Anael Miller – Silence (2009 – Believe)

Anael Miller

UNE FILLE ENCHANTANTE

Tout paraît simple dans l’univers alternatif et minimaliste d’Anael Miller. Une guitare suffit à souligner des chansons sauvageonnes qui grimpent comme des lierres. L’album n’est ni vraiment folk, ni vraiment réaliste et pas plus « chanson française » dans le sens restrictif du terme. Quelque chose y avance avec émotion, finesse, intelligence. Avec humilité aussi.

Le monde émerge (avec ses peines) en combat direct et non sans humour. La poésie aussi. Et la femme de même. Anael Miller chante ce qu’elle a sur le bout de la langue et possède déjà tout d’une grande. Sa musique jaillit derrière ou plutôt devant le tout gris, le tout sale. Cela n’est pas sans rappeler les deux sœurs du groupe dit réaliste de Juja Lula. Le C.D. nous donne un temps l’impression de nous sentir moins seul. Il nous tient au chaud quand il fait froid et rafraîchit nos canicules, l’air de ne pas y toucher.

La songwriteuse aime ce qui échappe. Elle se veut aussi captive que captivée. Elle cherche à toucher non avec des images émouvantes mais avec des rapports de métaphores simples qui évitent la fétichisation. Elles s’insèrent en des airs lents où tout le monde galope, en des airs rapides où l’on bouge à peine. Leur dramaturgie naît d’une suite d’éléments non dramatiques. L’implicite tient lieu d’érotisme car l’artiste sait que tout laisser entendre voue la chanson au cliché sonore, au chiqué, à la fausseté.

Pourtant Anael Miller garde la langue bien pendue si bien que celui qui écoute a forcément les oreilles qui traînent. Les titres présentés ne sont pas de ceux qu’on chantent sous la douche. Ils sont trop profonds pour ça. On les écoute devant l’Arabica du matin. Comme lui ils nous réveillent. Tandis que le sucre fond dans le café brûlant on fonce vers des pampas d’ici-même, d’ici bas. Ils emportent un peu plus tard, sur les coups de midi, vers les bords d’un plan d’eau pour un coup de rosé, des moules-frites ou un tour de pédalo. Silence nous rappelle à la vie. Simplement. Loin de tout genre admis. L’ensemble est simple, subtil, grinçant juste ce qu’il faut. Les chansons vident notre étang pour voir les poissons que nous sommes. Que demander de plus ? Que demander d’autre que ce paradoxal silence ?

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A propos JPGP
Honorable poète, fin critique et mélomane terrible.

1 Commentaire le Anael Miller – Silence (2009 – Believe)

  1. Je ne l’aurais pas mieux dit! Superbe découverte, on attend de la voir sur scène!!!

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