Dernières mises à jour
Glaciation – 1994 (2012 – No Contact/Tour de garde)

Ces dernières années l’ensemble de définition du black métal allait de moins l’infini à zéro. L’ivresse des hauteurs ne semblait plus être pour ce style. Qui avait beaucoup été pompé, ballotté, trituré jusqu’à la lie. L’horizon semblait désespérément bouché. Les groupes originaux se comptent sur les doigts d’une main. Je désespérais de trouver quelque chose qui, émotionnellement, était intéressant. Finalement, la période des groupes qui m’en touchait une sans m’en remuer l’autre a pris fin avec Glaciation.

Ce projet parfaitement anonyme met fin à une longue période où le black creusait sa tombe. À force de jouer dans celle d’autrui en même temps hein… Le titre de l’EP ? 1994. Un sacré millésime. C’est probablement l’année la plus remuante pour le genre. Burzum, Emperor, Mayhem... Ce sont des noms qui vont vous venir à l’esprit en voyant l’artwork du groupe. Enfin, si c’est la première chose qui vous frappe, je crois sincèrement que vous avez un problème… Surprenante cette pochette ? Et encore, l’hommage ne fait que débuter, une fois l’EP lancé, on est totalement emporté dans la tempête. Face à ce black froid, tranchant, mais vif, toujours plus pointu, il est inutile de lutter. Ça fuse de partout. Essayer de tirer la quintessence du genre. Voilà le véritable enjeu. Beaucoup de choses ont été faites dans la musique extrême, mais bien les faire est une autre paire de manches… pour ne pas dire autre chose. Le métal noir coule déjà depuis un moment et pour marquer le passage du titre “1994 à celui d’après “Glaciation“, Céline nous parle d’outre tombe. Un sample pioché sur une interview donnée en 1957. Le docteur se plaint, prophétique comme jamais. Puis la danse macabre reprend ses droits, dans les grandes plaines froides du Nord. L’EP peut sembler classique par certains points mais l’innovation est partout. À commencer par ce groove. Aucun batteur de black ne peut revendiquer un jeu aussi groovy. Terriblement dansant. De plus l’ensemble est servi par une production totalement cohérente. Rugueuse, sans sombrer dans l’excès.

Chaque instrument trouve parfaitement sa place, la justesse du mixage permet d’avoir un rendu véritablement captivant. Du point de vue technique c’est sublime. Pousse le volume à fonds. Sans parler du fait que la musique est pensée pour s’adapter au support qu’est le vinyle ou la cassette. J’entends par là que, quand vient le moment de changer de face on prend une claque. Dès les premières notes de “Eus (Notre rechute)” un changement se fait sentir. Une guitare sèche. L’instant clé, l’instant qui a ouvert une brèche dans l’édifice. On peut le dire, maintenant la bâtisse à explosé, elle s’éparpille dans les étoiles. Le ton est plus triste, la brusquerie laisse place à mon petit coté pleurnichard. Après avoir été rossé de coups pendant un moment il est bon de terminer par quelque chose de doux. Cette chanson est un monument, une cathédrale en flamme par une nuit d’encre. Ceux qui ne sont pas d’accord peuvent toujours prendre un oursin dans leurs mains et serrer fort. Effet garanti.

Alors que l’EP prend fin, je vais parler des textes. Intégralement en Français. Un petit miracle. Ce n’est pas évident de faire danser cette langue. Elle sonne mal, dès qu’on essaye de la maîtriser elle s’échappe, glisse et sonne faux. Ici ce n’est pas le cas, les textes ont la finesse d’un scalpel. En conclusion : Le métal noir est mort ! Longue vie au métal noir !



  1. Quel silence. Pourquoi ne pas prendre la parole?