Psychic Ills - Mirror Eyes (2008 - The Social Registry)

décembre 9, 2008 · Print This Article

Se présentant comme des victimes interstellaires de notre Humanité, les new-yorkais de Psychic Ills se veulent les barbares psychédéliques d’un continent à la dérive. Leur musique percute en traversant divers genres comme s’il s’agissait d’une absolue nécessité à qui veut exprimer en ondes sonores l’incohérence folle du monde. Sans égo maladif, le groupe rend soporifiques bien des productions du temps. On finit par crouler sous la foudre indicible de la puissance magnétique d’un lancinant voyage dans l’irréel. Psychic Ills, avec Mirror Eyes, leur troisième album, nous font naviguer sur des routes du Ciel au moment où ils rappellent, dans leur folie à la fois maniaco-dépressive mais énergique, que l’Avenir est mort et que le réel obture tous les yeux que les Chimène chimériques pourraient avoir pour lui.

Le son électronique s’impose par force. Il devient le vecteur d’une forme d’animalité qui pulse dans le cœur des immenses cités. Ne se voulant en aucun cas des Princes de la Paix, les membres de Psychic Ills ressemblent à travers leur musique à des humanoïde qui refusent toutes conjonctions de subordination au réel. Comme atteints de démence précoce, ils gardent néanmoins la folie du sage. Leur musique, afin de nous faire mieux brouter dans le pâturage sauvage d’une étendue lyrique, installe toutefois un ordre. Dans Mirror Eyes, les yeux voient le hagard dans le hasard et ils se préparent à la grande mutation à coup de mots tordus et de désaccords irréels qui désaxent ce qu’il est convenu d’entendre même dans les circonvolutions traîtresses de psychédélisme. Les anges du genre perdurent ici dans le tragique mais pour le faire grincer et nous en faire sortir par le haut, à coups de ce qui ressemble à des vapeurs d’azur, mais un azur qui n’est pas forcément bleu. Le long des docks de l’Hudson et de l’East River l’âme peut même s’envoler au milieu des mouettes des quais. Elles ont beau revenir en force, Psychic Ills fait entendre ses doux et ses violents hululements à la nuit : une nuit sombre du démon, catalyseur de l’énergie de l’humanité. Lorsqu’on la prive du bien-être du Paradis absolu et qu’on le remplace par celui bien plus frelaté de la consommation, de ses fanges et de ses immondices.

J-P Gavard-Perret

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