Chroniques Curiosité – Le webzine des Immortels – Chroniques musique alternative http://www.lesimmortels.com/blog Le webzine des musiques alternatives et des alternatives musicales Tue, 29 Mar 2016 08:30:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.4.2 Charles-Eric Charrier – Oldman (2011 – Joint Venture Records) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/8962/2016/03/29/charles-eric-charrier-oldman-2011-joint-venture-records/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/8962/2016/03/29/charles-eric-charrier-oldman-2011-joint-venture-records/#respond Tue, 29 Mar 2016 08:25:01 +0000 http://www.lesimmortels.com/blog/?p=8962 « Calme plat et odeur des moteurs » : tout se mêle dans ce disque rare. Il est chaud (par la voix de son auteur) et lancinant par sa musique et une instrumentation qui se dégage des sentiers battus. On est loin de la tradition française Comme l’écrit Benoît Richard : « ce disque marque une étape dans la carrière d’un musicien précieux ». Smith Smith – après avoir travaillé avec lui sur l’album Gold & Wax de Lokka où il était à la production mais aussi pour Stay Gold, Two Head Bis Bis et Koïma – réalise cet album précieux où Charles-Eric Charrier est accompagné seulement de sa basse. Le disque a été réalisé de manière minimaliste : au milieu d’un salon avec quelques micros.

Cette installation sommaire restitue parfaitement l’épure d’une telle musique. Elle est la plus dépouillée qui soit. Elle oscille entre folk instrumentale et conte populaire, blues africain, haïku et musique contemporaine. Mais l’artiste est au-delà des genres. La basse conserve des bruits métalliques qui appuie les mélopée du songwriter. Avare de mots Charles-Eric Charrier propose une œuvre introspectives même si les textes sont fait de choses vues ou entendues et d’émotions qui transparaissent – par exemple sur le visage d’une femme. Reste le jeu de perceptions prenantes et envoûtantes d’un voyage sensuel : la musique fait au loin entendre la mer. Oldman est magnifique de bout en bout de même que la pochette rehaussé des dessins et peintures de Béatrice Templé.

]]>
http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/8962/2016/03/29/charles-eric-charrier-oldman-2011-joint-venture-records/feed/ 0
Chilly Gonzales – Chambers (feat. Kaiser Quartett) (2015 – Gentle Threats) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/7796/2015/04/25/chilly-gonzales-chambers-feat-kaiser-quartett-label-gentle-threats-2015/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/7796/2015/04/25/chilly-gonzales-chambers-feat-kaiser-quartett-label-gentle-threats-2015/#respond Sat, 25 Apr 2015 05:06:58 +0000 http://www.lesimmortels.com/blog/?p=7796 Chilly Gonzales (alias Gonzo) ne cesse d’étonner. On pouvait le prendre il y a quelques années (et non sans raison) pour une pop-star avide d’éclectisme et de performance : il battit le record du monde des concerts en 2009 en offrant un live on stage de 27 heures. Et on le trouva quelques années plus tôt dans le film Gainsbourg, vie héroïque de Joann Sfar pour certaines prises de vue. Celui qui fit (aussi) partie du groupe Puppet Mastaz, dès 2004 s’intéresse au piano solo. Tiré de son Solo Piano, le titre « Gogol » deviendra un quasi tube. A ce bel album succéda en 2011 Solo Piano 2 où la barre musicale était placée encore plus haut.

Chambers monte encore d’un cran. L’interprète propose – en un album fou pour piano et quatuor à cordes (Kaiser Quartett de Hambourg) – une vision décalée de bien des genres. Musique de chambre « classique », musique pop, easy-listening, musique expérimentale, « southern » hip-hop et rap, valse tout y passe. Ce qui paraît disséminé et autant rassemblé dans l’ivresse. Elle déboîte les assises musicales et font plonger l’auditeur au sein de lignes harmoniques connues-inconnues. Une syntaxe intempestive, parfois primitive, tient tout autant d’une ascèse que d’un exercice spirituel : pour preuve un titre (« Feud ») est dédié à Bach et Daft Punk… Existe là un combat schizophrénique où l’artiste est coupé en deux : au composteur fait face l’homme de scène. Mais le premier garde le pas sur le second. L’album n’est pas une plaisanterie anecdotique : la musique est travaillée, vivante, traversée de frottements, d’effacements et de coups de force.

]]>
http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/7796/2015/04/25/chilly-gonzales-chambers-feat-kaiser-quartett-label-gentle-threats-2015/feed/ 0
Einstürzende Neubauten – Lament (2014 – Mute) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/7618/2015/02/08/einsturzende-neubauten-lament-2014-mute/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/7618/2015/02/08/einsturzende-neubauten-lament-2014-mute/#respond Sun, 08 Feb 2015 06:05:46 +0000 http://www.lesimmortels.com/blog/?p=7618 Lament a beau être le dernier album studio des légendes de la musique industrielle Einstürzende Neubauten, le groupe ne saurait trop insister sur son caractère « à part » au sein de sa production. Il s’agit en fait d’une « reconstitution » d’une performance à l’origine destinée à la scène, commandée par la ville belge de Dixmude dans un ensemble de commémorations de la Première Guerre mondiale, et exécutée à même le champ de bataille. Si le spectacle a également été interprété dans des salles de concert plus « traditionnelles », et si la bande à Blixa Bargeld a livré cette « recréation » sous la forme d’un enregistrement « à froid », cette origine bien singulière ne doit jamais être perdue de vue. Lament, c’est rien de le dire, est donc un album-concept pour le moins singulier.

Au-delà même de sa seule raison d’être, à vrai dire. La réflexion sur la Première Guerre mondiale, qui selon le chanteur n’a jamais pris fin, autorise en effet le groupe à revenir sur ses fondamentaux dans une épatante synthèse. L’album, pour être assez calme dans l’ensemble (paradoxalement ?), est ainsi introduit par une séquence bruitiste pure (« Kriegsmaschinerie ») qui nous ramène d’emblée aux premières heures du groupe, les plus radicales, tandis que l’extraordinaire « Der 1. Weltkrieg (Percussion Version) », long morceau qualifié par Bargeld de « musique statistique » et qu’il présente comme une « composition assistée par Wikipedia » (les tuyaux sur lesquels s’excite le groupe représentant les pays impliqués dans le conflit, et la rythmique renvoyant directement à l’écoulement des jours, tandis que les voix, dans une litanie froide et monotone, énumèrent les batailles), ne manque pas d’évoquer certaines pièces percussives assez typiques des albums des années 1980, récapitulées avec un brio sans égal. Mais la mélodie à la façon des productions plus récentes n’est bien entendu pas négligée pour autant (par exemple dans le très beau « How Did I Die ? »).

La performance, riche de recherches et mûrement réfléchie (le livret en témoigne assurément, et Blixa Bargeld s’est beaucoup exprimé par ailleurs sur le processus de composition de Lament), joue en effet sur le charnel comme sur le cérébral. Et les collages divers et variés, façon dada, caractéristiques du groupe, s’appliquent tant à la musique qu’aux textes, qui résultent d’emprunts multiples, parfois éloquents (les ironiques « Hymnen » et « The Willy-Nicky Telegrams », par exemple), parfois plus obscurs : l’occasion de rendre hommage au poète flamand Paul van den Broeck ou encore aux Harlem Hellfighters, le premier régiment purement afro-américain envoyé sur les champs de bataille internationaux, qui, via son groupe, a introduit le jazz alors inconnu en Europe – Einstürzende Neubauten se livrant à des reprises étonnantes mais toujours bien vues.

Album à part, Lament déploie son concept avec une intelligence qui fait souvent défaut au genre. Complexe, surprenante, cette performance d’une étonnante cohérence dans sa diversité convainc de bout en bout ; à tel point, à vrai dire, qu’on est tenté d’y voir la meilleure livraison d’Einstürzende Neubauten depuis pas mal de temps : le groupe ne s’est certes jamais compromis, et les précédents albums studio sont tous très recommandables, mais, avec Lament, il atteint (ou retrouve) des sommets d’intelligence, d’expérimentation et de pertinence. Superbe.

]]>
http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/7618/2015/02/08/einsturzende-neubauten-lament-2014-mute/feed/ 0
Johnny be Crotte – Johnny be Crotte (2014 – InPolySons/Muséa) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/7534/2015/01/09/johnny-be-crotte-johnny-be-crotte-2014-inpolysonsmusea/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/7534/2015/01/09/johnny-be-crotte-johnny-be-crotte-2014-inpolysonsmusea/#respond Fri, 09 Jan 2015 06:04:49 +0000 http://www.lesimmortels.com/blog/?p=7534  Les 70’s furent fertiles en France de groupes improbables. Au Bonheur des Dames (avec Gérard Manjouer) et Beau Lac de Bâle ont surnagé et survécu de manière plus ou moins aléatoire. Ils restent la partie émergeante d’un iceberg de déconnade souvent scatologique. Johnny be Crotte en fit partie. Le groupe n’embarrassa pas les bacs : il ne sortit que deux 45 tours. Ils doivent aujourd’hui leur salut et leur résurrection à Inpolysons. Argument de vente (qui n’en est pas un) : il y avait là Guy Sapin (Octavo), Bernard Mathieu (Etron Fou), Manfred Kovacic (Barricade) et aussi Bashung ! Mais il était là bien loin de ce qu’il devint – quoique l’esprit iconoclaste soit déjà en place.

Mais l’argument est peu recevable afin de ne pas tromper le client. Il doit plutôt se laisser séduire par la force parodique de titres tirés de la pré-Renaissance ( que les Malicorne et autre Tri Yann ont popularisés de manière aussi niaise que « main street ») ou encore une reprise de la « Gloria » des Them totalement transfigurée en une sorte de drag-queen sonore. Cette réédition ravira ceux qui aiment ce répertoire aussi paradoxal que marginal. Ils sont plus nombreux qu’on croit. Ils en auront pour leurs gages. Car à côté d’autre farceurs de l’époque – Etron Fou Johnny Be Crotte fait – si l’on peut dire – belle figure…

 

]]>
http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/7534/2015/01/09/johnny-be-crotte-johnny-be-crotte-2014-inpolysonsmusea/feed/ 0
Sonar – Static motion (2014 – Cuneiform Rune) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/7310/2014/10/26/sonar-static-motion-2014-cuneiform-rune/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/7310/2014/10/26/sonar-static-motion-2014-cuneiform-rune/#respond Sun, 26 Oct 2014 06:03:53 +0000 http://www.lesimmortels.com/blog/?p=7310  Trois guitares et une batterie: on pourrait s’attendre à un rock plus ou moins classique. Or, il n’en est rien. Surgit une musique a priori statique et selon une mouvance post-minimaliste. Il paraît ici linéaire. Mais de fait les lignes musicales l’arrache à une certaine vacuité inhérente au genre que les Sonar alimentent et consument. Il devient dans Static Motion source, s’enflamme et interroge la matérialité de la musique.

Surgissent des creux où le son s’engouffre et laisse voir des énigmes harmoniques dans un mouvement réfléchi hérité de Robert Fripp et de King Crimson. Les sons se transforment en nappes débordantes non sans un certain enchevêtrement que la linéarité primaire ne laisse pas apparaître de prime abord. Dans un tel chant du cygne, l’empilement des strates modulaires arrête l’itération élémentaire initiale. Preuve que le modèle populaire trois guitares + batterie peut devenir le tremplin d’une musique où se dessine une « poétique de l’œuvre ouverte » chère à Eco. Il est vrai que la configuration rock tragique s’ouvre à bien des interstices où l’hybridation sonore vient se nicher.

]]>
http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/7310/2014/10/26/sonar-static-motion-2014-cuneiform-rune/feed/ 0
Bruno Capelle – Douze douces variations autour d’elle (2014 – Motus) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/7061/2014/07/12/bruno-capelle-douze-douces-variations-autour-delle-2014-motus/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/7061/2014/07/12/bruno-capelle-douze-douces-variations-autour-delle-2014-motus/#respond Sat, 12 Jul 2014 05:04:45 +0000 http://www.lesimmortels.com/blog/?p=7061  Il faut se méfier des titres : les douze variations de Capelle n’en font que deux que symbolise peut-être la pochette elle-même constituée en ses deux pans. L’œuvre se veut une suite amoureuse en hommage à une femme et à la musique. Deux longues compositions les honorent. La première avec une certaine pompe et une componction de circonstance parfois un peu trop appuyées mais d’où surgissent cependant quelques moments acoustiques assez réussis. Le second opus est beaucoup plus ambitieux même s’il joue paradoxalement de tonalité en demi-teinte.

Son épure tourne le dos à tout effet narratif. Il y a parfois une vibration d’éther en une composition subtile où l’instrument disparaît au profit, comme le disait Schopenhauer, d’une musique à la fois introspective et qui donne une présence à l’absence de l’objet aimé. C’est assez impressionnant de la part de celui qui – dans ce second morceau – devient « le dépeupleur » capable de donner au vide une consistance et une force abstractive des plus réussies.

]]>
http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/7061/2014/07/12/bruno-capelle-douze-douces-variations-autour-delle-2014-motus/feed/ 0
Sophie Agnel, Olivier Benoit – Reps (2014 – Cesaré/Metamkine) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/7059/2014/07/12/sophie-agnel-olivier-benoit-reps-2014-cesaremetamkine/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/7059/2014/07/12/sophie-agnel-olivier-benoit-reps-2014-cesaremetamkine/#respond Sat, 12 Jul 2014 05:02:01 +0000 http://www.lesimmortels.com/blog/?p=7059  Le duo piano acoustique et guitare électrique traverse et transcende bien des genres. Sont digérés entre autres dans Reps bruitisme, minimalisme, rock indus, riffs répétitifs. Le tout dans une fluidité étonnante pour un tel magma sonore de base. Il est vrai que Sophie Agnel demeure une artiste d’exception. Elle refuse tout ridicule déballage et garde une attitude minimaliste dans sa production. Beaucoup d’artistes devraient s’en inspirer… Elle ne propose que le nec plus ultra de ses balayages de spectres sonores et de ses expériences dont les sources deviennent fantomatiques pour faire place à des apparitions féroces ou des échappées tendres.

Le mécanisme de courses minimales ponctue un chiffrage jusque là immaîtrisable de la mélodie ou des sons. Des lignes étrangères labourent la mesure (et la démesure) au sein d’un voyage illuminé que le duo synchronise avec autant de flamme que d’intelligence. Une telle musique n’est pas faite pour les heures creuses mais pour l’écoute vorace. Le binaire de base est déprogrammé par dédoublement (ou redoublement) en vue d’une dynamique souveraine. Résumons : là où tant de créateur cultivent la paresse le duo invente une suite incorrigible de formes aussi bruitistes qu’extra-terrestres.

]]> http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/7059/2014/07/12/sophie-agnel-olivier-benoit-reps-2014-cesaremetamkine/feed/ 0 Sonopsies [Compilation] (2014 – Caméras Animales) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/6894/2014/05/13/sonopsies-compilation-2014-cameras-animales/ Tue, 13 May 2014 05:04:54 +0000 http://www.lesimmortels.com/blog/?p=6894  Il y a dans cette compilation – premier opus d’un label qui a déjà fait ses preuves dans l’édition d’une littérature underground  –  du pire et du meilleur, du réellement futuriste mais aussi un peu de bibine… D‘aucuns diront que c’est une histoire de goût. Sans doute. Mais pas que. Même si au nom d’un anarchisme idéologique et musical tout est possible : les grands foutages de gueule comme la musique du demain. Et il est certain que Caméras Animales possède l’immense mérite de se dresser dans un esprit Dada survitaminé par celui d’Antonin Artaud. Comme lui, le collectif marseillais sait que (selon les mots de son programme) « L’intelligence est embryonnaire sur Terre ». Et comme « Le code éthique de la Confédération Galactique interdit à tout extra-terrestre d’interférer avec les affaires sur Terre » Cameras Animales joue les intercesseurs avec ce qui n’existe pas encore mais qui germe dans les arrière-fonds de certaines boîtes de nuit où Thierry Théolier, un des magisters, du label fait office de philosophe punk.

Allant chercher des pépites des deux côtés de l’Atlantique, cette première compil donnera une image sonore d’un mouvement qui fait et fera bouger bien des lignes. Nous retiendrons pour notre par les plages de Awkwardist, Forakte, Sun Thief. Mais mon âge avancé faisant l’oreille un peu usé, je laisserai aux auditeurs l’occasion de juger par eux-mêmes de forces singulières mues par le fond sombre d’univers expérimentaux organiques plus qu’intellectuels et qui animent des technologies d’instincts pour le moins en accélération sur leur temps. Dans tous les cas un tel album n’est pas à négliger. Au contraire. Quitte à être parfois exaspéré par ces revenants de ghettos comme de futurs disséminés, éparpillés encore invisibles et inaudibles.

]]>
Tori Amos – Unrepentant Geraldines (2014 – Mercury Classics) http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/6929/2014/05/13/tori-amos-unrepentant-geraldines-2014-mercury-classics/ http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/6929/2014/05/13/tori-amos-unrepentant-geraldines-2014-mercury-classics/#respond Tue, 13 May 2014 05:03:50 +0000 http://www.lesimmortels.com/blog/?p=6929 Et de quatorze. La flamboyante Tori Amos à la discographie prolifique ne sait pas s’arrêter. Et c’est tant mieux. Bien sûr, plus de vingt ans se sont écoulés depuis les rages des débuts, et Unrepentant Geraldines était dès sa genèse attendu comme un opus apaisé et lucide. Du propre aveu de l’auteure-compositrice-pianiste-chanteuse, on ne peut à cinquante ans avoir les mêmes révoltes et porter les mêmes messages qu’à trente.

Nourri de références à la photographie et à la peinture, ce nouvel album apparaît, et l’on ne peut que s’en réjouir, comme un retour aux fondamentaux. En effet, si ses escapades dans les contrées de la musique symphonique ou plus récemment de la comédie musicale haut de gamme (elle a signé la mise en musique du conte écossais The Light Princess) sont des joyaux à part entière, Tori Amos n’est jamais meilleure que lorsque, dépouillée du superflu voire du facile (le décevant « Trouble’s Lament » et ses arpèges un brin pénibles), elle s’unit à son piano et nous murmure de la poésie. Force est de constater que ce type de morceaux sont majoritaires ici (« Weatherman », « Oysters », « Selkie » ou le déchirant « Invisible Boy »).

Cela dit, le temps qui passe, s’il déshumanise un peu trop le visage et lisse chirurgicalement le front (mille fois hélas…), apporte aussi un bagage touchant de sensibilité, comme lorsque Tori Amos parle de son mari au travers de « Wedding Day » ou surtout « Wild Ways », des chansons d’amour, d’Amour, qui piquent un peu le cœur (‘I hate you, I hate you, I do, I hate that you’re the one who can make me feel gorgeous with just a flick of your fingers, it is that easy…’) ou interprète toute en retenue « Promise » en duo avec Tash, ci-devant la digne fille de sa mère, qui malgré quelques écarts vocaux souffrant un peu du syndrome ‘princesse du r’n’b’, prouve que la pomme ne tombe vraiment pas loin de l’arbre.

Enfin, comme souvent, des perles sont cachées au-delà de l’album, notamment les morceaux « Dixie » et « Forest of Glass », bonus disséminés ça et là.

À noter qu’une tournée a commencé, et que Tori Amos y sera seule au piano. Avis aux personnes n’ayant jamais tenté eu l’occasion de voir la Dame sur scène : c’est une expérience unique et précieuse.

Tori Amos sera en concert au Grand Rex (Paris) le 17 mai 2014. Les Immortels y seront aussi. Toutes les dates de la tournée ici.

  1. America
  2. Trouble’s Lament (http://www.youtube.com/watch?v=q7GsQ43H9qw)
  3. Wild Way
    Tori-Amos-Unrepentant-Geraldines-album
  4. Wedding Day
  5. Weatherman
  6. 16 Shades of Blue
  7. Maids of Elfen-Mere
  8. Promise
  9. Giant’s Rolling Pin
  10. Selkie
  11. Unrepentant Geraldines
  12. Oysters
  13. Rose Dover
  14. Invisible Boy
  15. Bonus (Deluxe edition) Forest of Glass
  16. Bonus (Amazon) Dixie
  17. Bonus (iTunes) White Telephone To God

 

]]>
http://www.lesimmortels.com/blog/chronique-musicale/6929/2014/05/13/tori-amos-unrepentant-geraldines-2014-mercury-classics/feed/ 0