Le blog des Immortels - Chroniques musique alternative » Concerts Curiosité http://www.lesimmortels.com/blog Le blog des musiques alternatives et des alternatives musicales Sun, 19 Aug 2012 13:33:39 +0000 http://wordpress.org/?v=2.8.4 fr hourly 1 Rubik au Kraspek Myzik de Lyon, 7 novembre 2010 http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/2863/2010/12/15/rubik-au-kraspek-myzik-de-lyon-7-novembre-2010/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/2863/2010/12/15/rubik-au-kraspek-myzik-de-lyon-7-novembre-2010/#comments Wed, 15 Dec 2010 10:54:27 +0000 JPGP http://www.lesimmortels.com/blog/?p=2863 De retour des USA le combo finlandais dégingandé est de passage en France.]]> Rubik est un groupe finlandais d’Indie Pop Rock. De retour des USA le combo dégingandé est de passage en France. Créé en 2003 il publie en 2005 People Go Missing d’emblée remarqué par les spécialistes. Complètement allumé le collectif ne déçoit pas sur scène, tant s’en faut. Dada Bandits – titre de leur dernier album dont la tournée sert à la promotion – définit bien le groupe. Il existe chez les Finlandais un véritable esprit dada speedé. Et Rubik expédie à une vitesse azimutée leurs morceaux crachés par une multitude d’instruments. Le rock est distillé pour procurer une ivresse immédiate. Il semble sortir autant de la nuit des temps que de celle plus reculée encore de leur Finlande.

Rubik Live © Raphaël Halfaoui

Le groupe recrée le rock des origines avec malice, folie et une forme de grotesque revendiquée comme telle. Elle peut faire trembler les trolls des plus obscures forêts au nord de Porvö dont les membres de Rubik sont issus. A tout instant le crash n’est pas loin. Certains spectateurs non prévenus ont du mal à suivre les propulsions du groupe tant il se plait à télescoper les styles. De la trompette on passe au piano, d’un morceau plus calme on se décale vers une perfusion de percussions. Les rythmes s’entrechoquent. L’énergie reste constante. Des titres tels que “Radiants”, “No Escape” ou encore “Wasteland” sont époustouflants en dépit de leur hétérogénéïté. Le show part en tous sens et selon une spontanéité irrésistible qui fait plaisir à voir et surtout à entendre.

Luttant contre l’uniformité et pour la diffraction un tel concert est une leçon de conduite loin des autoroutes sonores habituelles et de bien des sentiers battus. On erre dans la taïga, en ignorant toutes les frontières, en rejoignant la Bad Conscience Patrol, titre d’un de leurs précédents albums.

Rubik Live © Raphaël Halfaoui

Photos par Raphaël Halfaoui – Galerie Flickr

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Folk-Blues festival de Binic – 6, 7 et 8 août 2010 http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/2422/2010/09/25/folk-blues-festival-de-binic-6-7-et-8-aout-2010/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/2422/2010/09/25/folk-blues-festival-de-binic-6-7-et-8-aout-2010/#comments Sat, 25 Sep 2010 11:35:02 +0000 Béroalde de Fuzz http://www.lesimmortels.com/blog/?p=2422 Qu'est-ce qui fait la réussite d'un festival ? Sans doute, une certaine inadéquation imprévisible entre une affiche, un lieu et un public, en accord avec le vieux précepte surréaliste de la rencontre d'un parapluie et d'une machine à coudre sur une table de dissection.]]> Qu’est-ce qui fait la réussite d’un festival ?

Sans doute, une certaine inadéquation imprévisible entre une affiche, un lieu et un public, en accord avec le vieux précepte surréaliste de la rencontre d’un parapluie et d’une machine à coudre sur une table de dissection. A ce titre, d’ici à ce que Vladivostok organise les prochaines rencontres internationales de la surf music ou que la grande fiesta du black metal se tienne à Ibiza, le Folk-Blues festival de Binic, fruit de l’association La Nef D Fous, mériterait à bon droit de trôner parmi les plus grands. A ces termes, certes, « folk-blues », « festival gratuit », « sur les quais », tout le monde grince et grimace, dans l’idée de soirées à la France-Culture fécondes en musicologues pathologiques à lunettes cerclées ou encore de bœufs-happening entre sosies de Francis Cabrel et simili-Paul Personne. Alors ?

De fait, on ne revient pas de ces trois jours de déambulation sans la persistante impression que le colis était piégé. En toute sincérité, cette enseigne « folk-blues gratuit », qu’était-ce d’autre qu’un plan subtil destiné à rassurer les subventions et appâter le chaland inconscient ? Car ce à quoi on a assisté sur les quais de Binic, aimable et microscopique port de plaisance des Côtes-d’Armor, à l’ombre du clocher de Notre-Dame-de-Bon-Secours, c’est à un véritable carnage punkoïde, sordide et dépenaillé.

Autant dire qu’il est des confrontations qui ne manquent pas d’un exquis piquant ; celle des foules aoûtiennes baguenaudantes de familles en short guidées par leurs caniches luisants, avec ces guitaristes échevelés du plus profond de l’Amérique, avouons-nous, nous a émus. Sans parler des mélanges incongrus dans le public – midinettes à paillettes, branleurs du coin et vacanciers replets d’un côté, de l’autre le carré des spécialistes en rouflaquettes (rockab’ gominés, psychos tatoués ou sixtiseux tatillons, hantant le quartier général du Chaland Qui Passe) – mélanges qui prenaient des allures de chocs des civilisations. Mentionnons parmi mille exemples les deux mariages du week-end, rythmés par les balances des Black Diamonds Heavies ou Henry’s Funeral Shoe ; les demoiselles d’honneur auront apprécié.

On aura donc très authentiquement vu des septuagénaires twister sur du beat anglais, et des couples de retraités siroter stoïquement leur glace italienne face à ces mêmes Black Diamond H. qui, beuglant à s’en damner “Baby take a ride with meeee” menaient des rombières peinturlurées à ébullition. Le garage à la portée du grand public, le monde adorant le vrai et seul rock’n roll : un rêve a pris forme.

Binic Folk Blues festival - Black Diamond Heavies

Saluons aussi l’ingénieuse organisation : sur les deux scènes disposées d’un bout à l’autre de la rue, les artistes ont alterné, revenant chaque jour dans un ordre différent, ce qui permettait à tout un chacun, en vaquant gaiement, de se composer son petit programme … et de réécouter à loisir, trois ou quatre fois Becky Lee, par exemple.

Entre deux sauts sur la coquette plage semée de naïades en maillots rétro à pois, et une contemplation du couchant au bout de la jetée romantique, il était loisible de trépider, galette de sarrasin en main, gobelet de Coreff dans l’autre, sur pas mal de rythmes d’une lourdeur infernale. Comme celui, cryptique, des Magnetix bien déchaînés, qui dans l’esprit toujours aussi fun de leur univers de super-héros, ont déployé une belle panoplie de sauts de cabri et gonflement de joues. A noter, l’excellent son, constant au long de ces soirées (qualité trop rare en ces manifestations de plein air pour ne pas être soulignée), a valorisé leurs empilements outranciers de couches de fuzz, sur « Mort clinique » ou « Drogue électrique ». Ou encore, on pense au psyché-blues motörheadien de Henri’s Funeral Shoe. L’énergie assez phénoménale du freluquet à mèche officiant comme batteur n’a pas manqué de surprendre, et le chanteur-guitariste, non content de maçonner plein pot des tombereaux fuligineux de vibrations spatiales au bottleneck, est un parfait sosie chapeauté du Monty Python Michaël Palin, ce qui lui assure toute notre sympathie. Autre groupe relativement extérieur au blues, Hipbone Slim alias Sir Dald Diddley, militant classieux du rockabilly, a déployé une large palette de styles : de Bo Diddley à un beat nerveux à la Sorrows, en passant par un rock’n roll très anglais dans la veine de Johnny Kidd, tendu et parfois même menaçant. Si l’on pouvait, à la rigueur, déplorer un relatif manque de rugosité virant à l’occasion au pastiche consensuel (le final en forme de kermesse, presque embarrassant), maître Hipbone Slim, sémillant pince-sans-rire au français délicieux, peu avare en roulades, a gardé la classe tout en se rendant accessible à un public pour le moins hétérogène : œuvre noble de vulgarisation.

Binic Folk Blues festival - Henry's Funeral Shoe

Le même sentiment ambivalent, partagé entre admiration sincère pour le brio instrumental, et vague réticence envers la propreté du son, a été suscité par les Mama Rag. Duo aux allures de vieux couple pastoral impassible et avenant, ils ont interprété des standards du blues rural profond, avec virtuosité, impeccable conviction et goût irréprochable. Ne manquaient, dans leur étonnante série d’instruments, ni planche à laver ni rythmique à coup de cuillers. Ne chipotons pas, nul dans l’assistance n’a boudé son plaisir face au plus beau des blues. La caution folk, elle, a été endossée par James Hutchings… si tant est qu’on puisse qualifier ainsi ce vaporeux brouet acoustique. Amusant dépaysement, anomalie en forme de parenthèse anodine au milieu d’une tornade de sauvagerie crasse, un anticyclone estampillé RTL2 a donné l’impression de passer sur les quais. Soyons clairs : nous autres, dégénérés garage-punkers, ne sommes pas tout à fait des brutes avinées et sans cœur. Il nous arrive d’éprouver des sentiments entre deux riffs de fuzz, et nous ne crachons pas d’avance sur toute tentative de délicatesse. Mais quand un monsieur prétend œuvrer dans la mélancolie raffinée, l’on en droit d’attendre des chansons. Or, des chansons, ici, nous n’en avons point ouïes.

Foin de notre mauvaise foi et non moins mauvaise langue : en somme, le Binic folk-blues festival n’a pas totalement usurpé son nom. Néanmoins, sa véritable unité était plutôt à chercher du côté du dépouillement. A l’exception d’Hipbone Slim, ne se bousculaient en effet que duos et one-man-bands. Et ce sont ces derniers qui ont le plus haut porté l’étendard ravagé du blues-punk hirsute et sans moralité.

Du nantais Birds Are Alive, on dira qu’il a incarné la promesse. Ce jeune blanc-bec tout de nonchalance dégingandée possède un son granuleux, une guitare clinquante et bondissante, et, détail non négligeable, des chansons, lui. S’il doit encore gagner en assurance et peaufiner un grain de folie indispensable à l’artiste solitaire, il n’en demeure pas moins que l’on a rencontré quelqu’un sur qui il va falloir compter.

Les triomphateurs ? Ils sont au nombre de trois.

L’inénarrable Blake (Shake It Like A Caveman), déjà consacré, à la précédente édition, parrain du festival. Véritable machine à boogie, avec sa gueule de surfer et ses pantalons zébrés, il fait gicler de son bottleneck fébrile et de ses cordes claquantes, du proto-John Lee Hooker gospel-punk en boucle pendant des heures, remettant ça en after sur les terrasses des bars biniquois, en grand roi munificent du Tennessee, jusqu’à mener les danseurs au bord de l’auto-lobotomie. L’avenir du blues. Génial.

L’égérie inoubliable restera la très-sublime one-woman band Becky Lee accompagnée de son batteur Drunkfoot (oui, son pied ; pas si approximatif qu’elle le prétend, d’ailleurs). Séduisant l’ensemble du public, hommes, femmes, nourrissons, de toute la timidité de sa grâce éméchée, outre ses compos rugueuses et lumineuses à la fois, dont les anglophones assurent que même les textes valent le détour, elle chante, voix profondément sudiste, comme une Janis Joplin veloutée, syncopée et soyeuse, joue guitare et batterie complète avec baguette coincée entre les doigts, mais surtout brise les cœurs par paquets de cent avec ses yeux d’eau claire timidement baissés et ses pommettes rosissantes se détachant sur son teint de lys. Becky, si tu lis jamais ces lignes, sache que Béro t’attend toujours. Mais sans plaisanter : quand elle gratte à peine un brin de corde, et laisse sa voix prendre tout son essor, une chanson comme « Old-Fashioned man » rayonne de la force fragile et l’évidence bouleversante d’un classique des années 40 ou 50. Révélation foudroyante, nous n’avons pas fini de t’aimer, ô Becky.

Binic Folk Blues festival - Becky Lee

Enfin, pour revenir aux duos, décernons une couronne. Le meilleur groupe de la planète s’appelle, et nul ne doit l’ignorer, les Black Diamond Heavies. A deux, ces gars, déjà notoires, font plus de bruit que la totalité du Hellfest. Il faut imaginer un batteur fou à qui on jurerait voir quatre bras et quatre pieds. Il faut imaginer un texan à gueule de second couteau du western spaghetti, fumant comme un pompier, en train de jouer sur un orgue saturé aux sonorités d’orchestre indus-metal, et de vociférer, d’un organe qui ferait passer Tom Waits pour une jouvencelle prépubère, des hymnes volcaniques free-blues-garage aux crescendos dignes de l’Armageddon. Ils ont déversé sur une foule ahurie et terrassée un magma caverneux et rutilant, méphitique, entre Ray Charles et Teenage Jesus and the Jerks, entre Louis Armstrong et CNK, attablant pour un poker chimérique AC/DC, Ornette Coleman, Mötorhead et Screamin’ Jay Hawkins. Cette performance sans répit, marécageuse, tendue et superbe – ces ballades à fracasser le cœur ! –, certes peut-être pas aussi furibarde que dans d’autres occasions, a manifesté néanmoins une rare densité.

Oui, l’espace d’un week-end, la France vacancière aura swingué au sein d’une avalanche blues-punk, sous le ciel marin et les cris des mouettes, dans les senteurs troubles des ulves et des goémons, drapant la Statue de la Liberté aux couleurs de la Bretagne : belle réussite d’une valeureuse entreprise, à qui nous souhaitons vaste pérennité.

Béroalde de Fuzz alias Captain Beyond

Ndla : Merci aux compagnons festivaliers dont la précieuse compétence musicologique a nourri cet article : Ratel l’incomparable érudit toujours prêt à partager fromage et saucisson, Urizen et sa joviale tribu. L’adjectif « cryptique », appliqué aux Magnetix, est sous copyright Teenagegraveman.

Ndlr : Merci à Béroalde de Fuzz et PlanetGong pour avoir accepté de partager cet article, et merci à Headsucker pour les photos !

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Fever Ray @ Paris, l’Olympia – 9 septembre 2010 http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/2405/2010/09/19/fever-ray-paris-lolympia-9-septembre-2010/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/2405/2010/09/19/fever-ray-paris-lolympia-9-septembre-2010/#comments Sun, 19 Sep 2010 12:05:24 +0000 Daphné http://www.lesimmortels.com/blog/?p=2405 fever-ray_live_585 Fever Ray joue aux ombres suédoises sur la scène de l'Olympia. Envoûtant.]]> Certains soirs, peut-être par l’influence de certains astres opposés mais alignés, peut-être par le fruit du hasard, ou peut-être parce que l’imagination va loin, il semble que les mariages d’éléments contradictoires soient plus propices. Aussi, le 9 septembre dernier était placé sous le sceau de l’oxymore, dont l’exemple le plus célèbre, ie “cette obscure clarté” tiré du Cid de Corneille, ne pouvait trouver meilleure illustration. Alkayl en faisait part dans sa chronique de l’album, Fever Ray ne s’épand que sur les deux tonalités noire et blanche, parfaitement opposées mais pourtant souvent indissociables. Sur scène, cette bichromie au large spectre est encore plus flagrante et troublante.

Fever Ray live 01 - photo © aixcracker

Paradoxalement, le coup de grâce de la soirée est arrivée en première partie. Zola Jesus, petit bout de femme d’à peine plus de 20 ans, fait payer le prix de sa jeunesse au public. La scénographie est absente, la voix souvent fausse, l’ambiance plaquée au sol. La musique minimaliste et aux sons répétitifs ne convainc pas non plus, déchire même les tympans malgré sa modeste tenue (une boîte à rythmes, un synthé et une voix). La jeune fille le sait. Elle se perd dans sa prestation, comme si elle était seule, fait les 100 pas, s’ennuie, et fuit rapidement en glissant un “merci” glaçant.

L’inconvénient de l’Olympia, en tout cas ce soir-là, est de ne pas posséder de rideaux. La mise en scène de Fever Ray sera donc dévoilée au fur et à mesure qu’elle sera installée sous nos yeux. Le staff installe donc des lampes, partout. Pas très parlant pour l’instant ; mais c’est sous-estimer la surprise. La salle s’éteint, la fumée l’envahit et la parfume d’encens. La brume est épaisse. Des balcons, on ne voit plus la scène et la fosse, à peine les murs.

L’introduction est d’ordinaire brève, mais c’est oublier que Fever Ray aime les ambiances. Des percussions tribales s’élèvent dans le noir, et durent plusieurs minutes.  Le début de “If I had a Heart” démarre et semble ne pas vouloir finir ; les lampes s’allument enfin, fantômatique, au milieu des fumées. Pourtant, aucune lumière ne se diffuse. Aucune silhouette humaine ne se dessine. Le son enveloppe la salle dans une rumeur lourde et sombre et le spectateur n’a plus aucun repère, comme dans un rêve – ou un cauchemar – qui refuse de se dissiper.

Peu à peu, le brouillard se lève, révélant lentement des corps. Un percussionniste d’abord. Un xylophoniste, puis un claviériste, et un guitariste. Le groupe évolue comme des ectoplasmes au coeur des marais humides et hantés de Scandinavie, ou peut-être comme des zombis ramenés dans le bayou par un quelconque rituel vaudou. L’un des musiciens a une épée plantée dans le dos, un autre une robe de moine. Au centre de la scène, loin derrière, une masse informe se détache doucement au milieu des faibles lampes. C’est Karin, vêtue d’une toge large et d’un immense chapeau faisant penser à un abat-jour éteint. Abat-jour. Qui abat le jour ; qui tue la lumière. Toujours dans l’obscurité malgré l’omniprésence de lampes, le groupe se faufile entre les moindres rais lumineux, lesquels n’arriveront presque jamais à les effleurer. La lumière semble mourir avant de les toucher.

Fever Ray live 02

La mise en scène léchée et minimaliste parviendrait presque à faire oublier la musique. Celle-ci est partiellement jouée en playback. Les chansons, rarement différentes des versions album, ne sont ici enrichies que d’une guitare torturée, de percussions, d’un xylophone et d’autres instruments exotiques. La voix de Karin est parfaitement maîtrisée, de même que ses mouvements sont comptés. L’album sera intégralement joué, agrémenté de quelques morceaux bonus (”Here Before” et “Stranger than Kindness” apparaissant sur la version bonus du disque), et d’une reprise de Peter Gabriel.

Il ne fallait pas venir et s’attendre à une fête. On était plus proche de la messe noire, du rituel d’envoûtement et du sacrifice de petits animaux à plume que du réel spectacle de music-hall. Les fans et habitués de The Knife et de leurs concerts mystiques y étaient préparés. Ceux qui savaient que l’album de Fever Ray puisait sa source dans la dépression post-partum de Karijn, et n’existait que comme alternative au suicide, s’y attendaient. Mais une grande partie du public parisien n’a pas compris la démarche.

Photos © Aixcracker

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Dracula et Philip Glass aux Nuits de Fourvière, Lyon, 20/07/2010 http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/2260/2010/08/20/dracula-et-philip-glass-aux-nuits-de-fourviere-lyon-20072010/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/2260/2010/08/20/dracula-et-philip-glass-aux-nuits-de-fourviere-lyon-20072010/#comments Fri, 20 Aug 2010 13:30:15 +0000 JPGP http://www.lesimmortels.com/blog/?p=2260 Dracula - Philip Glass & Kronos QuartetAprès sa musique de scène pour Kafka et sa « Colonie Pénitentiaire » l’année dernière lors du même festival, Glass était de retour à Lyon cette année pour la création d’une musique de film qu’il a dirigée lui-même. Pas n’importe quel film : le modèle parfait du film B et de genre devenu culte : Dracula. Dès qu’il apparaît à l’écran, le comte de Transylvanie s’affiche non comme un vampire sanguinaire mais plutôt comme un véritable gentilhomme : « Je suis Dracula… Je vous souhaite la bienvenue ». Les dialogues brillants et la mise en scène de Tod Browning (qui s’y connaissait en freaks…) transcendent le récit original de Bram Stoker. Il est aussi exalté par le jeu expressionniste de Bela Lugosi et aujourd’hui par la partition musicale de Glass. Le musicien se retrouve en parfait accord autant avec le reste de son œuvre qu’avec celle de Browning. Spirales de cordes et arpèges inquiétants en jeux de variations et de répétitions soulignent avec subtilité et tension les climax du film.

A 73 ans celui qui fut l’ami de Beckett hier et de Lou Reed ou Laurie Anderson aujourd’hui reste un musicien particulier. Plus que tout autre il fait le pont entre musique pop et musique savante. Son minimalisme s’y prête. De son initiation musicale avec la mythique Nadia Boulanger aux échos de ses embardées indiennes avec Ravi Shankar (avant les Beatles), du rejet du monde du classique pour un avant-gardisme qui n’hésite pas à flirter avec le monde de la Pop, Glass a écrit des kilomètres de partitions répétitives. Elles sont parfois accrochées et exposées au mur de galeries. Certaines sont si longues que les musiciens devaient se déplacer pour suivre la mesure. Glass a aussi étudié la philosophie non sans utilité (euphémisme) pour l’évolution de sa quête musicale et scénique. Il a fait des rencontres étonnantes sur son chemin : Martin Scorsese, Woody Allen, Allan Ginsberg, John Cage, Patti Smith doivent être ajoutés, même si ne sont les seuls, aux déjà cités Beckett ou Reed.

Septuagénaire sans descendance et sans de véritables disciples même s’il est copié et remixé dans le monde de l’électro, celui qui refuse l’étiquette de minimaliste reste l’inventeur de la musique répétitive plus que Reich, Adams et quelques autres. Sa musique est devenue quasiment un marqueur culturel qui baigne l’univers sonore des années 70 à nos jours. Le créateur a toujours su s’adapter aux contingences et aux propositions qui n’ont pas manqué de s’offrir à lui. D’une pièce de Beckett à un texte de Burroughs, de Genet ou de Kafka, d’un film de Scorsese à une pièce de Bob Wilson (avec lequel fut créé le chef-d’oeuvre Einstein on the Beach), Glass a su toujours rester lui-même tout en se mettant au service de l’œuvre à laquelle il participait.

Célébré dans les dix dernières années autant pour sa B.O. du film sur Virginia Woolf (The Hours) que pour son oratorio space et écolo Itaipu, le musicien a toujours trouvé avec les metteurs en scène de théâtre et les réalisateurs de films une complicité particulière. Qu’ils soient vivants ou, comme avec Dracula, morts. A l’aspect très expressionniste et kitsch – forcément kitsch – du film de Browning, Glass ouvre une perspective de déconstruction habile. L’outrance est volontairement gommée sans toutefois disqualifier au contraire le charme horrible du film. Au lieu de simplement habiller le film d’éléments emphatiques, Glass crée une ossature et une atmosphère habilement délétères et étouffantes mais selon une autre esthétique que celle que Browning pouvait inspirer son film à des créateurs exsangues (c’est le cas de dire !) en ses poses ouvertes à l’effusion lyrique.

Glass ne cherche ni l’émotionnel ni à s’immerger dans le mystère qui imprègne le château du Comte. Plus qu’une longue péroraison démonstrative il joue de la réserve qu’il compose et dirige à la perfection à Lyon à la tête du Kronos Quartet. La B.O . de « son » Dracula semble neutre par rapport aux côtés exagérément sombres ou chargé de clichés expressionnistes de Browning. Mais c’est tant mieux. Glass déroule ses accords et ses rythmes comme s’il restait en distance par rapport à l’horreur de Dracula. Mais cette apparente indolence cache tout le poids de la dramatique du film. Peu à peu, elle devient oppressante. Elle s’insinue via la musique qui sous-tend la dramaturgie dans le spectateur. Celui-ci finalement retient son souffle dans le secret espoir de ne pas être témoin de ce qui se prépare dans les montagnes les plus reculées des Carpates.

Le chef d’œuvre prend ainsi un coup de neuf et une couche (qui n’est pas simplement de vernis) de post-modernité intelligente. Et à ce grand mythe et film fantastiques des années trente produit par les studios Universal Glass donne sa marque. Elle n’aurait sans doute pas déplu à Tod Browning et Bela Lugosi. Les prouesses narratives de l’un, la performance d’acteur de l’autre trouvent dans Glass une référence inattendue, surprenante mais efficace car sans redondance. La musique transcende et intensifie autant les images, le dialogue que le jeu des acteurs. C’est d’ailleurs – juste retour des choses – Universal qui a demandé à Glass pour son monument du cinéma d’horreur cette nouvelle partition musicale. On le sait déjà : elle fera date. Elle est d’ailleurs disponible aux USA sur le prestigieux label Nonesuch.


Dracula. La musique et le film.
envoyé par NuitsdeFourviere. – Clip, interview et concert.

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Owen Pallett @ Paris – La Villette, 01/06/2010 http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/2090/2010/07/17/owen-pallett-paris-la-villette-01062010/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/2090/2010/07/17/owen-pallett-paris-la-villette-01062010/#comments Sat, 17 Jul 2010 14:05:58 +0000 JPGP http://www.lesimmortels.com/blog/?p=2090 Owen Pallett live - photo Andrew Carver Il y a belle lurette qu’à La Villette on ne tranche plus le lard. On fait mieux. Comme en témoigne le festival annuel Villette Sonique.]]> Owen Pallett live - photo Andrew Carver Il y a belle lurette qu’à La Villette on ne tranche plus le lard. On fait mieux. Comme en témoigne le festival annuel Villette Sonique. Il a permis cette année de découvrir en France le canadien Owen Pallett. Ce musicien est une révélation, comme le prouvait son album pop symphonique sorti en janvier 2010 Heartland. Musicien classique de formation, arrangeur pour des groupes indie et non des moindres (Arcade Fire par exemple), Owen s’est présenté sur la scène de La Villette seul ou accompagné pour certains sets par un guitariste et percussionniste inconnus mais sacrément doués.

Posté devant un échantillonneur il a reconstitué de manière géniale le son d’un orchestre de cordes au son cosmique, ébouriffant et grandiose. Il s’en sert de manière paradoxalement antithétique à ce qu’on pourrait en attendre. Sur ce son cosmique il plaque sa voix frêle mais prenante. Elle se met parfois au service d’un minimalisme désincarné qui métamorphose la pop basique en mélodies élégiaques. Cela n’empêche pas – au contraire – une énergie rock d’une rare puissance : elle éclate là où les cordes synthétisées trouvent une sorte de puissance rythmique insoupçonnée.

Le temps du concert devient ainsi celui de l’entre-deux, de l’entre-temps et permet de faire vivre cet “entre”. Y défilent des moments de vies inconnues à coup de traces sonores aux reflets mystérieux. Tout est suspendu entre départ et arrivée dans une version sonore d’un voyage en TGV. Il est rare d’être aussi surpris et saisi par un concert même dans un haut lieu de l’électro comme l’est Villette Sonique. Face à Owen Pallett, les Young Marble Giants de même qu’Arto Lindsey parurent bien pâles et dépassés en dépit pourtant de musiques parfois bluffantes et décalées.

Photo © Andrew Carver – National Capital Rock – http://www.natcaprock.blogspot.com

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Best Sunday à Cannes : Ebony Bones au Pantiero – 08/08/2009 http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/826/2009/11/06/best-sunday-a-cannes-ebony-bones-au-pantiero-08082009/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/826/2009/11/06/best-sunday-a-cannes-ebony-bones-au-pantiero-08082009/#comments Fri, 06 Nov 2009 17:47:07 +0000 JPGP http://www.lesimmortels.com/blog/?p=826 Ebony Bones s’est d’abord fait connaître en tant que comédienne d’une série britannique soap à succès. C’est d’ailleurs en patientant entre deux scènes qu’elle écrit un de ses premiers titres « Don't Fart on my Heart ».]]> Ebony Bones

Ebony Bones s’est d’abord fait connaître en tant que comédienne d’une série britannique soap à succès. C’est d’ailleurs en patientant entre deux scènes qu’elle écrit un de ses premiers titres « Don’t Fart on my Heart ». Lancé sur MySpace, il retient l’attention de Rat Scabies, batteur des punkisants Damned. Le groupe produit le premier album détonnant et déconnant de l’artiste sous le titre Bone of my Bones (2009, Synady Best, Pias). C’est du Amy Winehouse en pire côté voix, habillement et style. Que dire de plus ou de mieux ? Et cela ne s’arrange pas sur scène (pour notre plus grand plaisir). Les Beth Ditto et Queen Adreena n’ont plus qu’à aller se rhabiller. Même la première ne fait plus le poids… Ebony Bones en fait des tonnes, joue avec les masques, maquillages et les costumes comme elle s’ébroue entre les genres : le funk d’abord mais aussi disco-punk, funk, rock-électro, le hip-hop world et R&B rap and pop.

L’artiste a gardé son prénom d’origine mais y a ajouté une couche par son nom pour jouer la star black-sexploitation qui n’hésite pas à appeler les choses par leur nom mais non sans second degré. Le concert est à la hauteur de son disque. Il est irrespirable tant la musique invente un joyeux bordel à mesure qu’elle avance. Ce chaos organisé mériterait encore du rodage, mais Ebony Bones ne nous laisse pas le temps de juger tant son concert bourdonne, vocifère, rappe et dérape en virages habilement contrôlés et négociés. La musique est plus ici du Bronx que de Londres même dans ses quartiers les plus déjantés. L’exubérance est omniprésente entre des beats premiers africains et des riffs violents. Tout cela sur fond d’une ironique acérée, plus dans le genre des Emerald, Sapphire and Gold que d’une Grace Jones. Chantant mais aussi hurlant, l’anglaise propose des textes décalés pour aborder la racisme, le machisme ou le libéralisme de la City. Rat Scabies a su lui adjoindre un groupe adéquat capable de développer des samples allumés et une rythmique d’ensemble sous amphétamines. Le concert part en tout sens et Ebony Bones ne renonce jamais dans la fulgurance dévastatrice. Et quand ça coince un peu elle passe aux forceps.

La Pythie black est bien la digne héritière des ESG. Comme elles elle pouvait représenter le plus mauvais de l’histoire du rock. Erreur. Elle est l’exemple de l’artiste atypique qui oscille entre punk-rock arty, funk minimaliste, dub et house music. Ebony Bones fait partie des mutantes qui ne cessent de jouer avec leur image, et les images. Elle jongle avec elles comme elle jongle avec les styles musicaux. Au sein d’une facilité déconcertante elle passe d’un punk vitaminé qui fait penser aux Slits à du funk 80’s. Au pire l’artiste restera une véritable curiosité. Mais peut-être marquera-t-elle la musique électro-pop. Certes, il est encore trop tôt pour l’affirmer tant il y a d’étoiles filantes dans ce domaine. Mais par ses concerts comme ses chansons l’artiste allume déjà l’enfer funk discoïde. Le punk arty trouvera peut-être là une icône affirmée qui en se voulant la sirène d’une saison pourrait surprendre par sa longévité. Souvenons-nous de Grace Jones sur laquelle peu de spécialistes avaient parié le moindre kopek.

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Lady and Bird – Paris, 27/10/2009 http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/806/2009/10/29/lady-and-bird-paris-27102009/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/806/2009/10/29/lady-and-bird-paris-27102009/#comments Thu, 29 Oct 2009 13:27:59 +0000 JPGP http://www.lesimmortels.com/blog/?p=806 Voguant sur la vague folk dont elle fut en France une des néo instigatrices des plus probantes, Keren Ann est venue présenter le 27 octobre à la Salle Pleyel les ballades du duo qu'elle a formé avec la chanteur des Islandais de Bang Gang : Bardi Johannson.]]> Lady and BirdVoguant sur la vague folk dont elle fut en France une des néo instigatrices des plus probantes, Keren Ann est venue présenter le 27 octobre à la Salle Pleyel les ballades du duo qu’elle a formé avec la chanteur des Islandais de Bang Gang : Bardi Johannson. Ce couple intitulé Lady & Bird a su séduire dans une configuration ambitieuse puisqu’il s’est appuyé sur l’Orchestre Lamoureux. Il y avait un risque. On sait en effet ce qu’il en coûte parfois à la musique pop de s’engrosser d’un orchestre classique. Mais le risque était calculé. Le duo ne faisait que récidiver puisqu’il a déjà enregistré une version live et symphonique de “La ballade of Lady and Bird” lors de son concert donné le 5 juin 2008 en clôture du festival Artfest à Reykjavik. Lors de ce spectacle, Lady and Bird étaient accompagnés par l’Iceland Symphony Orchestra, formation classique de 80 musiciens, dirigé par Daniel Kawka. L’Orchestre Lamoureux n’a pas fait pâle figure à Paris pour lui succéder et accompagner les titres de Lady & Bird ainsi que des morceaux des répertoires respectifs de Keren Ann et de Bardi Johannson réarrangés pour l’occasion.

La soirée savamment construite a permis de donner toute la dimension fantomatique à l’histoire de Lady and Bird, ces deux personnages inventés par Ann et Johannson. Venus du fond des temps ils ont choisi de s’incarner dans des corps d’adultes pour profiter des plaisirs terrestres. Il y a là tout un fond de mystique nordique et tellurique. Les deux artistes la traitent de manière subtile et volontairement naïve autant par leur musique que par leur prestation scénique. La discrète et l’excentrique ont su se lier en imaginative pour faire pénétrer en un monde magique empreint de volupté et de musique. De douceur et d’une innocente feinte aussi. Rien ne fut surjoué dans le concert. La musique se suffisanit à elle même. Juste parfois quelques pointes de trip hop ont pimenté par touches insidieuses l’atmosphère onirique de l’œuvre et de la soirée. Maîtresse du downtempo Keren Ann donne en particulier à la version scénique et symphonique d’un album initialement paru anonymement ou presque dans sa version studio (2003, label Rebel Group) plus qu’un charme : une fascination.

Ce que l’album studio possédait de trop candide est gommé par l’ampleur instrumentales. La reprise du « Stephanie Says » du Velvet Underground comme le thème de la série M.A.S.H., « Suicide is Painless » (titres intégrés dès l’origine dans La Ballade de Lady and Bird) prennent une puissance redoutable d’autant que Keren Ann et Bardi Johannson n’en font jamais des tonnes. Soutenus par l’Orchestre Lamoureux ils se contentent de souligner ça et là les effluves symphoniques. Ils prouvent par la scène une originalité que l’on ne soupçonnait pas. A la mièvrerie possible d’une thématique quasi enfantine fait place l’ambition réalisée d’un ensemble orchestral. Elle rend à la musique pop ce qui lui appartient en propre. Cela est rare même si Bjork avait déjà réussi un tel pari dans lequel beaucoup laissent leur âme. Ce concert séduit autant par sa mélancolie que par sa puissance. Une noce des corps entre plaisir et ascèse, entre amplitude et recueillement émerge en une musique aussi méticuleuse, discrète qu’inventive.

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Sziget 2009 : dernière partie http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/726/2009/10/05/sziget-2009-derniere-partie/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/726/2009/10/05/sziget-2009-derniere-partie/#comments Mon, 05 Oct 2009 20:46:27 +0000 Daphné http://www.lesimmortels.com/blog/?p=726 Le rapport des deux derniers jours du festival. Après, c'est fini... jusqu'à l'an prochain ?]]> Le week-end. Le samedi et le dimanche arrivent non seulement à la fin de chaque semaine de l’année, mais ils closent aussi les 5 jours du festival hongrois.

Nouveau Théâtre National de Budapest
Le nouveau Théâtre National de Budapest. Un peu de tourisme entre les concerts…

  • Jour 4 : samedi 15 août

Le 15 août est traditionnellement férié en France, puisqu’il s’agit d’une fête religieuse chrétienne dont personne ne sait plus trop à quoi elle correspond. Au Sziget, les jours de festivité à vocation spirituelle ne répondent à aucune autre religion que celle de la musique, donc point de trêve, bien que certains semblent en avoir besoin. L’après-midi début sur la scène de la télévision musicale locale, la MR2, avec le groupe hongrois Brains. Distillant un breuvage Pop/Fusion/Néo/Drum and Bass/Hip-Hop/World à la Asian Dub Foundation en moins bien, ces vedettes magyar malgré leur énergie ne parviendront pas à faire se lever la moitié de leur public, épuisé par les 3 jours précédents, à peine réveillé (il n’est que 18h du matin) et qui préfère assister à la performance assis.

Décidément, le chapiteau de l’Arena nous aura vu défiler tous les jours ! 19h30, les américains de The Crystal Method ont attiré la foule qui se tasse dans la tente. Les deux bonshommes arrivent sur scène, et c’est l’explosion auditive au sens propre. J’ai beau porter des mousses de protection, j’entends clairement que le son est monumentalement fort. Je ne souffre pas, mais à la façon dont vibrent les os de mon crâne, je devine que sans les boules Quiès j’aurais eu très mal. C’est l’extrême inverse de la veille, où l’on n’entendait presque rien.
Le duo californien consiste en Scott Kirkland qui se tord de plaisir sur ses claviers (troublant… et rigolo) et de Ken Jordan qui reste presque totalement immobile, contrastant carrément avec son comparse. Toutefois, si l’on arrête de regarder le perturbant Kirkland qui paraît jouir sur ses tables de mix, toute langue dehors, lèvres baveuses et yeux exorbités, difficile de ne pas prendre son pied. Les tubes s’enchaînent (”The Name of The Game”, “Trip Like I Do”…) dans une puissance phénoménale et sans le moindre accroc.

Quelques minutes de marche nous attendent après la fin du set, car c’est vers Placebo sur la grande scène que l’on se dirige. Le déplacement n’en vaudra pas vraiment la peine. Brian Molko est bouffi et sa musique a pris du bide. Nous aussi, puisqu’on en parle ; et un énorme coup de fatigue. Placebo n’aidant pas à se réveiller, on fait l’impasse sur Eric Prydz programmé à 1h, malgré l’envie de le voir. On rentre faire la fête en ville, mais pas trop tard. Bientôt la fin…

  • Jour 5 : dimanche 16 août

C’est le dernier jour, et ça se voit. Le sol est jonché de semi-cadavres de toutes les nationalités, et on est pas loin d’être dans le même état, malgré que l’on se soit économisé (pas trop bu, pas trop veillé, pas fait de saut à l’élastique ni de combats d’épée). Pour une raison assez simple : ce soir est supposé être le plus important pour nous. Coldcut, Offspring, Faith no More, Squarepusher, Life of Agony, Paul Oakenfold (avec une impasse sur les Naïve New Beaters, qu’on aura facilement l’occasion de revoir une prochaine fois), ne sont que les parties émergées de l’iceberg, car on laisse toujours une porte ouverte aux découvertes.

Mais le premier concert du jour sera finalement une déception énorme. Coldcut joue à l’Arena. L’homme arrive, nous fait un speech pour nous présenter son projet vidéo (ok, on va avoir droit à un concert-concept) et accueille sur scène un quatuor à cordes. Prometteur. Sauf que…

Coldcut a été la plus grosse arnaque du festival. Le concert est introduit par “Genesis” des Justice, tout comme des centaines d’autres sets ou concerts le sont depuis la sortie de cette chanson. Sur l’écran géant, défilent des images de lave en fusion, d’explosion de croûte terrestre. Ah, oui : la “genèse” de la planète. D’accord : concept. Le titre des Justice ne bénéficie d’aucune personnalisation. Et les morceaux qui suivront, pas plus. Presque aucun titre de Coldcut, que des morceaux des autres, sans touche personnelle. Les deux compères se contentent de passer des disques, les mixant à peine. Le quatuor à cordes est totalement inaudible les rares fois où il joue. A l’écran, on reconnaît des images de Yann Arthus-Bertrand, des stock-shots vus sur Arte ou dans des pubs. Je résume : Coldcut mixe des morceaux qui ne sont pas d’eux avec des vidéos qui ne sont pas d’eux et un quatuor à cordes qu’on n’entend pas et dont on se demande s’il n’a pas été outrageusement emprunté à un orchestre présent ce jour-là. Pis, le groupe nous fait l’affront de nous faire croire à un concert intelligent, qui amène le public à réfléchir profondément. J’applaudis la sournoise escroquerie, et décampe vite de la tente Arena.

Ce départ précipité sous le coup de la colère nous aura permis de nous rendre au concert des Offspring, et par-là de nous calmer net. Car au moment où l’on arrive, Dexter Holland est en train de massacrer un de ses pauvres titres, “Gone Away”, qu’il chante seul avec un piano. De la rage, on passe au fou rire. Et parce qu’il ne faut abuser non plus, on passe à table en attendant Faith No More.

Faith No More est un groupe mythique que je connais très peu. Je fais une allergie sévère aux délires de Mike Patton, le chanteur génial mais énervant qui officie dans autant de formations que j’ai de doigts aux deux mains. Alors si je veux les voir, c’est par pure curiosité : découvrir sur scène le groupe qui a plus ou moins inventé le néo et la fusion.

Il paraît que certaines allergies guérissent par exposition directe et prolongée à l’élément allergène ; la mienne ne s’est pas soignée. Je n’arrive pas décidément pas à digérer Mike Patton. Entre hurlements, gargarisme, roulades et autres défis improbables (dont celui de chanter avec un lacet de chaussure dans la gorge…) le chanteur propose un spectacle éprouvant tant pour les yeux que pour les oreilles. On adore ou on déteste, mais impossible de rester insensible au personnage (phrase préfabriquée numéro 6).

La honte m’accable, mais Faith No More aura été le coup de grâce. N’en pouvant plus, nous abandonnons tout projet pour la suite. Mine de rien, on a cinq journées intenses dans les jambes…

Quel bilan tirer de ce festival ?

Globalement, la déception vient souvent des grandes têtes d’affiche. Elles n’ont rien à prouver, et même si c’était le cas, le programme chronométré à la seconde près ne permet pas aux grands de s’épanouir. En outre, à part de rares artistes, la plupart considèrent l’étape du Sziget comme une date parmi d’autres dans leur tournée.

Ensuite, la semaine entière est très fatigante, bien que j’y aie été préparée. Si vous comptez tout faire, prévoyez des fringues et chaussures minables (puisque vous allez les pourrir, autant achever celles en fin de vie), mais confortables. Si vous plantez la tente, arrivez en avance, placez-vous assez loin des toilettes (beuarg !) et n’oubliez pas les boules quiès et le masque pour dormir au mieux. N’oubliez pas la lampe torche, bien qu’il fasse jour très tôt (vers 4h) et si vous avez la même tente que tout le monde, plantez près d’elle un repère pour l’apercevoir de loin (drapeau, peluche, guirlande). Préservez vos oreilles avec des bouchons, en particulier dans les chapiteaux. Bien sûr ne laissez rien traîner de valeur dans les tentes, qui se font régulièrement fouiller. Et surtout, soyez raisonnable : ne vous prenez pas une murge dès le premier soir, ça vous gâchera absolument tout le reste de la semaine, car il est difficile de bien reprendre ses esprits – dormir, se doucher, il faudra oublier. Alors pensez que le lendemain de cuite durera 5 jours…

Côté bons plans, sachez que vous pouvez emporter votre matériel photo ou vidéo sans problème ; qu’il y a un choix énorme de nourriture, de la pire junk food aux mets les plus équilibrés (fruits, légumes, plats végétariens…) ; que vous pouvez entrer avec vos propres vivres, à part l’alcool ; qu’il existe pléthore d’activités non musicales pour vous divertir ; et en dernier conseil, n’hésitez pas à explorer l’inconnu, mais aussi la belle cité de Budapest.

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Sziget 2009 @ Budapest : troisième partie http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/355/2009/09/03/sziget-2009-budapest-troisieme-partie/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/355/2009/09/03/sziget-2009-budapest-troisieme-partie/#comments Thu, 03 Sep 2009 22:32:00 +0000 Daphné http://www.lesimmortels.com/blog/chroniques-metal-musicale/sziget-2009-budapest-troisieme-partie/ Cet après-midi, ça commence à être dur. Les pieds bronzent avec la marque des tongs et le noir commence à s’incruster sous les ongles. On a abandonné la tente, le voisinage est trop pénible, et on rentre dormir en ville chez des amis. C’est mieux. Après tout, il y a des trains toute la nuit et Budapest ne craint pas trop, pourquoi se priver d’un bon canapé confortable ? D’autant qu’il reste encore 2 journées à tenir après celle-ci. Qui s’annonce brutale.

  • Jour 3 : vendredi 14 août 2009

Puisqu’on s’est couchés tôt (3 heures), on s’est levés à l’heure où les magasins étaient encore ouverts en ville, alors on va faire des courses. Pas question d’acheter de l’alcool : le service de sécurité est super coulant, sauf pour les liquides. Si ça sent la gnôle, ça finit dans la poubelle. On va donc se contenter de biscuits et de jus de fruits, pleins de vitamines. Ce soir, on va en avoir besoin.

Primal Scream est sur la Grande Scène, la Nagyszínpad comme on dit en magyar. La foule ne se presse pas vraiment bien qu’il soit plus de 18 heures. La faute à la fatigue ? A la chaleur ? Ou au groupe qui n’enthousiasme pas les non-initiés, qui de fait ne s’intéresse pas à son habituelle musique resucée des Rolling Stones ? Peut-être un peu tout ça à la fois. Pourtant, Bobby Gillespie est sympa et fait ce qu’il peut pour réveiller tout le monde, mais à part les fans, peu de gens émergent.

19h30. L’heure est grave. Le dilemme est cruel, le coeur balance, les idées se brouillent : vaut-il mieux aller voir Pendulum sur la Grande Scène, Birdy Nam Nam à l’Arena ou Amadou et Mariam sur la scène World ? Diantre, quels coquins ces programmeurs ! Et bien, cessons de suite le suspense : Amadou et Mariam, je n’ai jamais pu m’y faire. Birdy Nam Nam, déjà vus en première partie de The Prodigy aux Arènes de Nîmes. Et oui, en fait, le truc de l’hésitation, c’était pour rire. Alors le duo malien a peut-être été excellent, les Birdy ont peut-être mis le feu, je n’en sais rien et je m’en moque : Pendulum, bien sûr ! Et quelle claque ! Déjà vus à l’Elysée Montmartre il y a plusieurs mois, le groupe de Drum’n'Bass Rock s’exprime pleinement en plein air devant 50 000 personnes. D’autant que suite à un accident, où ils ont perdu un technicien et leur matériel, ils n’avaient pu honorer de leur présence le festival l’an dernier ; alors ils ont une dette à éponger, et de la sueur à faire perler. Les images parlent d’elles-mêmes :

Les pogos sont contre toute attente d’une courtoisie exemplaire. Pour citer quelqu’un : “c’est le premier pogo que je vois où les gens s’excusaient quand ils se bousculaient”. Malheureusement, l’ambiance est nettement moins amicale pour le concert suivant, assuré par The Prodigy. Ne sachant trop à quoi m’attendre mais craignant le pire, j’ai pris les devants et suis partie derrière, loin de la scène mais à l’abri de la foule. Des témoins se trouvant en plein milieu du public m’ont rapporté avoir pris des coups et des bières un peu partout. Bien me prit de m’abriter derrière le grand écran. Musicalement, pas de grande surprise par rapport aux spectacles vus cette année, au Zénith de Paris et aux Arènes de Nîmes. Festival oblige, le temps est compté et les titres minutés. Il n’empêche que The Prodigy reste un bon moment en live. Le dernier album, Invaders Must Die, est bien représenté, 6 ou 7 morceaux en étant extraits, et leurs classiques ne sont pas oubliés. Le batteur et le guitariste viennent renforcer la puissance des morceaux et Maxim et Keith bougent bien. A voir au moins une fois dans sa vie ; mais pas forcément plus.

The Prodigy @ Sziget 2009 - photo by Ben Houdijk

La soirée restera Electro. C’est qu’on deviendrait presque des habitués de l’Arena : on y finit sur le son Drum’n'Bass de Statik and Safair, dont on n’entendait presque rien. Il semble que l’installation sonore ait plus ou moins lâché, ou alors le limiteur de décibels est de mauvaise humeur ce soir. Cela n’augure rien de bon pour Grooverider qui est supposé suivre ; la plupart des gladiateurs fêtards, lassés par le volume aléatoire et trop bas, abandonne l’arène. Demain, The Crystal Method est censé y jouer : le problème sera-t-il résolu ? La réponse dans la quatrième et dernière partie du rapport, qui racontera tous les concerts du week-end. Tenez bon d’ici là.

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Sziget 2009 @ Budapest : deuxième partie http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/354/2009/08/31/sziget-2009-budapest-deuxieme-partie/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/354/2009/08/31/sziget-2009-budapest-deuxieme-partie/#comments Mon, 31 Aug 2009 20:51:39 +0000 Daphné http://www.lesimmortels.com/blog/chroniques-metal-musicale/sziget-2009-budapest-deuxieme-partie/ Deuxième journée du festival hongrois qui déchire.]]> Sziget Festival 2009

La nuit a été très courte et le réveil très matinal. Une tente, en fin de compte, c’est pas le Ritz. Et ces matelas autogonflants sont une grosse arnaque, on ne voit pas la différence entre l’état gonflé et l’état vide. Heureusement que l’emplacement n’était pas couvert de cailloux. Un petit tour en ville, à l’appartement de copains pour prendre une douche et aller dans des toilettes propres, et l’on redémarre la boîte à sons pour une nouvelle journée. Sans doute la plus riche de la semaine.

  • Jour  2 : jeudi 13 août 2009

L’après-midi débute en douceur dès 15 heures avec la Missy Elliott germano-roumaine Miss Platnum. Plus élégante, plus drôle et plus talentueuse que son analogue américaine, son Hip-Hop oriental sympathique en plein n’a toutefois pas réussi à faire décoller le public de sa torpeur matinale (oui, au Sziget, 15 heures c’est le matin). La prestation est honnête mais le feeling n’est pas vraiment passé, la faute à une absence cruelle d’énergie. Dommage.

Miss Platnum

C’est au tour des Ting Tings d’enchaîner sur la Grande Scène.  Voilà un groupe dont on ne parlait pas il y a 6 mois, qui ont eu la chance de voir l’une de leurs chansons illustrer une pub pour un célèbre lecteur mp3 (qui fait aussi grille-pain) et qui pour cette seule raison, se retrouvent propulsés sur une scène géante devant 50 000 personnes (moins quelques fans aveuglés) qui constateront avec effroi leur manque absolu de talent. The Ting Tings est un duo de Néo-Punk qui joue mal et chante mal (c’est le genre qui veut ça, on leur concède) et par là, ne peut trouver sa place que dans une petite salle sombre fréquentée par des gens ivres incapables de décerner les pains. Un moment inutile qu’il aura fallu abréger pour acheter de quoi goûter, et pique-niquer le sandwich au fromage ainsi préparé en regardant tourner les manèges, c’était bien meilleur.

On retourne à la Grande Scène pour voir Die Toten Hosen. Ah, que de souvenirs ! Là encore il s’agit de punk, mais du légendaire, du viril, du suant, de l’allemand. Mais qui a vieilli. Les groupes Punk c’est comme les tomates : plus c’est mûr et moins c’est acide. Par conséquent l’ennui pointe vite le bout de son nez, et il a bien fait : pris d’une subite envie d’aller faire un tour pour voir ce qui se passait ailleurs, nous (moi et un DJ célèbre) nous perdîmes un peu dans le programme. Rien que l’un de nous deux ne connaissait. Une petite description toutefois attira mon oeil sur un groupe portugais (ah ? Il n’y a donc pas que Moonspell et Linda de Souza ?) : “un groupe Rock avec une touche d’Electro. Et un nom génial !”. Pas très causant, mais pas pire que le reste : adjugé, essayons. Direction la scène A38-WAN2 pour aller voir, au hasard, un groupe qui ne me disait rien alors que pourtant, je le connaissais. Approchant du chapiteau, j’entends déjà les rythmes endiablés et un didjeridoo. Mon sourcil droit se relève en accent circonflexe. Tirant la toile de tente et pénétrant à l’intérieur, je les vis sur scène et les reconnus immédiatement : les Blasted Mechanism, bon sang, mais c’est bien sûr !

Blasted Mechanism @ Sziget 2009

Ce n’était pas à proprement parler une découverte puisque je les connaissais déjà. Mais je les avais, pour une raison mystérieuse, totalement effacés de ma mémoire. La surprise fut cependant identique ; un peu comme lorsque l’on retrouve un billet de 20€ que l’on avait planqué dans le tiroir à chaussettes et dont on avait fini par oublier qu’on l’y avait mis. Blasted Mechanism mêle une Pop-Rock un peu simplette à des sonorités world et des rythmes électro, mais possède surtout la particularité, vous l’aurez constaté, d’arborer des costumes de dingues. Si parfois leurs disques sont poussifs et ennuyeux, sur scène leur musique revêt une puissance inédite et bien plus à la hauteur de leurs costumes. Un bon moment, à garder précieusement dans un coin de la tête, parce qu’en dehors du Portugal, les Blasted sont aussi rares que le devient la morue.

Les portugais ont dépassé leur créneau horaire, si bien que le temps d’arriver à la Grande Scène, les Bloc Party ont déjà commencé à jouer depuis un certain moment. Malheureusement, nous n’arriverons pas assez tard pour rater le massacre “Mercury”, qui, ne tournons pas autour du pot, ne ressemble à rien en live. Le reste est plus correct mais très convenu. Ce n’est pas eux qui nous retiendront d’aller manger en attendant le début de Fatboy Slim.

Norman Cook est très attendu ce soir. N’ayant pas fait tous les concerts de la Grande Scène, je ne peux affirmer que ce fût réellement le cas mais il m’a semblé que c’est lui qui a attiré le plus de monde cette semaine-là. Seul face au public, il a réussi à nous servir un set savoureux avec le plus grand des sourires. Au programme, quelques-uns de ses hits (”Praise You” en introduction, “Right Here Right Now”…) puis, à la deuxième moitié, une sélection maison, dont un remix David Guettaesque de la cultissime “Cancion del Mariachi” (Ay ay ay ay mi amor !) et un autre de la surfaite “Seven Nation Army” (qu’une certaine émission de télé-réalité a réussi à ringardiser) pour un mix Electro qui ne nous laissera pas une seule seconde de répit pour souffler, un peu comme cette phrase, quoi.

La soirée n’est pas terminée. Direction la A38 sans passer devant la tente Metal de MTV et son Headbangers Ball où jouait Satyricon pour aller voir Tricky. On ne sait pas vraiment à quoi s’attendre, sans doute quelque chose de planant, qui risque de nous abrutir, alors on s’y rend d’un pas lent. Erreur fatale. A peine rentrés, le doute nous assaille : c’est du Punk Rock bruyant. Fichtre, soit Tricky a déjà fini, soit il n’a pas commencé, soit on s’est planté d’endroit. Non, rien de tout ça. Le “Remember boy, you’re a superstar” ne trompe pas, il s’agit bien de “Council Estate” et donc de Tricky, qui sera en ce qui me concerne la plus grosse suprise du festival. Rien de planant, rien de Trip-Hop (ou peut-être au début du concert que j’ai raté) : l’anglais nous la joue punk déchaîné, grand gamin hyperactif, fauve surexcité lâché dans le poulailler. Accompagné de Francesca Belmont, il ne joue pas la star. Elle chante autant, voire plus de texte que lui. Il reste sur le côté, à s’éclater comme un gosse. Il fait monter 15 personnes sur scène lors d’une reprise d’”Ace of Spades” de Mötörhead, interprétée par Francesca. Il nous cause, nous crie dessus, nous tape dans les mains, nous balance sa sueur sans la tronche. Il saute, se tortille, se marre, prend parfois la pose. Ce mec sait définitivement faire la fête et nous invite à le joindre. La musique ? Pour tout dire, je n’ai pas vraiment fait attention… Je crois que c’était bien.

Tricky @ Sziget, photo by Velvet Press

C’est sur le post-Rock parfaitement exécuté de colorStar, groupe hongrois, que se finit ma soirée. C’est pas mal, bien atmosphérique, mais bigrement pâle après la claque from Bristol que nous a filée Tricky. Une bien bonne nuit pleine de rêves s’annonce. Et demain : Primal Scream, Pendulum, The Prodigy et Grooverider.

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