de claviers, pendant laquelle les musiciens se retournent de nouveau, vient le moment de nous faire subir un “Dark 2.10 encore plus monstrueux que le premier titre, histoire de ne faire rester que les fans devant la scène. Les cris se font de plus en plus déchirants, les accords de guitares plus lourds, les claviers plus obsédants… Certains qualifient Darskpace de minimaliste, on qualifiera plutôt le groupe de maximaliste, tant leur musique paraît épaisse et compacte. Vient déjà le moment de clore le concert sur un titre extrait du troisième album “Dark 3.16″, histoire de nous achever encore plus puissamment ! Le seul contact avec le public se réduira à un bras tendu de la bassiste Zorgh, au cours de l’un de ses derniers hurlement à vriller les tympans, et les membres du groupe quittent la scène sous les applaudissements.
Les Suisses auront livré là un concert sans concession, n’édulcorant leur style pour rien au monde, et à défaut de s’attirer l’attention du plus grand nombre, auront su satisfaire leurs fans, et je les en remercie. L’un des meilleurs moments de cette édition 2012 pour moi, on pourra simplement regretter la disposition de la scène The Altar, qui nous aura fait subir les balances de Brujeria pendant les longues nappes de claviers entre les chansons.

  • Turbonegro

Après une petite pause de rigueur, et le temps de mettre une petite laine (oui, bon, une pèlerine imperméable en l’occurrence), nous nous fixons près de la Mainstage afin de suivre le set des Norvégiens de Turbonegro. Après un hiatus de près de deux ans, du au départ de Hank Van Helvete, le frontman historique du groupe, et la re-formation avec Tony Sylvester au micro, les hommes en denim étaient fortement attendus par une petite armée de fans de tout poil et de membres des Turbojugend, également tout de jeans vêtus. Comme à leur habitude, Euroboy et consort apparaissent déguisés et maquillés, au son de leur deathpunk à la fois festif et politiquement incorrect, commençant par un des tubes du groupe : “All My Friends are Dead”.
S’en suivent “The Nihilist Army”, “Wasted Again” et tant d’autres… Les musiciens jouent leur rôle à plein et multiplient les pauses “bad-ass”, Tony Sylvester, la bedaine tatouée à l’air, harangue le public qui malgré la fine pluie qui tombe maintenant sur Clisson, profite du moment à fond. C’est drôle, on bouge bien, ce n’est pas compliqué, bref du pur rock ‘n roll mâtiné de punk qui donne à la fois envie de péter les bras de son voisin dans le pit et de se marrer comme une baleine ! Logiquement Turbonegro aura droit au premier rappel du festival, et c’est à la Freddie Mercury, couronne royale et manteau d’hermine frappé de l’Union Jack que le chanteur et ses acolytes reviendront interpréter sous nos yeux ébahis “Age of Pamparius”, “Denim Demons” en l’honneur des Turbojugend présents, et enfin un furieux “I Got Erection” pour finir leur set en classe et en beauté ! Encore un bon moment pour beaucoup, et une découverte en live pour bibi.

  • Lynyrd Skynyrd

Pas le temps de se remettre, juste celui de se diriger à quelques mètres de là vers la Mainstage 1, pour l’un des (nombreux) événements de cette cuvée 2012, la venue des vétérans du Southern rock : Lynyrd Skynyrd ! La foule a migré avec nous, et c’est avec un public assez dense que les sudistes entament leur set avec “Workin’ for MCA”, “I Ain’t the One” et “Skynyrd Nation”… Hélas, après l’enthousiasme ravageur des Norvégiens qui viennent de passer sur la scène d’à côté, la mayonnaise a (en tout cas pour ma part) un peu de mal à prendre, et il faudra attendre jusqu’à “Simple Man” pour que l’émotion fasse son effet et que les spectateurs, bras-dessus, bras-dessous, entonnent en chœur les succès du groupe. “Sweet Home Alabama” sera du même tonneau, et le rappel tant attendu, le fantastique “Free Bird” son solo de fin légendaire fera enfin headbanguer en masse sous les reflets de la boule à facettes géante dominant la scène. C’est le truc des chansons de ce calibre, qui mettent un peu le reste des titres du groupe entre parenthèses, mais sauvent indubitablement un concert qui sans cela aurait été juste ennuyeux.

Lynyrd Skynyrd

Lynyrd Skynyrd

  • Cannibal Corpse

L’enchaînement de ce vendredi après-midi continue de plus belle, pas le temps de se poser, et direction l’Altar pour suivre (au moins) un bout (une tranche ?) du set de Cannibal Corpse. Comme d’habitude, on ne comprend pas tout ce qui se passe sur scène, mais cette grosse boucherie reste tout à fait sympathique, et les headspins furieux de George “Corpsegrinder” Fisher donnent la mesure. Les Floridiens commenceront par trois titres ! “Torture: Demented Aggression”, “Sarcophagic Frenzy” et “Scourge of Iron”, extraits de leur dernier méfait en date, histoire de se mettre en jambe. Viendront les classiques, tels les primesautiers “I Cum Blood” et “Hammered Smashed Face”. Un concert solide et bien bourrin, mais somme toute un peu classique.

  • Satyricon

Juste le temps de se tourner pour observer le début du set de Satyricon sur la scène du Temple. Ambiance sombre et froide de rigueur, éclairage blafard, le black ‘n roll des Norvégiens retentit sous l’immense chapiteau avec un “Now Diabolical”> parfait. Satyr se martyrise les cordes vocales en contre-jour, devant son pied de micro à l’image du logo du groupe, Frost martèle ses fûts comme un damné, les guitares déchirent l’air, on est bien loin du set en demi-teinte que nous avait offert le groupe en 2008, sous un soleil de plomb. “Black Crow On a Tombstone” suit immédiatement, on aime ou on n’aime pas le ‘nouveau’ style de Satyricon, mais en tout cas on ne peut pas nier que sur scène, c’est diablement (héhé) efficace ! Hélas, il est temps pour moi de m’arracher du Temple si je ne veux rien louper du concert de Megadeth, et c’est après “The Wolfpack” que je sors du chapiteau. Le mauvais point, c’est que je louperai les formidables “Mother North” et “To the Mountains”, le bon c’est que j’échapperai à l’abominable “K.I.N.G.” (non mais quelle bouse !).

  • Megadeth

Voici déjà venu le temps de contempler la première tête d’affiche de ce Hellfest 2012, la bande à Dave le rouquin, la Némésis de Lars Ulrich, mon petit chouchou du Big Four : Megadeth ! Alors on va dire que je raconte ma vie, mais Megadeth et moi c’est spécial, c’est simplement le premier groupe de métal dont j’aie acheté un album (la cassette de Rust In Peace) avec mon argent de poche, c’est un peu donc grâce à Dave Mustaine que je me retrouve là où j’en suis maintenant, à vous raconter tout cela. Comme c’est seulement la deuxième fois que j’ai la chance de les voir en live, je ne devais sous aucun prétexte louper une seule minute de ce concert. C’est sur le très efficace “Never Dead”, tiré du dernier album en date, Th1rt3en, que commence le set et déjà on sent que l’on va prendre cher, même si le son est un peu brouillon, au vu des conditions climatiques, et que la voix de Dave Mustaine n’est pas des plus en forme ce soir. Pas le temps de faire une pause, que les musiciens nous assènent “Head Crusher”, pour forcer nos cervicales déjà éprouvées à battre la mesure sans merci, les guitares du frontman et de Chris Broderick se complètent à merveille et les solos virtuoses s’enchaînent. Le premier classique, “Hangar 18″, fait lever les mains de la foule, venue nombreuse dans la pénombre et sous les premières gouttes d’une nouvelle averse, et Mustaine entre enfin vraiment dans le show, la voix échauffée, avec les ballades “Trust” et “In My Darkest Hour” et  un “Foreclosure of a Dream” de bon aloi.

Megadeth Hellfest 2012

Visiblement de bonne humeur, le chanteur-guitariste rouquin n’en fait pas oublier son caractère de cochon, notamment vis-à-vis de Dave Effelson, laissé seul pour assumer la ligne de basse de Dawn Patrol, pendant que son compère chante en coulisse. D’ailleurs, pas un instant ils n’entreront en contact, visuel ou physique, durant le show. Le contentieux qui oppose depuis des lustres les deux musiciens n’empêche pas le spectacle de se dérouler pour le mieux, malgré le son toujours aléatoire. Présence en France oblige, les premières mesures de “À Tout le Monde” retentissent dans le ciel de Clisson.
Vient le moment de la promo obligatoire, avec trois titres issus de Th1rt3en, plutôt anecdotiques : “Guns”, “Drugs and Money”, “Whose Life (Is It Anyway)?” et “Public Enemy No1″, puis retour aux choses sérieuses avec une “Symphony of Destruction” pour nous remettre le nez dans nos classiques.
Le groupe quitte la scène, et nous fait attendre quelques instants avant de revenir nous gratifier d’un rappel : hésitant entre “Holy Wars” et “Mechanix”, c’est finalement les deux en medley qui nous seront servis sur un plateau !
Les Californiens quittent la scène sous les applaudissement, j’en ai pris plein les mirettes, malgré un Mustaine en petite forme vocale, et un son un peu fluctuant. M’en fous, pour Megadeth, on n’est pas objectif !

SAMEDI

Après une bonne nuitée de sommeil, un solide petit déjeuner, un petit tour dans le centre de Clisson, nous nous dirigeons doucement vers le site du festival, histoire d’arriver pour les concerts de Death Angel et Steel Panther. Seulement, le sets des glameux étasuniens a été avancé à la place de Koritni, et réciproquement. C’est donc la toute fin du concert de la panthère d’acier que l’on entendra retentir en entrant sur le site du festival. À charge de revanche parce que d’après les impressions relevées ici et là, ils auraient fait l’un des meilleurs show du festival !

  • Death Angel

Comme le dit Mark Oseguada en haranguant la foule devant la Mainstage 2, les Death Angel font du thrash depuis longtemps, très longtemps. La formation du groupe remonte à 1982, et malgré quelques coups d’éclats ici et là, les Californiens sont toujours plus ou moins restés dans l’ombre de leurs illustres voisins du Big Four. C’est néanmoins un groupe qui mérite le détour, et qui gratifie toujours les spectateurs de concerts solides. Le bien-nommé “Thrashers” retentit dès le début, et le ton est donné : headbangs furieux, slams, et mosh parts seront de la partie, sous un beau soleil ! C’est la quasi-totalité de leur premier album que les Californiens nous offriront ainsi, ce qui me décidera à aller faire un tour au-dessus de la foule pour jauger l’enthousiasme, pendant “The Ultra Violence”, au nom prédestiné.
C’est en tout cas encore d’une très bonne performance que Death Angel nous a encore gratifiés, et nous souhaitons les voir plus souvent en France tant ils conservent une énergie et une fraîcheur que bien des groupes plus jeunes et plus célèbres devraient leur envier.

  • Exodus

Puisqu’on était dans le thrash, autant le rester avec d’autres Californiens, plus connus mais aussi dont le style parle moins… En effet, comme d’habitude, le set d’Exodus en touche une sans faire bouger l’autre. Pourtant, les classiques y passent : “Bonded By Blood” en tête, et le public y réagit énergiquement. Mais cela passe mal.

  • Sebastian Bach

Juste le temps de se décaler de quelques mètres, devant la Mainstage 1, et nous voici prêts à recevoir l’une des icônes du métal de la fin des années 80 et début des 90 : Sebastian Bach. On espère que l’ex-leader de Skid Row a gardé la forme et va nous gratifier d’un bon concert, tant les tubes du groupe et du bonhomme sont entraînant sur disque. Au niveau de la forme, on ne peut qu’avouer que le tour de taille du chanteur va faire des envieux, vu la coupe du pantalon ultra-moulant dont il est revêtu comme à la grande époque… plus serré et c’est la vasectomie.

Sebastian Bach Hellfest 2012

On commencera fort, avec un morceau de Skid Row justement, et pas des moindres : “Slave to the Grind”, un tube (et ce ne sera pas le dernier !). Voilà comment captiver le public, commencer fort, et aux têtes hochant furieusement d’avant en arrière, cela marche plutôt bien !
Vient ensuite la chanson-titre de son dernier album en date “Kicking and Screaming”, c’est efficace bien que moins fun, même si le jeune prodige de la guitare Nick Sterling nous offre un remarquable solo (et ce ne sera pas le dernier non-plus).
Retour donc à l’ère Skid Row, avec le tubesque “Here I Am”, très Mötley Crüe dans l’âme : le public réagit de plus belle, j’en veux pour illustration cette femme d’une quarantaine d’année placée juste devant nous, pleurant littéralement en hurlant les paroles, visiblement en train de contempler son idole sur scène. C’est de la dévotion ! Le reste du concert se passera pour le mieux, entre les déhanchement du frontman canadien, et les morceaux estampillés “retour dans les 90’s”. Les applaudissements à tout rompre du public à la fin du show sont un indicateur assez sûr : Sebastian Bach a fait son boulot, et bien fait, qui plus est.

  • In Extremo

L’avantage du Hellfest, c’est vraiment la diversité de la programmation  : avec 157 groupes, il y a de quoi faire un paquet de découvertes. C’est mon cas pour In Extremo, traîné par un ami (”Si, si tu verras, c’est du folk pagan marrant !”) et pas convaincu du tout sur le papier, on aura au final passé un bon moment. Pyrotechnie, instruments bizarroïdes, et bonne humeur, le cocktail des Allemands auront balayé mes réticences. Le public nombreux semble également apprécier si l’on en juge par la poussière soulevée dans la fosse et qui maintenant flotte sous le chapiteau et devant la scène du Temple.

  • Napalm Death

De la poussière, il risque d’y en avoir beaucoup plus d’ici quelques minutes devant la scène de l’Altar ! Le passage des Anglais de la mort au napalm rameute toujours autant de monde, et c’est en luttant pour se frayer un passage dans la foule compacte que nous nous rapprochons tant bien que mal. Arrivés assez près nous attendons l’arrivée de Barney et consort aux limites du pit, histoire de ne pas trop prendre cher, il reste tant de groupes à voir… Après la sortie de l’excellent Utilitarian, les fans semble attendre le groupe de pieds ferme. C’est sur l’intro de ce dernier brûlot, “Circumspect”, que les membres du groupe s’installent sous les hourras, et sur “Errrors In the Signal” que le massacre commence ! Nous nous retrouvons immédiatement entraînés dans un mosh assez furieux, qui nous fait vite penser à un tambour de machine à laver : il faut dire qu’on est assez près, et que, comme d’habitude, l’énergie de Napalm Death, et de son chanteur en tête, est contagieuse ! Suivent “Everyday Pox” et un “Protection Racket” accéléré qui nous laissent exsangue.
Comme sur un album, les titres plutôt courts s’enchaînent à la vitesse d’un train lancé à pleine vitesse. Tout y passe : des plus récents “The Wolf I Feed” et “Quarantine”, aux historiques “Dead”, “Scum” ou encore l’obligatoire reprise des Dead Kennedys, “Nazis Punks Fuck Off”.
Les Anglais auront une nouvelle fois rempli leur contrat : faire de leur grindcore un moment de communion avec le public, dans la brutalité la plus totale !

  • Guns ‘N Roses

Je laisse passer le set de Machine Head, apparemment très réussi selon les ragots récoltés ici et là, pour me frayer un passage difficile dans la foule déjà massée devant la Mainstage 1 pour l’événement de ce samedi : Guns ‘N Roses ! Oui les mêmes que sur mes posters de chambre d’ado, enfin presque… enfin surtout Axl Rose, quoi… surtout ce qu’il en reste ! Mais comme on dit, qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse : j’avais toujours rêvé gamin des voir Guns ‘N Roses en live, ce sera bientôt chose faite !
Clou du spectacle, Axl et compagnie ne sont même pas en retard et commencent leur set par… “Chinese Democracy” ? Bon passe encore, c’est de la promo, faut pas leur en vouloir. Mais enfin, outre le fait que la chanson soit quand même très mauvaise (on dirait du mauvais Marylin Manson) le son tirant sur les basses est exécrable ! Gageons qu’avec la réserve de tubes que le groupe possède, ce mauvais départ ne sera vite qu’un mauvais souvenir. En parlant de chansons mythiques, voilà leur tout premier méfait : “Welcome To the Jungle”, suivi de “It’s So Easy” et “Mr. Brownstone”, bref du lourd en principe… et là c’est le drame : aucune énergie ne passe, Axl n’est pas en voix, les membres du groupes prennent des poses inspirées pendant leurs interminables solos, bref c’est chiant et le son est pourri. Je dégage de là vite fait après le massacre d’”Estranged”, et tellement énervé, je ne m’arrête même pas pour voir le set de Behemoth que je me réjouissais pourtant de voir dans l’ambiance d’une tente (je le regretterai le lendemain…).

DIMANCHE

Après un réveil ronchon, vite oublié par l’ingestion d’un solide petit déjeuner, direction le site du festival, car le programme de la journée est encore chargé, et les artistes ont fort à faire pour nous faire oublier le fiasco des Guns hier soir.

  • Girlschool

C’est un scandale de voir les copines de Lemmy si tôt dans la journée, et ce seulement une demi-heure. Je réclame à grand cris au moins une heure de Girlschool, et ce tous les jours du festival ! Et d’ailleurs pourquoi s’arrêter là, j’exige un concert de Girlschool tous les jours de l’année ! Voilà c’est dit.
Trêve de plaisanteries, les quatre bad girls anglaises nous ont bien remis les idées en place sous le soleil de Loire-Atlantique en nous criant bien fort : “C’EST ÇA LE ROCK ‘N ROLL MESSIEURS !” Une bien belle leçon que le public, malheureusement pas assez nombreux, n’est pas près d’oublier : les “Hit and Run”, “C’mon Let’s Go” ou autres “The Hunter” ont lancé la journée de fort belle manière. Merci les filles !

  • D-A-D

Le temps de se faire une petite mousse, et de jeter une oreille distraite sur le set d’All Shall Perish (pas ma came, mais le nom est super cool !), et nous revoici devant la Mainstage 1, pour suivre la performance des Danois de D-A-D, alias Disneyland After Dark. Les musiciens investissent la scène et démarrent directement par “A New Age Is Coming”, un bon gros hard-rock à l’ancienne mâtiné de country dont ils se font la spécialité depuis les années 80. C’est groovy, puissant et cela continue à maintenir de bonne humeur, que demander de plus ? Qui plus est l’attitude de Jesper Binzer et compagnie est au diapason de la musique : vocalises avec le public sur “I Want What She’s Got”, les poses rock ‘n roll de Stig Pedersen et ses magnifiques basses à deux cordes floues, tout contribue à passer un bon moment. Encore un groupe découvert au Hellfest qui va se retrouver dans mon autoradio !

  • Black Label Society

Décidément, Black Label Society j’aime bien. D’ailleurs, j’aime bien aussi le père Zakk Wylde, mais il n’y a pas à dire, en live je n’ai jamais vraiment accroché. Et ce n’est pas cette performance en demi-teinte qui me fera changer d’avis. La faute notamment à un solo (encore) interminable, et dont tout le monde se fout. Et ce ne sont pas des perles telles que “Parade of the Dead”, dont l’énergie devrait pourtant faire vibrer la foule, qui rattrapent la sauce. Un concert le cul entre deux chaises, et semi-déception malgré quelques bons moments.
En tout cas, twister comme des zazous, et d’un c’est fatiguant, et de deux cela donne faim et soif : nous passerons les sets de Walls Of Jericho, Hatebreed et Devildriver à nous abreuver, nous repaître et nous reposer un brin. Même assis, je tends l’oreille, et ces trois grands habitués du Hellfest ont rempli leur contrat : moshparts furieux, cirques pits (un géant même, réclamé par la douce Candace) et tutti quanti ! Allez faire un tour du côté de la vidéo Arte Live Web pour suivre le concert des ocreux de Détroit plus en détail.

  • Blue Öyster Cult

C’est aussi pour cela qu’on aime tant le Hellfest : outre le fait d’avoir souvent de très grands groupes actuels, des cadors du métal, qui sillonnent les routes du monde toute l’année, on a aussi souvent des groupes historiques que l’on n’a pas la chance de voir souvent chez nous. Pensez-bien, Blue Öyster Cult, rien de moins. Si Black Sabbath avait tenu l’affiche le lendemain, ce sont simplement les deux premiers groupes de heavy métal que l’on aurait pu voir coup sur coup. C’est donc un public nombreux, de tout âge, qui vient se presser devant la Mainstage 1 pour profiter du concert des Étasuniens. Le premier titre joué sera “The Red and the Black”, et les têtes se mettent à headbanguer à l’unisson sur ce riff imparable ! Viendront ensuite “Burning For You” dont le refrain sera scandé par mille gorges, dont celles de jeunes de ou 17 ou 18 ans sautant partout, bras-dessus bras-dessous, puis “Buck’s Boogie” et sa ligne de guitare ultra rock ‘n roll ! Revisiter une carrière aussi longue en seulement une heure, ce n’est pas chose aisée et c’est sûr qu’un paquet de chansons cultes ne pourront pas être jouées, on le sait pertinemment, mais la setlist est simplement parfaite, et les membres du groupe savent encore y faire, si l’on en juge par le solo terrible de “Richie Castellano” sur un “Godzilla” d’une lourdeur éléphantesque, suivi par celui de “Buck Dharma” : deux modèles de groove, que du bonheur (suivez mon regard, Zakk Wylde et les membres de GnR).

Blue Oyster Cult Hellfest 2012

Il est temps à nouveau de se mettre à chanter en chœur sur l’inévitable “Don’t Fear the Ripper”, et le public s’en donne une nouvelle fois à cœur joie sur ce succès intemporel. Le groupe sera rappelé des coulisses par les ‘B.O.C. !!’ scandés par la foule, vient le temps d’un encore, sous forme d’un de leurs titres le plus heavy, “See You In Black”, extrait de Heaven Forbid.
Et là c’est bien fini, et on se dit qu’une heure de Blue Öyster Cult, c’est décidément bien trop court et qu’on aurait bien signé pour le double. Un grand moment du festival pour bon nombre de spectateurs ce soir.

  • Mötley Crüe

Le temps de se remettre avec un peu de houblon, nous revoici devant cette Mainstage 1 qui aura vu passer tant de figures en ce week-end pour un autre groupe avec des trémas sur ses voyelles, l’équipe bariolée de Mötley Crüe.
Après un passage remarqué en 2009, la bande de Nikki Sixxnous revient en forme, et, avec un fond de scène recouvert de peaux de bêtes, et commencent leur set par “Wild Side” et “Live Wire”. On sent qu’on va déguster des classiques, et les nombreux glameux tout en permanentes et en jeans serrés donnent de la voix pour leurs idoles ! Pourtant la mayonnaise à un peu de mal à prendre. Vince Neil a beau sautiller d’un côté à l’autre de la scène tel un chevreuil en légère surcharge pondérale, la setlist est au petits-oignons : “Too Fast For Love”, “Shout At the Devil”, “Saints of Los Angeles”. Le son est bien meilleur que sur de nombreux concerts sur cette Mainstage, un petit manque de folie rock ‘n roll plane. Un comble, vu que ni le groupe ni le public (au vu des paires de seins exhibées !) ne ménagent leurs efforts ! J’ai eu du mal à rentrer dans le spectacle.
Heureusement, à la seconde moitié du concert, à partir de “Same Ol’ Situation (S.O.S.)”, on prendra son pied sur les riffs imparables de “Girls, Girls, Girls”, de “Dr. Feelgood”, et enfin de “Kickstart My Heart” ! Le concert se finira sur Tommy Lee vidant une bouteille de champagne sur les premiers rangs, rien que de très normal pour les bad-boys de Los Angeles. Un concert en demi-teinte mais tout le monde semble s’être régalé.
Nous suivrons le set d’Ozzy & Friends de loin, vu que la setlist et le show furent quasiment les mêmes que l’année passée, (”Slash”, “Geezer Butler” en sus), la pluie en plus. Un peu décevant de finir quasiment sur la même tête d’affiche que l’année dernière, alors que le Hellfest nous faisait toujours de belles surprises pour la tête d’affiche finale du festival, et ce depuis des années. Gageons que Ben Barbaud et ses comparses se rattraperons là dessus en 2013, le chiffre porte-bonheur ! (qui a dit Iron Maiden dans le fond ?)
Pour conclure, on pourra dire ce que l’on voudra, mais le Hellfest a encore franchi un cap cette année avec ce nouveau site, malgré quelques couacs bien compréhensibles. Gageons que, habitués à réagir promptement d’une année sur l’autre, et à relever toujours plus de défis, l’équipe dirigeante saura y remédier, nous serons bien entendu de la partie, pour profiter un maximum d’un festival auquel le public porte une affection particulière.

Photos par Jess aka Maus – Galerie Flickr

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Patti Smith @ Grenoble, le MC2 – 8/11/2011 http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/4349/2011/11/27/patti-smith-grenoble-le-mc2-8112011/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/4349/2011/11/27/patti-smith-grenoble-le-mc2-8112011/#comments Sun, 27 Nov 2011 15:44:22 +0000 JPGP http://www.lesimmortels.com/blog/?p=4349 Patti Smith live @ Grenoble 2011 - photo Damien LorekAux bourreaux du bitume Patti Smith a donné une sacrée leçon de conduite. Dans la petite salle de la MC2 de Grenoble l’Américaine a laissé abasourdis et presque sonnés le millier de personnes avides autant de vieil art, de vernis sages comme de concert intempestif ou progressif. La salle ressemblait à une cour des miracles bourrée de sauvetages sonores au nom d’une musique qui, en dépit de l’âge de l’officiante, reste pleine d’acné juvénile.

Au lieu d’un concert d’adieu ce fut une faim de partie où planaient des zèles du désir. Le rectangle de la salle devint un carré pour “l’hypothémuse”. Ses zestes déplacés, les accents électriques de son groupe évitèrent tout râteau à la méduse. Dopés à l’huile de Ricains les spectateurs forcés d’être debout eurent droit à des folies berbères. De maison glose la MC devint pour une fois tout sauf un palais de la culture, une tombe à retardement ou un Ritz amer.

Rejetant aux calendes grecques l’automobile pétaradante de la crise et ses accords des on, Patti Smith fit de son show musclé un bar à basse, un dragueur de mimines. On y prit un panard gothique pour ressentir une Faust impression. Il y eut à la fin des braves hauts et des bis cornus qui couvrirent les rôts lents de gars rosses qui, croyant assister à un enterrement de première, étaient venus chargés de bières.

Patti Smith fut telle qu’en elle-même. Sans effets, tartes tapins, compromis ou opéra pastille. Le concert sentit la foudre du début à la fin. La chanteuse tel un soda inconnu offrit non un faux rhum de hall mais une musique rare qui sent toujours la rage et de garage.

Crédit photo : Damien Lorek http://www.flickr.com/photos/dlorek/

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X JAPAN – ZÉNITH DE PARIS – 1er JUILLET 2011 http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/3777/2011/07/03/x-japan-%e2%80%93-zenith-de-paris-%e2%80%93-1er-juillet-2011/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/3777/2011/07/03/x-japan-%e2%80%93-zenith-de-paris-%e2%80%93-1er-juillet-2011/#comments Sat, 02 Jul 2011 22:21:49 +0000 Killer Queen http://www.lesimmortels.com/blog/?p=3777 X Japan - 01/07/2011WE ARE X !!! NOUS SOMMES X !!!]]> x-japan_liveAT LAST FRANCE! (= Enfin la France !) Ce sont ces quelques mots qui ont été prononcés très vite par X Japan à l’occasion de leur tout premier concert chez nous. Et les Immortels y étaient !

Avant toute chose, ceci est un live report de fan, donc tout manque d’objectivité y est parfaitement assumé. Bref.

Dès le début de leur carrière, en 1982, à leur séparation en 1997, le groupe X Japan n’avait jamais joué en France. Puis il y eut un très émouvant show case parisien l’an dernier, annonçant leur retour. Retour très attendu par les fans des inventeurs du ‘visual kei‘ (ce courant musical japonais mêlant tenues extravagantes à mi-chemin entre le look glam le plus fardé, nos beaux hardeux années 80 et métal virtuose) et de leur son unique oscillant entre ballades à fendre l’âme d’une pierre sourde et rock, tantôt speed, tantôt hard, ou tantôt métal plus classique. Mené par le génie batteur-pianiste-auteur-compositeur-bête de scène Yoshiki ‘Yoshi’ Hayashi et le chanteur à la voix puissante et venue d’ailleurs Toshimitsu ‘Toshi’ Deyama, il inclut également aujourd’hui Hiroshi ‘Heath’ Morie à la basse, Tomoaki ‘Pata’ Ishizuka à la guitare rythmique, Yūne ‘Sugizo’ Sugihara à la guitare et au violon. Et évidemment, la présence du guitariste légendaire Hideto ‘hide’ Matsumoto, dont la mort accidentelle en 1998 a laissé des traces très profondes sur les deux leaders, plane toujours dans l’air, même si le groupe a enfin entamé son deuil en abandonnant le son et lumière holographique de hide qui les accompagnait jusqu’à il y a peu de temps.

Et voilà qu’après un triomphe au festival étasunien Lollapalooza en 2010, ils sortent un nouveau single, “Jade” (et peut-être un prochain album ?), et une tournée mondiale suit logiquement en 2011, passant par l’Europe et les Amériques Centrale et Latine, quelques dates peut-être amenées à s’étoffer. Et ce 1er Juillet au soir, le Zénith de Paris… le genre d’événement qu’on ne loupe pas. Quitte à attendre plus de 3 heures 30 à piétiner seule et debout sans vivres ni eau, en subissant les mafieux à la petite semaine qui veulent absolument racheter votre place (plutôt mourir, mec, mais bonne journée quand même…) pour la revendre à prix d’or, quitte à déchirer inopinément son t-shirt à la porte des toilettes (message de service : Daphné, ma rédac chef adorée, puis-je considérer que c’est un accident du travail ?), quitte à payer une somme folle pour boire un thé glacé qui ressemble à s’y méprendre de l’idée que l’on peut se faire de la pisse de lama, quitte à écouter sans hurler de rire des adolescents âgés de douze ans au garrot qui observent et demandent à cantonade :  : «C’est quoi ‘Ikseu-Japon’ ? Ça chante pendant le concert ?» (Authentique !).

Et puis on fait de belles rencontres : Ikari, bassiste du projet français GaïdjinN dont on reparlera très bientôt, des animateurs de la chaîne de télévision NoLife, des jeunes mettant à l’honneur la résistance du ‘visual kei’ à l’usure du temps et des modes.

Et puis petit à petit, les t-shirts, signes de reconnaissance de tout concert, se font plus précisément choisis : beaucoup d’X Japan, évidemment, mais également beaucoup de J-Rock voire de J-Pop, de métal plus proche de nos contrées occidentales (keep the horns!), de motifs inspirés de geekitude absolue, et puis beaucoup de t-shirts NoLife (!!) aussi, dont votre humble servante ici écrivant.

Après une installation dans une moiteur incroyable, après une looooongue attente sans première partie (d’après le personnel du Zénith interrogé, le groupe initialement prévu aurait été viré in extremis pour manque de professionnalisme et comportement lamentable…), après avoir appelé, hurlé, enfin, le concert commence… WE ARE X!

Bien sûr, on peut commencer par râler un peu : une setlist identique au iota près à la date précédente de Londres et, parions-le, à celle d’en ce moment-même aux Pays-Bas, ce qui pousse certain-e-s à hurler au play-back en règle, accusation sans fondements.

Très peu de morceaux. Soit. Mais à dix à vingt minutes par titre, on ne peut pas tout à fait se sentir amputé.

Peu de spontanéité et un show certes parfait mais exécuté de manière implacable. Tout en étant d’accord avec cela, il faut bien reconnaître que l’ancienneté d’X Japan amène logiquement une structure de concert très professionnelle, à fond les manettes, et surtout rodée à l’extrême. Et il est vrai que le Zénith (dans les 6 500 places) presque plein a eu beaucoup de mal à encaisser le choc visuel, sonore et spectaculaire d’un groupe habitué à remplir comme un œuf le Tokyo Dome, plus de huit fois plus vaste ! Ressortie sourde comme un pot et ayant à certains moment mal vécu la saturation acoustique abominable qui vrillait mes tympans pourtant bien bouchonnés, je reconnais avoir trouvé que le spectacle se serait davantage prêté à une salle [beaucoup] plus grande pour contenir toute l’amplitude d’un concert aussi bien huilé. Ou alors à un déroulement moins réglé comme du papier à musique fait pour être efficace et en jeter plein les yeux et les oreilles.

Mais ceci mis à part, ce n’est pas parce que tout était calibré et ultra-répété que cela enlevait à la beauté ou à l’émotion. Après l’introduction classique, X Japan attaque directement avec une version survoltée de leur nouveau single “Jade”, déchaînant la foule de manière immédiate, les gradins se levant frénétiquement dès le premier accord et la salle entière joignant les bras pour ce fameux X de ralliement. Entre chaque morceau rappelant que ce groupe est depuis trente ans un ensemble d’excellents musiciens, de techniciens de légende, des monstres sacrés, nous avons droit à quelques petits mots adorables en japonais, en anglais mais aussi en français (on apprécie l’effort) et une vraie communication avec le public. Yoshi, très expansif et torse nu, tabasse sa batterie, se roule par terre, jette des ‘fuck’ dans toutes ces phrases, et se brise la voix à crier à l’envi le traditionnel WE ARE… X! Les chansons jouées ont visiblement été sélectionnées avec beaucoup de soin pour permettre d’avoir un aperçu de leur si belle carrière, avec des envolées speed metal survoltés entrecoupées d’interventions qui laissent éclater la virtuosité du violon de Sugizo et le talent classique du piano de Yoshi. Naturellement, nous sommes invité-e-s à chanter à plein poumons. Et c’est dans une phonétique quasi-parfaite que chacun-e reprend des textes dans des langues pas nécessairement maîtrisées, en anglais ou en japonais.

Après l’hymne survolté “X”, prolongé jusqu’à n’en plus finir dans la joie collective, après les ‘hide can fucking hear you’, ‘Plus fort !’, ‘On vous aime la France !’, le groupe fait semblant d’en avoir terminé. Pour mieux revenir avec le lyrisme et la beauté de l’incontournable “Endless Rain”, suivi du morceau de bravoure (originalement 29 minutes mais ici légèrement raccourci) “Art of Life”, mêlant successivement piano torturé, puissance vocale, harmonies de guitares hurlantes et accents prog.

Et enfin, le concert s’arrête sur un play-back de “Forever Love”, douceur finale qui permet aux membres du groupe de poser micros et instruments, de laisser la musique dérouler, de faire rallumer la salle, de nous saluer, de poser au cœur de la scène pour une photo-souvenir devant cette foule qui les a acclamés.

Il est toujours un peu complexe de terminer une chronique de cet ordre. Oui, après le concert, nous sommes sorti-e-s de la salle, nous avons regagné nos pénates un peu perdu-e-s, beaucoup courbaturé-e-s, un peu différent-e-s, un peu pauvres mais si riches (disons pudiquement que le stand merchandising récoltant des fonds pour la Yoshiki Foundation pour reconstruire le Japon dévasté, les prix sont logiquement très élevés et je suis faible…), la fougue au cœur et l’envie de hurler ‘J’y étais !’. Et que c’était énorme, magique, grisant, inoubliable, gravé.

Au point que la station de métro Porte de Pantin résonne encore de cette foule compacte et bigarrée parlant français, anglais, allemand, espagnol, flamand, italien, russe, farsi… qui a bondi et hurlé sur les quais de la station, au point de terrifier les riverain-e-s : “WE ARE … X !! WE ARE … X !! WE ARE … X !!!”

yoshikitty

Hello Kitty + Yoshiki = Yoshikitty

SETLIST

  1. New Intro
  2. Jade
  3. Rusty Nail
  4. Silent Jealousy
  5. Drain
  6. Kurenai
  7. Born To Be Free
  8. I.V.
  9. X
  10. Endless Rain
  11. Art of Life (second movement)
  12. Forever Love

LIENS UTILES :

- Site officiel
- Yoshiki sur Twitter
- X Japan sur Facebook

Oui, j'y étais !! Crédit photo : http://twitpic.com/photos/YoshikiOfficial

Oui, j'y étais !! Crédit photo : http://twitpic.com/photos/YoshikiOfficial

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DJ Shadow, Battles, Half Japanese, Fowatile… @ Nuits Sonores (Lyon) – 01/06/2011 http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/3553/2011/06/07/dj-shadow-battles-half-japanese-fowatile-nuits-sonores-lyon-01062011/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/3553/2011/06/07/dj-shadow-battles-half-japanese-fowatile-nuits-sonores-lyon-01062011/#comments Tue, 07 Jun 2011 09:59:31 +0000 Toto Duchnok http://www.lesimmortels.com/blog/?p=3553 Nuits Sonores

Compte-rendu d'une nuit éclectique.]]>
structure2

Jusqu’en 2008, le sud de la presqu’ile de Lyon, desservi par la gare de Perrache, était le siège de l’immense marché de gros lyonnais. Manifestement, des considérations autant techniques (confinement du site par le fleuve, vétusté des installations) que politiques (le plein centre de Lyon suscite d’autres ambitions), le marché s’est vu délocalisé à Corbas. En attendant que les projets concernant la presqu’ile ne se concrétisent, il ne reste de cet ancien site qu’une vaste étendue de hangars vétustes et d’entrepôts abandonnés. C’est là que, le temps d’une semaine, le festival des Nuits Sonores installe le décor de ses manifestations nocturnes.

A l’ouverture des portes, un peu avant 21h, le public est étonnamment clairsemé. On apprendra plus tard que les lyonnais avertis ne sont pas pressés d’arriver, préférant ne pas prendre le risque de s’écrouler sur le sol en bavant un mélange de bière et de Redbull (sponsor de la soirée) à la fin de la nuit. Les Nuits Sonores en effet portent bien leur nom, et la morne quiétude du marché abandonné sera troublée jusqu’après 5h du matin.

structure A l’entrée, on est excités comme des gamins de devoir traverser une imposante tour au squelette métallique parcouru de néons furtifs, qui diffuse fumée et sons stridents tout droit sortis d’une installation foraine. Derrière, on découvre les quatre scènes, qui seront plus ou moins dédiées à quatre orientations musicales distinctes, separées par un préau rose dont le sol est recouvert de gazon artificiel. D’autres installations géométriques parcourues de multiples écrans jalonnent l’étendue occupée par le festival. Le tout est très réussi ! Devant les panneaux géants qui répètent le programme de la nuit, pourtant, le gigantesque talon d’Achille de la soirée, d’une obscène évidence quand les horaires sont fièrement affichés en format deux mètres sur trois, revient nous serrer insidieusement la gorge ; des trois têtes d’affiche, elles aussi copieusement annoncées par l’équipe de communication, il ne sera possible d’en voir que deux… Sur les deux premières scènes, les matheux de Battles et les Sonics, légendes de la scène garage de Seattle, partageront le même créneau. Les goûts, les couleurs et l’humeur de la soirée ne se discutant pas, les lecteurs me pardonneront d’avoir fait un choix : les bricoleurs de Battles auront ma préférence sur les papys survoltés.
En attendant le coeur du programme, on flâne donc tranquillement d’une scène à l’autre, où les premiers groupes ont déjà commencé leurs méfaits. La balade sera rapidement écourtée, parce qu’on a la chance d’être très vite scotchés par l’un d’entre eux.

A propos de Fowatile, on peut lire ici ou là le nom de Roots Manuva ou, dans un cadre hexagonal, Saïan Supa Crew. Mais le flow du MC enflammé offre une palette impressionnante, du phrasé nasal type B-Real à la chaleur du chant d’un crooner soul. Autour de lui, clavier et batterie électroniques remplacent avantageusement des samples qui auraient perdu un peu de leur force sur scène, et le travail du MC tient alors plus de la production live que du jukebox manuel. En un mot, c’est la vraie bonne surprise de la soirée, à même de vous refiler une monstre patate pour la suite !

Ca tombe bien, on a un peu de temps avant la prochaine grosse affiche, alors j’écoute les conseils avisés de compagnons mieux informés que moi et décide de donner leur chance aux américains pur jus de Half Japanese. Ces vieux routards ont un CV plutôt chargé, de collaborations avec John Zorn et Moe Tucker jusqu’à leur présence à la mort du sieur Cobain… en guest-stars sur son ultime T-Shirt. Sur scène, la dernière mouture du groupe semble proposer quelque chose de moins lo-fi qu’à leurs heures de gloire (relative). Jad Fair est cependant toujours muni d’une guitare playskool qu’il tord dans tous les sens pour faire venir des sons d’ailleurs, en phase avec son obsession pour la science-fiction qu’il semble tenir de Franck Black. Pourtant, en dépit des aspects gentiment grotesques de la performance, l’efficacité des power-chords et l’évidence des refrains sont indéniables. Après que Fair ait définitivement démoli son jouet, on filoche quand même rapidement vers la scène 1 pour ne pas manquer une miette de la suite.

djshadow

Le cultissime DJ californien, auteur du tout premier album entièrement basé sur des samples, a la solide réputation de bouder sur scène ledit album, Endtroducing… Le lecteur confirmera ou non ce que je qualifierai maintenant de rumeur, car ce soir une bonne partie du set piochera allègrement dans ce petit bout d’histoire. Caché dans un écran sphérique où sont projetés de superbes visuels psychédéliques, ce sont bien “Building Steam With a Grain of Salt”, “Long Stem” ou encore, en final triomphal, le fameux “Organ Donor” que DJ Shadow mixe librement pour les faire dériver vers des versions épileptiques proches du breakcore. Le public apprécie, encourage, s’enflamme tant et si bien que je me retrouve un peu ailleurs dans tous les sens du terme à la fin du set.
Après une courte vidange et un plein du gobelet, c’est exactement au même endroit que je reprends position, en respirant un peu plus puisqu’une bonne partie du public semble moins intéressée par la suite.

battles

Rien ne presse alors, puisque les membres de Battles resteront triturer leurs amplis bien après le début supposé de leur performance. Enfin débute l’expérience, plus ou moins symétrique de la précédente : là où Shadow usait de ses multiples samples pour recréer de toutes pièces des solos torturés de batterie, Battles déconstruit ses instruments traditionnels, les emprisonne dans des boucles inlassables après avoir patiemment disloqué leurs aspects organiques le temps d’une balance interminable et pointilleuse.
Manifestement, le groupe assume sans complexes le départ de Tyondai Braxton, et se contente de jouer les titres d’un nouvel album qui n’est même pas encore officiellement sorti. Exit les voix de hamster sous ecstasy, on se contentera des présences virtuelles de Matias Aguayo et Gary Numan sur les écrans qui bordent la scène. Qu’importe, le public enivré se contente des basses surmixées pour remuer les fesses, et les jeunes branchés crient très fort quand retentissent les premières notes de “Ice Cream” (le single déjà lâché sur le web) pour montrer qu’ils connaissent le groupe. Le début du set est d’ailleurs noyé de basse saturée mais, après un temps d’adaptation ou un réglage tardif, les claviers irrésistibles et cette façon unique de triturer les accords se font plus lisibles et le groupe fait honneur à sa réputation… même si on regrette que les “Atlas”, “Tonto” & co ne semblent plus amenés à faire partie de leurs prestations.

A ce moment-là, on comprend la douleur du newbie arrivé un peu tôt ; quatre heures de danses frénétiques, de basses exagérément surmixées et de gobelets renversés commencent à se faire sentir. On comprend alors aussi le choix du sponsor : après tout, un petit coup de Redbull et ça repart, les scènes électro où se succèdent des DJ sets assourdissants semblent en démontrer les vertus. Après l’emploi du temps millimétré, on passe tout de même un moment en mode dilettante et ça fait du bien.

En la traversant dans l’autre sens, la structure métallique révèle tout de même sous ses volutes de fumée, de sons et de lumières un arrière-goût d’inachevé. Entre les ruines repeintes en rose bonbon et les canettes violettes descendues devant les héros mineurs des quatre dernières décennies, on prend vraiment conscience qu’il y a une couille dans le pâté, sans pouvoir décider où exactement. Peut-être qu’on est trop vieux, ou trop jeunes. Ou peut-être que, éclaboussés des splendeurs de l’absurde, on se rend simplement compte qu’on sera toujours un peu les deux à la fois.

(crédits photographiques : http://www.nuits-sonores.com/)

liens :

Myspace de Fowatile (intégrale de l’EP)

DJ Shadow – I Gotta Rokk (son nouveau single)

Battles – Ice Cream (feat. Matias Aguayo)

Video reports de la nuit 1 : Officiel, Petit Bulletin

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Lydia Lunch & Big Sexy Noise @ La Tannerie (Bourg en Bresse) – 3 mars 2011 http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/3225/2011/03/26/lydia-lunch-big-sexy-noise-la-tannerie-bourg-en-bresse-3-mars-2011/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/3225/2011/03/26/lydia-lunch-big-sexy-noise-la-tannerie-bourg-en-bresse-3-mars-2011/#comments Sat, 26 Mar 2011 11:00:55 +0000 JPGP http://www.lesimmortels.com/blog/?p=3225 La tigresse Lydia Lunch a risqué son cuir à la Tannerie.]]> lydialunchbigsexynoise

En Lydia Lunch reste toujours la rage. Féministe endiablée mais en rien fashionista à la Beth Dito (qui ne cesse de s’autocaricaturer), la New-yorkaise accompagnée de son orchestre bruitiste emporte tout sur son passage une fois qu’une partie du public entre enfin dans un jeu qu’il n’attendait pas forcément. Imposant son rock noisy et destructeur, l’artiste n’hésite pas à transformer tout ce qui scintille faussement en plomb. Egérie parfaite de l’underground new-yorkais, elle scande ses titres sans fioriture et jusqu’à aller dans un absolu abandon. Ce qui ne l’empêche pas – au contraire -  de lancer ses imprécations.  Elles coupent parfois ses crépitements d’extase mais à nouveau la rythmique assaille. Son corps massif va jusqu’à une sorte d’épuisement. Il semble pourtant se détacher des plis du temps.

La musique est taraudée d’une fureur si bien que le public y entre à mesure que les affres prolifères. Vivant ses créations de tout son corps et parfaitement soutenue par son « Big Sexy Band » l’artiste semble atteindre un lieu  où l’esprit et le corps se joignent. Le concert tient par le souffle qui laisse sans réponse et nous fait palper par les sons un monde qui n’a rien appris du tout.  L’artiste tente de le transcender de ses invocations :   l’envoûtement tiré de forces étouffées crée une faculté de vie vers laquelle l’artiste entraîne du haut de sa folie du corps et de l’esprit.

Il y a là une intensité du plaisir de la souffrance. L’artiste reste donc parfaitement dégagée du carcan où on l’a trop longtemps enfermée et dans lequel on pouvait croire qu’elle allait retomber, consécration aidant. Il n’en est rien. Tout fonctionne à plein dans le concert de Bourg en Bresse. Il reste bien plus réussi que celui qu’elle donna en janvier à Paris. Sans doute parce que, là, elle était tombée un peu comme une chienne dans un jeu de quilles. Ce récent concert n’était fait que pour elle et afin que jusque dans son corps  la musique puisse exister vraiment. Tête, tronc, bras, jambes, volonté, désir tout fut axé afin que le show fonctionne à merveille selon des critères qui ne sont pas forcément dans les règles admises d’un concert type. C’est la preuve que Lydia Lunch ne cède en rien  avant les cessions d’équinoxes ni après. Elle fait pénétrer dans une musique aussi corrosive, grinçante que jouissive.  L’Américaine reste un gouffre d’énergie et de synergie. Elle semble dans l’Ain invincible tant un souffle l’habite. Il donne à sa musique son entière puissance et sa réalité.

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Rubik au Kraspek Myzik de Lyon, 7 novembre 2010 http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/2863/2010/12/15/rubik-au-kraspek-myzik-de-lyon-7-novembre-2010/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/2863/2010/12/15/rubik-au-kraspek-myzik-de-lyon-7-novembre-2010/#comments Wed, 15 Dec 2010 10:54:27 +0000 JPGP http://www.lesimmortels.com/blog/?p=2863 De retour des USA le combo finlandais dégingandé est de passage en France.]]> Rubik est un groupe finlandais d’Indie Pop Rock. De retour des USA le combo dégingandé est de passage en France. Créé en 2003 il publie en 2005 People Go Missing d’emblée remarqué par les spécialistes. Complètement allumé le collectif ne déçoit pas sur scène, tant s’en faut. Dada Bandits – titre de leur dernier album dont la tournée sert à la promotion – définit bien le groupe. Il existe chez les Finlandais un véritable esprit dada speedé. Et Rubik expédie à une vitesse azimutée leurs morceaux crachés par une multitude d’instruments. Le rock est distillé pour procurer une ivresse immédiate. Il semble sortir autant de la nuit des temps que de celle plus reculée encore de leur Finlande.

Rubik Live © Raphaël Halfaoui

Le groupe recrée le rock des origines avec malice, folie et une forme de grotesque revendiquée comme telle. Elle peut faire trembler les trolls des plus obscures forêts au nord de Porvö dont les membres de Rubik sont issus. A tout instant le crash n’est pas loin. Certains spectateurs non prévenus ont du mal à suivre les propulsions du groupe tant il se plait à télescoper les styles. De la trompette on passe au piano, d’un morceau plus calme on se décale vers une perfusion de percussions. Les rythmes s’entrechoquent. L’énergie reste constante. Des titres tels que “Radiants”, “No Escape” ou encore “Wasteland” sont époustouflants en dépit de leur hétérogénéïté. Le show part en tous sens et selon une spontanéité irrésistible qui fait plaisir à voir et surtout à entendre.

Luttant contre l’uniformité et pour la diffraction un tel concert est une leçon de conduite loin des autoroutes sonores habituelles et de bien des sentiers battus. On erre dans la taïga, en ignorant toutes les frontières, en rejoignant la Bad Conscience Patrol, titre d’un de leurs précédents albums.

Rubik Live © Raphaël Halfaoui

Photos par Raphaël Halfaoui – Galerie Flickr

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John Mayall @ Blois, La Halle aux Grains – 21 octobre 2010 http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/2790/2010/11/27/john-mayall-blois-la-halle-aux-grains-21-octobre-2010/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/2790/2010/11/27/john-mayall-blois-la-halle-aux-grains-21-octobre-2010/#comments Sat, 27 Nov 2010 10:53:03 +0000 JPGP http://www.lesimmortels.com/blog/?p=2790 John Mayall © Yann Charles John Mayall offre un moment de Blues Blanc à Blois.]]> John Mayall © Yann CharlesJohn Mayall a réussi l’exploit de faire une des carrières les plus longues du blues sans la moindre éclipse ni le moindre tube ! Signe de sa qualité : en dépit du turn-over de ses différentes formations – formées puis abandonnées non par coup de tête mais au gré de ses expérimentations – les amitiés qu’éprouvent à son égard ses musiciens sont durables. Eric Clapton compagnon de ses premières jams en tête, tous sont là lorsqu’il les appellent.

Pour sa nouvelle tournée quasi mondiale et qui traversa la France pendant le mois d’octobre 2010, les Bluesbreakers de son époque anglaise sont à nouveau là pour l’accompagner. Mayall reste avant tout un artiste de live. Souvent les albums enregistrés en public sont choisis pour garder une tension et afin de proposer dans le risque les nouvelles approches de l’artiste même au sein de la Californie qui accueillit d’abord avec curiosité cet anglais venu revisiter la musique black-roots.

Le musicien sut étonner l’Amérique et le monde du pop-rock avec ce qu’à lui seul il incarne : le « blues blanc ». Cela lui valut quelques critiques acerbes dont il n’eut que faire d’autant que l’anglais n’a jamais cherché à copier les phares noirs du genre même s’ils lui servirent de modèles. Ne cessant d’expérimenter à partir de cette musique binaire il la porta vers un ailleurs mais sans en perdre l’âme. Passant d’albums sans batterie (pour écrire par exemple un de ses titres majeurs et prémonitoire : “Nature’s Disappearing” dès 1971) à des formations plus larges, l’artiste a toujours cherché les configurations les plus adaptées afin de donner à son blues la couleur qui l’inspirait à un moment donné.

Les virages étaient parfois violents. Mais les publics US et européens suivirent. Chaque approche « sent » en effet une authenticité profonde en dévers des modes. En ce sens Mayall est par excellence l’artiste idéal pour de ceux qui aiment la musique et qui se foutent des modes. Ils cherchent chez lui avant tout la subtilité d’un jeu fait de chair, d’intensité mais aussi de qualité musicale. Nul autre que Mayall en effet pour introduire des riffs presque imperceptibles. Ils ne sont plus là pour marteler le rythme mais afin de le suggérer.

La longévité du bluesman n’a donc rien d’exceptionnelle. Sa musique nous atteint car elle déclenche un cinéma intérieur. Ce blues aussi roots qu’intemporel remplit. Il vient féconder en nous une germination latente, une vaporisation dont les effluves deviennent un voile palpitant. Jamais parure de pacotille ou simple « genre » le blues de Mayall est donc le carburant nécessaire au moteur humain. Le public ne s’y trompe pas. Il sent combien cette musique le concerne de générations en générations et c’est pourquoi il suit l’artiste. Mieux même pour lui Mayall demeure souvent incontournable.

John Mayall © Yann Charles

Visuels © Yann Charles, avec son aimable autorisation.

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Folk-Blues festival de Binic – 6, 7 et 8 août 2010 http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/2422/2010/09/25/folk-blues-festival-de-binic-6-7-et-8-aout-2010/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/2422/2010/09/25/folk-blues-festival-de-binic-6-7-et-8-aout-2010/#comments Sat, 25 Sep 2010 11:35:02 +0000 Béroalde de Fuzz http://www.lesimmortels.com/blog/?p=2422 Qu'est-ce qui fait la réussite d'un festival ? Sans doute, une certaine inadéquation imprévisible entre une affiche, un lieu et un public, en accord avec le vieux précepte surréaliste de la rencontre d'un parapluie et d'une machine à coudre sur une table de dissection.]]> Qu’est-ce qui fait la réussite d’un festival ?

Sans doute, une certaine inadéquation imprévisible entre une affiche, un lieu et un public, en accord avec le vieux précepte surréaliste de la rencontre d’un parapluie et d’une machine à coudre sur une table de dissection. A ce titre, d’ici à ce que Vladivostok organise les prochaines rencontres internationales de la surf music ou que la grande fiesta du black metal se tienne à Ibiza, le Folk-Blues festival de Binic, fruit de l’association La Nef D Fous, mériterait à bon droit de trôner parmi les plus grands. A ces termes, certes, « folk-blues », « festival gratuit », « sur les quais », tout le monde grince et grimace, dans l’idée de soirées à la France-Culture fécondes en musicologues pathologiques à lunettes cerclées ou encore de bœufs-happening entre sosies de Francis Cabrel et simili-Paul Personne. Alors ?

De fait, on ne revient pas de ces trois jours de déambulation sans la persistante impression que le colis était piégé. En toute sincérité, cette enseigne « folk-blues gratuit », qu’était-ce d’autre qu’un plan subtil destiné à rassurer les subventions et appâter le chaland inconscient ? Car ce à quoi on a assisté sur les quais de Binic, aimable et microscopique port de plaisance des Côtes-d’Armor, à l’ombre du clocher de Notre-Dame-de-Bon-Secours, c’est à un véritable carnage punkoïde, sordide et dépenaillé.

Autant dire qu’il est des confrontations qui ne manquent pas d’un exquis piquant ; celle des foules aoûtiennes baguenaudantes de familles en short guidées par leurs caniches luisants, avec ces guitaristes échevelés du plus profond de l’Amérique, avouons-nous, nous a émus. Sans parler des mélanges incongrus dans le public – midinettes à paillettes, branleurs du coin et vacanciers replets d’un côté, de l’autre le carré des spécialistes en rouflaquettes (rockab’ gominés, psychos tatoués ou sixtiseux tatillons, hantant le quartier général du Chaland Qui Passe) – mélanges qui prenaient des allures de chocs des civilisations. Mentionnons parmi mille exemples les deux mariages du week-end, rythmés par les balances des Black Diamonds Heavies ou Henry’s Funeral Shoe ; les demoiselles d’honneur auront apprécié.

On aura donc très authentiquement vu des septuagénaires twister sur du beat anglais, et des couples de retraités siroter stoïquement leur glace italienne face à ces mêmes Black Diamond H. qui, beuglant à s’en damner “Baby take a ride with meeee” menaient des rombières peinturlurées à ébullition. Le garage à la portée du grand public, le monde adorant le vrai et seul rock’n roll : un rêve a pris forme.

Binic Folk Blues festival - Black Diamond Heavies

Saluons aussi l’ingénieuse organisation : sur les deux scènes disposées d’un bout à l’autre de la rue, les artistes ont alterné, revenant chaque jour dans un ordre différent, ce qui permettait à tout un chacun, en vaquant gaiement, de se composer son petit programme … et de réécouter à loisir, trois ou quatre fois Becky Lee, par exemple.

Entre deux sauts sur la coquette plage semée de naïades en maillots rétro à pois, et une contemplation du couchant au bout de la jetée romantique, il était loisible de trépider, galette de sarrasin en main, gobelet de Coreff dans l’autre, sur pas mal de rythmes d’une lourdeur infernale. Comme celui, cryptique, des Magnetix bien déchaînés, qui dans l’esprit toujours aussi fun de leur univers de super-héros, ont déployé une belle panoplie de sauts de cabri et gonflement de joues. A noter, l’excellent son, constant au long de ces soirées (qualité trop rare en ces manifestations de plein air pour ne pas être soulignée), a valorisé leurs empilements outranciers de couches de fuzz, sur « Mort clinique » ou « Drogue électrique ». Ou encore, on pense au psyché-blues motörheadien de Henri’s Funeral Shoe. L’énergie assez phénoménale du freluquet à mèche officiant comme batteur n’a pas manqué de surprendre, et le chanteur-guitariste, non content de maçonner plein pot des tombereaux fuligineux de vibrations spatiales au bottleneck, est un parfait sosie chapeauté du Monty Python Michaël Palin, ce qui lui assure toute notre sympathie. Autre groupe relativement extérieur au blues, Hipbone Slim alias Sir Dald Diddley, militant classieux du rockabilly, a déployé une large palette de styles : de Bo Diddley à un beat nerveux à la Sorrows, en passant par un rock’n roll très anglais dans la veine de Johnny Kidd, tendu et parfois même menaçant. Si l’on pouvait, à la rigueur, déplorer un relatif manque de rugosité virant à l’occasion au pastiche consensuel (le final en forme de kermesse, presque embarrassant), maître Hipbone Slim, sémillant pince-sans-rire au français délicieux, peu avare en roulades, a gardé la classe tout en se rendant accessible à un public pour le moins hétérogène : œuvre noble de vulgarisation.

Binic Folk Blues festival - Henry's Funeral Shoe

Le même sentiment ambivalent, partagé entre admiration sincère pour le brio instrumental, et vague réticence envers la propreté du son, a été suscité par les Mama Rag. Duo aux allures de vieux couple pastoral impassible et avenant, ils ont interprété des standards du blues rural profond, avec virtuosité, impeccable conviction et goût irréprochable. Ne manquaient, dans leur étonnante série d’instruments, ni planche à laver ni rythmique à coup de cuillers. Ne chipotons pas, nul dans l’assistance n’a boudé son plaisir face au plus beau des blues. La caution folk, elle, a été endossée par James Hutchings… si tant est qu’on puisse qualifier ainsi ce vaporeux brouet acoustique. Amusant dépaysement, anomalie en forme de parenthèse anodine au milieu d’une tornade de sauvagerie crasse, un anticyclone estampillé RTL2 a donné l’impression de passer sur les quais. Soyons clairs : nous autres, dégénérés garage-punkers, ne sommes pas tout à fait des brutes avinées et sans cœur. Il nous arrive d’éprouver des sentiments entre deux riffs de fuzz, et nous ne crachons pas d’avance sur toute tentative de délicatesse. Mais quand un monsieur prétend œuvrer dans la mélancolie raffinée, l’on en droit d’attendre des chansons. Or, des chansons, ici, nous n’en avons point ouïes.

Foin de notre mauvaise foi et non moins mauvaise langue : en somme, le Binic folk-blues festival n’a pas totalement usurpé son nom. Néanmoins, sa véritable unité était plutôt à chercher du côté du dépouillement. A l’exception d’Hipbone Slim, ne se bousculaient en effet que duos et one-man-bands. Et ce sont ces derniers qui ont le plus haut porté l’étendard ravagé du blues-punk hirsute et sans moralité.

Du nantais Birds Are Alive, on dira qu’il a incarné la promesse. Ce jeune blanc-bec tout de nonchalance dégingandée possède un son granuleux, une guitare clinquante et bondissante, et, détail non négligeable, des chansons, lui. S’il doit encore gagner en assurance et peaufiner un grain de folie indispensable à l’artiste solitaire, il n’en demeure pas moins que l’on a rencontré quelqu’un sur qui il va falloir compter.

Les triomphateurs ? Ils sont au nombre de trois.

L’inénarrable Blake (Shake It Like A Caveman), déjà consacré, à la précédente édition, parrain du festival. Véritable machine à boogie, avec sa gueule de surfer et ses pantalons zébrés, il fait gicler de son bottleneck fébrile et de ses cordes claquantes, du proto-John Lee Hooker gospel-punk en boucle pendant des heures, remettant ça en after sur les terrasses des bars biniquois, en grand roi munificent du Tennessee, jusqu’à mener les danseurs au bord de l’auto-lobotomie. L’avenir du blues. Génial.

L’égérie inoubliable restera la très-sublime one-woman band Becky Lee accompagnée de son batteur Drunkfoot (oui, son pied ; pas si approximatif qu’elle le prétend, d’ailleurs). Séduisant l’ensemble du public, hommes, femmes, nourrissons, de toute la timidité de sa grâce éméchée, outre ses compos rugueuses et lumineuses à la fois, dont les anglophones assurent que même les textes valent le détour, elle chante, voix profondément sudiste, comme une Janis Joplin veloutée, syncopée et soyeuse, joue guitare et batterie complète avec baguette coincée entre les doigts, mais surtout brise les cœurs par paquets de cent avec ses yeux d’eau claire timidement baissés et ses pommettes rosissantes se détachant sur son teint de lys. Becky, si tu lis jamais ces lignes, sache que Béro t’attend toujours. Mais sans plaisanter : quand elle gratte à peine un brin de corde, et laisse sa voix prendre tout son essor, une chanson comme « Old-Fashioned man » rayonne de la force fragile et l’évidence bouleversante d’un classique des années 40 ou 50. Révélation foudroyante, nous n’avons pas fini de t’aimer, ô Becky.

Binic Folk Blues festival - Becky Lee

Enfin, pour revenir aux duos, décernons une couronne. Le meilleur groupe de la planète s’appelle, et nul ne doit l’ignorer, les Black Diamond Heavies. A deux, ces gars, déjà notoires, font plus de bruit que la totalité du Hellfest. Il faut imaginer un batteur fou à qui on jurerait voir quatre bras et quatre pieds. Il faut imaginer un texan à gueule de second couteau du western spaghetti, fumant comme un pompier, en train de jouer sur un orgue saturé aux sonorités d’orchestre indus-metal, et de vociférer, d’un organe qui ferait passer Tom Waits pour une jouvencelle prépubère, des hymnes volcaniques free-blues-garage aux crescendos dignes de l’Armageddon. Ils ont déversé sur une foule ahurie et terrassée un magma caverneux et rutilant, méphitique, entre Ray Charles et Teenage Jesus and the Jerks, entre Louis Armstrong et CNK, attablant pour un poker chimérique AC/DC, Ornette Coleman, Mötorhead et Screamin’ Jay Hawkins. Cette performance sans répit, marécageuse, tendue et superbe – ces ballades à fracasser le cœur ! –, certes peut-être pas aussi furibarde que dans d’autres occasions, a manifesté néanmoins une rare densité.

Oui, l’espace d’un week-end, la France vacancière aura swingué au sein d’une avalanche blues-punk, sous le ciel marin et les cris des mouettes, dans les senteurs troubles des ulves et des goémons, drapant la Statue de la Liberté aux couleurs de la Bretagne : belle réussite d’une valeureuse entreprise, à qui nous souhaitons vaste pérennité.

Béroalde de Fuzz alias Captain Beyond

Ndla : Merci aux compagnons festivaliers dont la précieuse compétence musicologique a nourri cet article : Ratel l’incomparable érudit toujours prêt à partager fromage et saucisson, Urizen et sa joviale tribu. L’adjectif « cryptique », appliqué aux Magnetix, est sous copyright Teenagegraveman.

Ndlr : Merci à Béroalde de Fuzz et PlanetGong pour avoir accepté de partager cet article, et merci à Headsucker pour les photos !

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The Stooges, Motörhead, NTM… @ Nyon, Paléo – 20/07/10 http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/2179/2010/08/05/paleo-20-juillet-2010-iggy-lemmy-joey-ils-sont-encore-la/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/2179/2010/08/05/paleo-20-juillet-2010-iggy-lemmy-joey-ils-sont-encore-la/#comments Thu, 05 Aug 2010 06:06:30 +0000 Toto Duchnok http://www.lesimmortels.com/blog/?p=2179 paléo]]> paléo

La plupart du temps, un festival généraliste s’apprécie sur la longueur. Sur la poignée de jours qu’il couvre, la programmation est soigneusement établie pour répartir les styles et les têtes d’affiche afin que la seule formule viable soit l’abonnement tout compris, quel que soit le profil musical de l’intéressé, gros coup de bol et goûts de chiotte mis à part. Au final, l’abonnement en question est aussi ce qui convient le mieux au festivalier lambda, qui n’a pas forcément envie de se ruiner le dos et la plante des pieds dans la boue dix heures d’affilée pour ne rien rater de ses préférences ; le système en question lui permet, une fois l’exorbitant pass X-jours dans la poche, de butiner ce qui l’intéresse tout au long du festival, pour un total de concerts parfois inférieur à ce qu’une seule journée avait à proposer.

Coup de bol ou goûts de chiotte, laissons le soin au lecteur de juger, mais le premier jour du Paléo de Nyon avait, cette année, largement de quoi faire mentir la règle : N*E*R*D, Iggy & the Stooges, Motörhead, NTM et Two Door Cinema Club allaient se succéder pour une journée violemment éclectique, tant d’un point de vue stylistique que générationnel.

De fait, entre le show bling-bling festif très second degré de Pharrell Williams & co (tous les classiques de N*E*R*D, et quelques titres d’un nouvel album qui semble plus que jamais jouer la carte de la diversité) et la performance très carrée des jeunes irlandais de Two Door Cinema Club (l’album Tourist History exécuté à la note près, avec ma foi toute la fraîcheur et le besoin de tortiller du cul que ça implique), plus de sang frais sur la grande scène. Heureusement, pour l’hémoglobine comme pour le vin, le temps ne gâte en rien les plus grands crus.

iggy

On sait fort bien les difficultés qu’impliquent une tentative de ranger la musique de Motörhead dans une case. Heavy, punk, trash, hard ou un peu tout ça, Lemmy dit non et continue de proclamer “We are Motörhead and we play rock’n'roll !” avant d’enclencher le rouleau compresseur. Et malgré des étiquettes aux contours un peu plus apparents, c’est le même besoin, la même urgence rock’n'roll qu’exprime Iggy Pop quand il crache “We are the fucking Stooges !” devant un public encore émerveillé de retrouver l’icône presque intacte que le corps nu rongé par les années n’altère en rien, si ce n’est en lui donnant une présence intemporelle très particulière. Iggy tend ses majeurs comme si quarante ans n’avaient pas émoussé leur symbolique, crache des mollards qui atterrissent sur son torse ou coulent le long des rides de son visage, et aboie à quatre pattes en chantant “I wanna be your dog”. A l’épreuve du temps, comme le Lemmy stoïque et narquois qui débite les brulots en gémissant de sa voix gutturale dans un micro plus haut que lui.

lemmyOr tout ça, pour être honnête, c’est déjà beaucoup, et j’aurais été le premier à me délecter de voir nos deux légendes aligner tranquillement les innombrables classiques de leurs répertoires respectifs. Seulement, et c’est peut-être là l’une des sources de la fontaine de jouvence qui manifestement les a baignés, les deux formations défendent les couleurs d’albums récents, et ce de manière prohibitive sur au moins la moitié de leurs performances. A ce titre, c’est d’ailleurs Motörhead qui impressionne le plus : le groupe continue de sortir des albums régulièrement et de les inclure généreusement sur scène. Qu’importe si la qualité faiblit, on va voir Lemmy comme il y a 20 ans, comme s’il serait encore là dans 20 ans. En revanche, la sortie isolée de The Weirdness après de longues années de séparation n’ôte pas la couleur nostalgique dont se teinte l’énergie encore dévastatrice du lézard.

Evidemment, même si les deux formations donnent l’agréable impression de vivre dans le présent, elles ne se privent jamais de donner au public de quoi s’époumoner collectivement. Les Stooges ouvrent avec “Search & Destroy”, Motörhead concluent avec “Ace Of Spades” et “Overkill” et c’est à chaque fois, pour le public électrisé, le sentiment d’entrer dans la légende. C’est le même sourire qu’on partage dans le public et sur la scène, et qui révèle le deuxième secret d’une telle longévité, en forme de belle évidence. Malgré les années de drogue, de sexe et d’alcool qui ont eu raison d’une bonne partie de leurs camarades, Iggy, Lemmy et leurs acolytes tiennent la baraque en martelant une bonne humeur et un immense plaisir que le public partage en se brisant les cordes vocales ou en pogotant joyeusement (et plus si affinités…).

Ici, les quarantenaires bedonnants arborant des t-shirts “Overkill” tachés de bière autant que les lycéens branchés qui ont préféré un “Lust for Life” savamment accordé à leurs chaussures de marque en ont eu pour leur argent. Et c’est un public très différent, oserons-nous dire plus populaire ?, en tous cas moins ésotérique qui se masse en quantité bien supérieure autour de la scène principale. Ils se font attendre, ils soignent leur entrée, et ils apparaissent enfin devant une audience toute acquise à leur cause : malgré leurs illustres prédécesseurs, Joey Starr et Kool Shen entament rien moins que la performance la plus impressionnante de la journée. Leur jeu de scène est intact ; le fascinant mélange d’amitié virile et de tension électrique qui règne entre eux, les fausses provocations adressées au public, l’amusante mais motivante fierté quant à l’intégrité de leur démarche, tout est là. Si les papes du rock qui ont précédé accusent sans complexe le passage des années, tout chez NTM semble inébranlable. Mieux, leur séparation semble s’inscrire naturellement dans l’évolution du groupe.
Et pourtant, paradoxalement, ce sont eux qui nous amènent doucement vers la réalité du temps qui passe. En partageant la scène avec les jeunes artistes qui ont rejoint leurs collectifs respectifs récemment, ils organisent tranquillement la relève qui rendra moins amère ce que le futur brisera inévitablement. Tout ça en hurlant encore fièrement ce dont finalement les trois formations qui ont enflammé la Suisse le temps d’une journée peuvent se targuer : “On est encore là !”

ntm

La première journée de ce Paléo se termine aux alentours de 2 heures, et la foule qui se mue doucement vers la sortie semble déjà exténuée. Je marche vite, dans l’espoir de m’extirper du parking en moins de deux heures (raté…). Ici, Je dépasse un groupe de lascars hilares qui me demandent de poser mon gun, et je chante très fort le reste du refrain avec eux. Là, une famille interpelle mon regard. Le père, c’est manifestement le plus beau jour de sa vie, la mère et leurs deux jeunes enfants se tiennent par la main, et portent chacun un t-shirt déclinant une version différente du logo de Motörhead. C’en est presque trop, mes yeux commencent à piquer. Heureusement que la plupart des festivaliers ont embrassé tout le kitsch que la Suisse pouvait leur offrir, casquettes rouges sur la tête et les mains dégoulinantes de sandwich à la fondue. Juste ce qu’il me fallait de surréaliste pour désamorcer une émotion bien réelle.

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