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Hushpuppies - The Bipolar DriftRenonçant à boire la lune et à penser que la sobriété musicale causerait leur perte, sortant d’un mutisme plutôt longuet les Hushpuppies sèment leur apocalypse tempérée au sein des échos d’une double conscience qui inspire philosophiquement leur résurrection (voire ci-dessous). Après The Trap et Silence is Golden les Perpignanais (devenus parisiens) ont eu recours au studio Plus 30 afin de réaliser leur troisième opus. Non sans raison ils ont aussi opté pour la production d’Axel Concato. Quittant un peu ses influences anglo-saxonnes seventies le groupe propose désormais un krautrock bien ficelé et qui ne cesse de lorgner vers l’electro pop.

Après quatre années de vache maigre mais aussi de réflexion et intégrant un nouveau bassiste (Marc Zory-Casali) les Hushpuppies surprennent donc agréablement. Ils proposent bien autre chose que la caricature « mods » à la mode. Celle que beaucoup de groupes cultivent des deux côtés de la Manche. Empruntant le titre de l’album aux travaux de Lawrence Lawford sur la dualité comportementale qui mène chaque être humain, on pouvait craindre le pire. Néanmoins le quintet se contente – côté question existentielle – d’en orner le livret du C.D.. Une intervention graphique de l’illustrateur Julien Pacaud évacue habilement le problème. Côté musique le groupe épargne autant les leçons de morale spéculative que celles du revival. Il fonce vers une musique musclée et parfois (c’est leur péché mignon) dégingandée (« Zero One »). Elle n’est pas sans rappeler parfois des harmoniques new-wave (« Frozen Battle »). Mais Axel Concato a su gérer au mieux le goût à la fois de l’expérimentation radicale et l’inspiration un rien débridée. Il prouve sa capacité à faire le tri dans un désordre potentiel et à le juguler.

The Bipolar Drift reste à ce titre intéressant. Minant la nostalgie au nom de laquelle musicalement la nausée abonde, le groupe tisse sa « pop-line » à coup parfois de missiles sol-air sauf lors de rares moments de répits. Le plus souvent le groupe cultive un côté rugueux et transforme ses nappes de neige en marée noire. C’est une façon de sortir la musique du marbre qui fait penser au cimetière où les morts du rock-pop circus se pavanent. Les Hushpuppies ont pris le parti de ne pas les rejoindre. Ils ont bien fait. Enfilant les marées rythmiques leur « pop-line » s’effile et bouloche au besoin. D’un morceau à l’autre s’enfilent quelques perles et surgissent des cris de geyser. Ajoutons qu’en choisissant l’Anglais le groupe fait errer dans le sommeil des morts héroïques évoqués ci-dessus. Mais pour les secouer.

Hushpuppies by Sophie Delaveau

Crédit photo : Sophie Delaveau



  1. Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?