Major Dolby – Major Dolby EP (2011 / Kizmiatz Records)

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Ceux qui aiment la musique sophistiquée doivent ignorer résolument les Rennais de Major Dolby. Ces derniers ne font ni dans la  crêpe dentelle (ou suzette en dépit de la proximité de la Chandeleur)  ni dans le revival bretonnant (désormais il y a Nolwenn Leroy pour ça…). Le groupe déménage en un rock festif des plus 60’s. Toutefois, il ne se plie pas benoîtement devant  ce qui se fit dans le genre à l’époque.  Le retour à cette période s’est produit chez les deux créateurs en revisitant les musiques de films de nanars – cultes ou non. Bandes sons de La Panthère Rose, de la série Chapeaux melons et bottes de cuir ou encore les films de Michael Caine : les pépites sont là.

Le duo s’est donc amusé à expérimenter une musique rock dansante dont le résultat est un E.P. instrumental, 4 titres des plus aboutis. A la formation duale (les deux compères font tout ) est venu se joindre Nikki Fox des Fuckin’ Hell Orkestar pour les cuivres (trompette en l’occurrence). L’aspect rétro est indéniable et tient beaucoup au culte que vouent les deux bretons au compositeur Hugo Montenegro. Lui hier comme eux aujourd’hui savent créer un univers sonore très habile. La  transgression y  flirte sans cesse  avec ce qui semble le plus  inoffensif et léger.

Les Major Dolby ne font pas toutefois une fixette sur le passé. Ils écoutent aussi des groupes tels que Jon Spencer, Deerhunter et cela se sent.. On saluera enfin leur parti pris instrumental. Trop souvent en effet des albums sont gâchés par des voix approximatives. Ici la musique qui fut yéyé plus que rock pur par excellence se distord comme il convient. Dire qu’il s’agit de revival ou du rockabilly serait donc faux. Ce premier album possède donc une ambition plus complexe que la plate illustration. Et c’est bien cela que l’on retient.

L’E.P . donne l’impression étrange de resituer au milieu des balbutiements de la musique rock. Cela est des plus séduisant. Les Major Dolby réinventent un rituel premier à leur manière. Comme si face au progrès musical, longtemps vendu comme un paradis à venir – mais qui a favorisé l’aplatissement du monde musical  via la standardisation des modes et de la consommation -  le groupe trouvait un moyen de ravauder l’imagination. Dans ce contexte celle-ci devient un acte de désobéissance salvatrice qu’il ne faut pas minimiser.



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