syn- / E.5131 – Manolo on Juliet (Prasca / 2008)

Attention, OMNI ! Car oui, l’album Manolo on Juliet est un Objet Musical Non-Identifié. Présenté par son auteur comme un ‘théâtre d’expériences fantasmatiques’, cet album n’est pas un album. C’est un habillage sonore. Ce concept s’articule autour de trois textes écrits par E.5131, extraits de son recueil AilleuRs mAi pouRquoi.do(N)c, qu’il clame dans des mélopées ‘dégoulineuses’. Nous y croisons Manolo et sa Juliet, personnages si près, si loin de Shakespeare. Ils se jaugent, se jugent, se touchent, se regardent. La Machine est là aussi, éternelle création essentielle autant qu’ennemie de l’humanité.

syn-, dont les créations musicales illustrent depuis plus de dix ans des expositions, ballets contemporains ou évènements artistiques, met en musique ces mots à travers différents univers glauques («Dégoulineur Épinant Tombe En Sommeil») ou délabrés («La Machine»), rageurs («Mâchés, Soit !») ou monotones («L’homme En Gris»).

Les voix sont saturés, déformées, poignantes, passant par toutes les phases que traverse Manolo, Manolo qui espère, qui se décourage, Manolo contre la machine, Manolo humain, monstrueux. Pour le guider, syn- met en place des humeurs industrielles et post-indutrielles, où la monotonie et les sons lourds électroniques reflètent le quotidien tandis que des incursions de guitare et de musique plus acoustique semblent paradoxalement en décalage avec la réalité. Ces instruments naturels, représentations de la machine, n’arrivent pas à triompher de la Machine et de ses notes technologiques, brutales, froides mais tellement familières.

‘De mouvement en mouvement’, Manolo nous embarque ‘mano à mano’ par la voix d’E.5131, qui sait scander, hurler, murmurer son venin et son désespoir d’un monde monstrueux qui pourtant est bien le nôtre. La folie n’est jamais bien loin, avec ses tentures musicales glauques et dissonantes. Manolo lutte contre la machine alors qu’il s’en sert autant qu’elle le sert, Manolo traverse les espaces naturels ou urbains à un rythme résigné, Manolo et Juliet, Manolo sur Juliet, Manolo dans Juliet, Manolo perdu dans sa vie elle-même perdue dans la Vie, autant de points de repères laissés par les mots tandis que la musique s’amuse à nous perdre, comme pour essayer de trouver à l’auditeur-trice sa propre place dans un univers qui peut sembler très hermétique mais recèle portant d’aspérités.

Si cet album est à déconseiller aux oreilles férues de musique construite sur un schéma traditionnel de chanson, il est chaudement recommandé à ceux et celles qui savent voir la poésie d’univers sale, glauque et industriel. C’est une belle œuvre d’art musicale contemporaine, la mise en mots et en musique de la dégringolade de l’humain qui se croit maître de ce qui le domine déjà.

I. LA MACHINE
1. Ouverture
2. La Machine

II. JULIET
3. La Belle Effarouchée
4. L’épithalame
5. Dégoulineuse
Épinante
6. Dégoulineur
Épinant Tombe En Sommeil
III. MANOLO
7. On Tous Qui
8. Regarde-Moi !

9. Sortie Dans Le Parc
10. Ciel Noir Sur Sol Gris
11. L’angeindividu
IV. EN LA FORÊT
12. La Quête
13. Chaude Fontaine De Remoux

14. D’un Désir Chaste Et Pénétré
15. Vers La Grande Sale

V. L’ÂME DE CHINA
16. Science Sans Conscience
17. L’homme En Gris
18. Mâchés, Soit !

19. Manolo On Juliet Vs La Machine

Site de Prasca : http://prasca.org/

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A propos Killer Queen
Zone de terreur : Lyon. Spécialiste Goth, Dark, Electro Dark, Indus, New/Cold Wave, Heavenly, Rock sous beaucoup de ses formes.... Amatrice Métal, Jazz, Trip Hop, Punk, Reggae, reprises improbables et pépites étranges de partout. Reine des solutions en tous genres. Grande Prêtresse des Démos. Curieuse notoire.

4 Commentaires le syn- / E.5131 – Manolo on Juliet (Prasca / 2008)

  1. Bonsoir Killer Queen,
    merci de nous faire partager votre expérience du disque.
    A vous lire, vous en êtes donc sortie saine et sauve !
    Notez bien que Manolo sort vainqueur de sa lutte contre la machine !
    Il a le dernier mot, ou plutôt le dernier souffle : )

    Oui, l’humeur est dégoulinante que l’on soit dans les ambiances médiévales, ambiantes ou post-industrielles; Manolo est peut-être aussi un immortel !!

    Le rêve/fantasme de Manolo repose sur des fondations ‘flottantes’
    où tout se transforme perpétuellement: sons, couleurs et formes.
    Ce contexte m’a amener à créer des ponts entre les univers traversés par ce personnage-fil rouge et d’ouvrir le champ des possibles.
    L’auditeur crée ensuite lui-même ses propres images, soutenues
    par la cohérence des sons avec les textes.

    La meilleure condition d’écoute est de s’isoler, de se laisser aller
    et de jouer le jeu. Le livret du digipack contient la plupart des textes: compagnon utile pour écouter l’album.

    Nous espérons que chacun prendra autant de plaisir à écouter ce conte dans ses moindres détails que nous en avons eu à le faire vivre !!

    Bien à vous
    SYN-

  2. Killer Queen // 11 octobre 2008 á 14:24 //

    Merci pour ces éclaircissements. 😉
    En tous cas, par ce modeste blog ou par d’autres moyens, j’espère que beaucoup de personnes sauront chercher et trouver Manolo.
    Très bonne continuation.

    -KQ-

  3. Merci aux Immortels de soutenir la création indépendante !
    Je laisse quelques indices pour trouver Manolo !

    Pour ceux qui désirent tenir l’objet entre les mains,
    l’album est disponible chez Prasca.org/
    Il va sans dire que la partie visuelle intègre bien le projet.

    Pour ceux qui préfèrent le téléchargement simple et efficace,
    l’album est disponible chez Ototoimusic.com/
    C’est un nouveau disquaire indépendant online qui dispose d’un beau catalogue.

    On peut aussi nous contacter à [email protected]

    Bien à vous
    SYN-

  4. jean-paul gavard-perret // 6 décembre 2009 á 14:15 //

    Je viens seulement de découvrir cet « album » chroniqué il y a déjà quelques temps par K.Q.. Elle a vu juste : c’est vraiment un superbe travail musical qui nous emmène très loin.

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